3.1.2- L'entité du mariage

Le mariage intéresse l’individu situé dans une société donnée. L’homme est un être social par définition ; il a besoin de s’inclure dans un groupe et d’être reconnu par ce groupe, cela d’une façon générale, dans tout ce qu’il est et ce qu’il fait – comment en serait-il autrement en ce qui concerne une de ses fonctions vitales les plus importantes : l’amour ? Peut-on vivre en société sans respecter les règles du jeu social ? Il n’est pas facile de vivre hors la loi, même et surtout en amour !

Constituer un couple est un acte social. Si le couple est tributaire des conditions socio-économiques, inversement le groupe social est concerné par la constitution d’un couple : qu’on le veuille ou non, le couple interpelle le groupe dans lequel il s’inclut. Former une nouvelle cellule sociale, mettre au monde d’autres êtres qui seront de nouveaux citoyens, n’est pas un acte individuel, c’est un acte qui intéresse la collectivité. C’est surtout dans la procréation que réside la dimension sociale de la sexualité. Le mariage représente une sorte de contrat avec cette collectivité : on accepte d’obéir à ses lois, moyennant quoi l’on a droit, en retour, à certaines prestations (services publics, logement, sécurité sociale, etc.).

Il y a un autre droit lié au mariage légal : c’est la protection de la loi pour le couple, et éventuellement de l’un de ses éléments contre l’autre s’il lui porte préjudice. Il y a une législation de l’adultère, de la séparation, dont le but est la protection du conjoint lésé et, surtout, des enfants. Et ceci nous conduit au principal argument en faveur du mariage : l’enfant. “L’enfant exige le mariage, bien plus encore que le mariage n’exige l’enfant !” (MARRONCLE, 1981, p.132).

Au fur et à mesure qu’elles progressent, les sciences psychologiques montrent à quel point l’enfant a besoin du couple parental – père et mère – pour son développement physique et affectif. Une union librement choisie, solide, harmonieuse, durable répond, sans doute, aux exigences de l’enfant.

Cependant, on se demande aujourd’hui pourquoi y a-t-il ce rejet des institutions ? Pourquoi la plupart des couples d’aujourd’hui rejettent le mariage, malgré les avantages dont elle pourrait bénéficier ?

Le conflit entre l’amour et l’institution peut avoir lieu dans la mesure où l’institution bloque l’amour, au lieu de favoriser son épanouissement. S’il en est ainsi, cela provient soit de l’insuffisance des individus, soit d’une déviation du sens de l’institution. L’institution doit être au service de l’amour, et non l’amour au service de l’institution.

Le mariage, en tant qu’institution, est encore autre chose que l’amour, et ne se confond pas forcément avec lui. Il est une forme déterminée d’insertion sociale du couple, en vue d’une tâche commune, et en particulier la procréation. Cela exige évidemment encore une autre base que l’amour : une entente profonde, la même échelle de valeurs, des objectifs communs, etc.

Le mariage est le lieu de rencontre de deux plans humains essentiels : la nature et la culture. Parce qu’il est cela, il peut être le lieu privilégié de l’épanouissement de l’amour et du couple, mais de ce fait même, il peut être aussi le lieu privilégié des conflits.

Selon les cultures et les religions, l'institution du mariage porte plusieurs significations. Voyons ce que signifie le mariage dans le christianisme et dans l’islam.