7.3- Du contact des cultures à l’interculturel…

‘« Ce sont d’interpénétrations, d’interférences, d’interactions que sont faits les contacts de cultures ; mais aussi d’interrogations, d’interruptions, d’interprétations. Dynamiques paradoxales que, au moins dans certaines circonstances, peut signifier le terme interculturel…Aussi, pouvons-nous concevoir « l’interculturalité » comme l’ensemble des processus – psychiques, relationnels, groupaux, institutionnels… - générés par les interactions de cultures, dans un rapport d’échanges réciproques et dans une perspective de sauvegarde d’une relative identité culturelle des partenaires en relation.
Le concept d’interculturel n’a pas pour finalité la comparaison entre cultures. Ce concept "introduit donc les notions de réciprocité dans les échanges et de complexité dans les relations entre cultures. Idée dont se trouve inducteur le préfixe « inter »… inter/entre qui, tantôt traduit la liaison, la réciprocité (interpénétration; interaction, interdisciplinarité…) et tantôt la séparation, la disjonction (inter-diction, inter-rogations, inter-position, etc.) » (CLANET, 1989, p.21).’

En fait, l’interculturel n’a d’abord été pensé qu’en termes de méconnaissance des autres cultures.

L’interculturel est un mode particulier d’interactions et d’interrelations qui se produisent lorsque des cultures différentes entrent en contact ainsi que par l’ensemble des changements et des transformations qui en résultent.

Il y a dans ce cas, interaction réelle entre cultures à travers des individus ou des groupes. Il y a rupture, interaction de deux systèmes de significations qui vont entraîner des rééquilibrages, des compensations, des restructurations à différents niveaux. Il s’agit alors d’un processus de rupture et de restructuration dans une approche interculturelle.

La notion d’interculturel désigne le type de relations sociales entre des groupes qui vivent différemment leurs rapports à l’environnement.

L’interculturel représente une reconnaissance des appartenances individuelles et collectives. Mais cette reconnaissance n’est pas sans poser certains problèmes. Elle met en jeu l’identité par rapport à l’autre, elle met aussi en jeu la différence ; un sujet s’identifiant à une culture se différencie des autres par des signes apparents, des symboles, des valeurs, des codes marquants l’appartenance.

‘"Le contact interculturel met en cause l'ancienne modalité de gestion du rapport similitudes/différences; il ébranle à la fois les limites entre le moi et le non-moi et les attributions qui accompagnent les opérations de catégorisation sociale" (Vinsonneau, 2002, p.60). ’

Il s’agit dans l’interculturel d’un processus de changement qu’impliquent les interactions des différents acteurs sociaux. L’entrée en interaction met en jeu sa propre existence et l’existence de l’autre, elle fournit aussi l’expérience de l’affirmation de son identité face à l’altérité, mais aussi celle de son altérité face à l’identité.

La rencontre interculturelle, suppose donc qu’il y ait quelque chose à échanger ou à négocier de ses ressources culturelles. Mais elle suppose aussi une action réciproque qui crée un lien. Cette perméabilité des cultures les unes aux autres engendrent de nouvelles relations sociales et une transformation des manières de penser ou de sentir.

Une connaissance et une appropriation partielles et réciproques de la culture de l’autre sont nécessaires afin que s’instaurent des ouvertures, des relations, des échanges susceptibles de créer et d’alimenter une dynamique interculturelle.

C’est à partir de celle-ci que les différents ensembles culturels doivent être à même de se définir en prenant conscience de leur existence relative, de s’accepter par la connaissance de l’autre et par la négociation des limites entre composantes culturelles communes et dimensions particulières à chaque sous-ensemble, de collaborer et d’échanger enfin, dans une perspective de développement et d’enrichissement réciproques.

Qu’implique l’interculturel ? Une position « entre deux » ou la création de nouvelles entités ? Est-il souhaitable que les frontières entre les choses (et les gens) disparaissent ? A l’inverse, le maintien d’une séparation mène-t-il inéluctablement à l’affrontement, à la clôture, à une opposition radicale entre « eux » et « nous » ? Cette nouvelle « unité » postulée n’est-elle pas en grande partie illusoire, une aspiration plus qu’une réalité ?

Dans une rencontre interculturelle, les systèmes de sens et de valeurs étrangers s'affrontent. La mise en contact des cultures permet de distinguer deux grands types de situations. En premier lieu, en raison de l'ignorance ou de l'incompréhension, une fermeture passive a lieu; la situation objectivement multiculturelle est niée, les acteurs en présence faisant preuve d'ethnocentrisme. En second lieu, les différences peuvent être effectivement traitées. Elles sont perçues et négociées dans un dynamisme interculturel.

Dans une relation interculturelle, on remarque plusieurs indicateurs du « rapport de places » entre les sujets :

Notons aussi les mécanismes de défense, régulant notamment l’ouverture/fermeture et la distance spécifiques à la communication interculturelle.

En revanche, la réduction de l'antagonisme des codes n'est pas toujours réalisable, lors des chocs des cultures. On voit alors surgir les conflits interculturels qui peuvent aller jusqu'à l'exclusion et/ou la destruction.

Chaque ensemble culturel doit se différencier des autres, mais une ouverture entre groupes ne paraît possible que si chacun se voit comme ayant une identité culturelle suffisamment solide, c’est-à-dire si chacun existe d’abord dans une relation positive avec ses propres normes et valeurs, davantage que par opposition ou dans une relation négative aux valeurs de l’autre.

C’est par la connaissance ou la reconnaissance de sa propre culture et par la capacité de l’assumer que passe la possibilité d’ouverture à d’autres cultures. Il faut bien que je sache un peu qui je suis pour être capable d’accueillir l’autre sans crainte et avec le moins possible d’ambiguïté.

L’action interculturelle consiste à développer une dynamique sociale qui désinhibe les rapports de minorisation et de domination par un mouvement de réhabilitation et d’affirmation de la différence culturelle, lequel, à son tour, oriente les nouvelles énergies vers des actions revendicatives.

L’interculturel dépasse l’idée de rapports entre cultures pour arriver à une création nouvelle. Le premier point de vue perçoit l’interculturel comme établissant la communication entre deux ensembles distincts. Le second le perçoit comme créant une nouvelle entité ou production commune.