5.8.2- « Inter » et « intra »

La division du monde en catégories sociales distinctes s'accompagne du double effet d'assimilation intra-catégorielle et du contraste inter-catégoriel. En effet, par le fait de catégoriser les autres, l'individu se caractérise lui-même. Quand son identité est enracinée dans une appartenance sociale, l'individu parvient à l'affirmer par la différenciation entre l'endogroupe et l'exogroupe.

Les travaux de Tajfel ont analysé les relations intergroupes en se référant à la théorie de l'identité sociale selon laquelle la perception que l'individu a de lui est déterminée par son appartenance de groupe.

Les critères essentiels d'appartenance à un groupe sont que les individus concernés se définissent eux-mêmes et sont définis par les autres comme des membres d'un groupe. En conséquence, les relations intergroupes vont être marquées par cette conscience d'appartenance.

La joie d'avoir marqué un but, la haine de l'adversaire, la tristesse face à une défaite; ce spectacle si commun est la preuve de la teneur émotionnelle de l'identification à un groupe. Cette conception individualiste des émotions peut s'étendre aux relations intergroupes.

Quand les membres de deux catégories ethniques interagissent sur la base de leurs croyances réciproques relatives à leurs catégories respectives et de la relation entre celles-ci, on parle d'une relation intergroupe.

Les relations intergroupes s'établissent donc sur la base de la catégorisation qui fait qu'un individu se définit au cours de ces interactions comme faisant partie de certains groupes spécifiques. Cette catégorisation va être le facteur déclencheur de la discrimination à l'œuvre dans les relations intergroupes. C'est ainsi qu'une catégorisation arbitraire eux/nous est apparue comme l'unique condition de la discrimination entre groupes sociaux.

Dans les relations intergroupes, la catégorisation entraîne le fait que les membres d'un même groupe ont tendance à se percevoir comme étant plus semblables entre eux et comme plus différents lorsqu'ils se comparent aux membres d'un autre groupe.

Le conflit perturbe les relations intergroupes de plusieurs façons : les représentations négatives se développent, s'accentuent et se cristallisent. Elles donnent lieu à des stéréotypes sociaux qui deviennent la norme du groupe à laquelle chacun doit adhérer.

Par ailleurs, les conflits agissent également sur le fonctionnement interne de différents groupes, les relations intragroupes : d'abord par un renforcement de la cohésion du groupe qui se manifeste par une conformité plus grande aux normes, ensuite par une accentuation du style de leadership à l'intérieur du groupe; les leaders se transforment en autocrates, ils obtiennent plus facilement le respect des normes.