Chapitre 6. Les stratégies identitaires

"Une cruche disait à son créateur :
vous avez resserré ma gorge
et élargi mon ventre.
Il lui répondit: par peur de m'avaler"
NEEIME M.

6.1- L’identité

Le concept d'identité se présente, en psychologie sociale, comme une idée-synthèse qui montre l'articulation du psychologique et du social chez un individu.

L’identité est la résultante des interactions complexes entre l'individu, les autres et la société. L'identité, c'est donc le produit des processus interactifs en œuvre entre l'individu et le champ social, et non pas seulement un élément des caractéristiques individuelles. L'identité est une dimension de la relation sociale qui s'actualise dans une représentation de soi.

Camilleri définit l'identité comme un sentiment d'être par lequel un individu éprouve qu'il est un "moi" différent des "autres", une structure polymorphe, dynamique, dont les éléments constitutifs sont les aspects psychologiques et sociaux en rapport à la situation relationnelle à un moment donné, d'un agent social (individu ou groupe) comme acteur social.

Nous considérons donc l'identité comme l'ensemble structuré des éléments identitaires qui permettent à l'individu de se définir dans une situation d'interaction et d'agir en tant qu'acteur social.

La notion d'identité comporte deux pôles: le pôle individuel, traduit par le concept du Soi, c'est-à-dire les caractéristiques individuelles que quelqu'un s'attribue et qui lui permettent de se dire et de montrer qui il est; le pôle social, défini par le système des normes, et qui s'exprime, d'une part, à travers l'ensemble des rôles auxquels un individu se conforme pour répondre aux attentes des autres, d'un groupe social; et, d'autre part, à travers l'expression d'une appartenance à un groupe social.

Selon Camilleri, l'identité est abordée dans une "perspective dynamique". Elle est considérée comme le produit d'un processus qui intègre les différentes expériences de l'individu tout au long de la vie. Au sein des réseaux d'interaction, familiaux et sociaux, qui situent l'individu dans le monde, se construit et se reconstruit l'ensemble de traits qui définissent un individu et par lesquels il se définit face aux autres.

Quand on parle "identité", on accorde une importance à "l'interaction" entre le sujet et le monde qui l'environne, c'est-à-dire d'autres individus, des groupes, ou des structures sociales. Dès le début de la vie, le regard de l'autre renvoie à chacun une image, une personnalité, des modèles culturels et des rôles sociaux que le sujet peut rejeter ou accepter, mais par rapport auxquels il ne peut éviter de se déterminer. Au sein des réseaux d'interaction, familiaux et sociaux, qui situent un individu dans le monde à chaque moment de sa vie, se construit et se reconstruit l'ensemble de traits qui le définit, par lequel il se définit face aux autres, et est reconnu par eux.

Ces différents éléments ne s'assemblent pas dans une simple juxtaposition d'identités; ces dernières sont intégrées dans un tout structuré, plus ou moinscohérent et fonctionnel, d'où l'aspect "multidimensionnel et structuré" de l'identité.

Malgré le caractère mouvant et changeant – dans le temps – de l'identité, découle l'apparent paradoxe de "l'unité diachronique d'un processus évolutif". Le sujet garde une conscience de son unité et de sa continuité, de même qu'il est reconnu par les autres comme étant lui-même.