6.1.2- Reconnaissance

L'identité ne joue pas exclusivement en réaction aux autres groupes. "L'appartenance au groupe ethnique montre ainsi, la valeur interactive de l'identité sociale, qui ne s'exprime pas uniquement sur le mode appartenance/non-appartenance, mais aussi en fonction de la relation que les membres d'un groupe social donné ont par rapport aux valeurs internes qu'il produit" (Fischer, 2005, p.201).

La présence de traits culturels et d’objectifs communs permet aux membres du groupe de se connaître, de communiquer, de partager une sensibilité. Tout être humain a besoin de reconnaissance. Sans reconnaissance par autrui, pas d’estime de soi. Sans estime de soi, pas d’estime d’autres. L’existence d’une communauté dont les dimensions et la culture permettent cette reconnaissance est un besoin absolu pour tout être humain. Le partage d’une même histoire, favorise la cohésion du groupe, ce qui est nécessaire à sa survie et à l’atteinte d’objectifs collectifs.

L’affirmation de cette spécificité permet aussi de se situer clairement face aux « étrangers » et de faire la distinction entre « les nôtres » et « les autres ». L’individu a donc besoin de groupes qui, à travers la transmission d’une culture, lui fournissent les matières premières pour la construction de sa propre identité.

En revanche, cette appartenance sociale bien caractérisée peut lui interdire d’exister comme un sujet autonome. Cette appartenance peut aussi devenir une forme d’enfermement, où l'individu perd le sentiment d'exister en tant que sujet.

Chaque famille et chaque communauté veulent éduquer les enfants selon un modèle. À travers les interdits, les approbations, la distribution des rôles et des statuts, l’enseignement des droits et des devoirs, bref, les enfants construisent leur identité plus ou moins en conformité avec les attentes de leur environnement.

‘« L’identité n’est pas innée : elle se construit dans le processus de socialisation, qui est une forme de transmission… La conformité au modèle est impérative dans le milieu traditionnel, car l’objectif de la socialisation est plus du côté de l’apprentissage des rôles que du côté de l’épanouissement d’une individualité » (VERBUNT, p.83).’

L’enfant se trouve pris dans un milieu encore homogène. La prégnance de la culture familiale, ethnique, religieuse donne à penser que notre « vraie » identité est à ce niveau-là. Par un travail sur soi, l’individu peut être capable de relativiser cette culture ressentie comme trop encombrante.

L’individu voulant se sécuriser, protégerait le système social existant en se conformant à ses règles. Maintenir la cohésion de son groupe et aussi du système tout entier, en évitant la mixité, c’est répondre à un besoin de protection de soi, et créer ou perpétuer un certain immobilisme social.

Le mariage endogamique et monogamique est lié à la peur de transgresser l’interdit, mais aussi à la notion de propriété : l’union légale, institutionnalisée, porte la marque du social, par opposition avec la liaison « illégale » « anormale » en ce qu’elle est contrat entre deux parties d’un même ensemble.

Le mariage mixte, dans cette optique, déroge à ces règles : il n’est pas échange, c’est « un mariage inégal ». Ce système limite de façon plus ou moins stricte le choix des comportements permis : il est régulateur des conduites, tout comportement non conforme à ses prédictions devient déviant.

L’influence du milieu limiterait donc très fortement la liberté de choix du conjoint par les individus. Les normes collectives assureraient ainsi la permanence d’un système en maintenant les structures sociales anciennes en dépit du changement. Il s’agit d’une reproduction de la structure sociale assumée par la famille, par le biais du mariage.