Coopération et buts communs

Suite à ce contact intergroupe, la résolution du conflit s'obtiendra par la création de buts compatibles ou "supra-ordonnés"; ces buts qui ne peuvent être réalisés que si les deux groupes font cause commune.

Les travaux de Shérif ont démontré que la coopération intergroupe pour l'atteinte d'un but commun peut atténuer les préjugés et la discrimination. Il s'agit d’atténuation mais non pas d'élimination complète du « biais pro-endogroupe ».

On observe une diminution de l'agressivité envers l'exogroupe et du « biais pro-endogroupe »; les comportements et les attitudes deviennent coopératifs, après avoir été compétitifs et hostiles.

En revanche, avant de s'engager dans la voie de la coopération intergroupe, il est important de bien évaluer les chances de succès d'une telle collaboration. Sinon, l'échec de la coopération intergroupe mènera à une accentuation du « biais pro-endogroupe », à un blâme de l'exogroupe, et risquera d'accentuer les tensions intergroupes plutôt que de les atténuer. De plus, il faut admettre que dans la vie réelle la coopération intergroupe n'est pas facilement réalisable entre des groupes rivaux déjà en situation de conflit réel.

En effet, les groupes doivent coopérer en vue d'un objectif commun pour que le contact intergroupe provoque une diminution du préjugé. L'introduction de « buts supra-ordonnés » provoque un rapprochement durant lequel les groupes peuvent progressivement perdre leurs caractéristiques idiosyncrasiques en se fondant en un nouvel endogroupe de plus en plus grande dimension.

En outre, pour les groupes avec une longue histoire, comme les groupes religieux, ethniques, l'entrée dans un nouvel endogroupe plus inclusif pourrait comporter l'abandon de caractéristiques importantes pour la définition du groupe original et donc être perçue comme une menace pour l'identité collective de ses membres. La société libanaise en est le meilleur témoin, où chaque communauté s'accroche à son identité religieuse en rejetant l'idée de mise en place d'une identité nationale commune à tous les Libanais.