6.2.2.2- Selon Streiff-Fenart

Streiff-Fenart, dans son livre « les couples franco-maghrébins en France » a parlé de trois façons de négocier les différences culturelles dans l’interaction conjugale et d’affronter les conflits familiaux qu’elles suscitent.

La domination culturelle

L’idée que les différences entre les conjoints aient à être « négociées », ne s’impose pas de la même manière à tous les couples mixtes. Pour certains d’entre eux, la situation conjugale est définie par l’effacement de la différence culturelle au profit de l’un des conjoints. Les rapports du couple se sont établis sur la domination unilatérale d’un univers culturel.

Cette première modalité, quel que soit le sens dans lequel s’exerce la domination, illustre une des façons possibles de résoudre les conflits conjugaux, en évitant par avance toute compétition entre les héritages culturels des deux conjoints. Mais cette négociation « par défaut », s’exerce toujours au profit de l’homme.

Il semble aller de soi, dans ce type de couple, que le conjoint dominé (souvent la femme), en épousant son conjoint, a épousé son mode de vie et ses valeurs culturelles. Le conjoint dominant impose d’autant plus facilement ses propres conceptions dans l’orientation de la vie familiale. Il s’agit d’une relation dissymétrique entre les conjoints fondée sur la reconnaissance consensuelle de la domination de l’univers culturel du conjoint dominant.

L’intériorisation par le conjoint dominé des modèles culturels du conjoint dominant se manifeste dans tous les domaines de la vie quotidienne du couple (choix des amis, décoration de l’appartement, etc.). Le conjoint tenu socialement pour inférieur intériorise au mieux les valeurs de l’autre, pour pouvoir malgré tout tenir sa place.