9.1.2.2- Le choix inconscient

‘"Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas", dit-on, ou bien plutôt "l'inconscient a ses raisons que la conscience ne connaît pas, et, s'il est possible dans ce domaine d'énoncer une vérité, c'est bien celle qui affirme que l'on ne choisit pas n'importe qui, comme ça, au gré des rencontres. En réalité, l'amour n'est pas aveugle : il nous faut seulement regarder avec d'autres yeux" (TENENBAUM, 1998, p.63).’

Ce que nous connaissons moins, c'est ce qui se passe dans les méandres profonds de nos souvenirs conscients et surtout inconscients, tout particulièrement ceux qui sont liés à nos attachements passés. Nous ignorons nos empreintes et leur pouvoir.

‘"Demander à deux partenaires en dehors d'une phase critique, ce qui les a rassemblés, n'apporte qu'un discours explicite d'une grande pauvreté. Comme s'il était déjà l'objet d'une commune censure, le récit rapporté n'évoque le plus souvent que la description d'un cadre de circonstances spatio-temporelles, avec l'évocation chez les plus raisonneurs d'une référence plus ou moins magique au fatalisme du "Hasard". Le respect de ce culte inavoué a pour principal effet de recouvrir la méconnaissance des affects inconscients qui ont si profondément "attiré" l'un vers l'autre les deux sujets, en général sur un mode aussi passionnel qu'ambivalent" (Lemaire, 1981, p.43).’

Il s'agit d'une attente implicite de chaque sujet au moment du choix, et ce contre quoi il se protégeait sans le savoir en jetant un dévolu sur son partenaire, avant toute réflexion consciente et tout effort rationnel.

Quelle que soit l'évolution ultérieure de chacun, sa maturation personnelle, et celle du couple dans son organisation dyadique, cette première structuration, même si elle s'avère plus tard mal adaptée, s'appuie sur les forces profondes inconscientes qui se traduisent par l'existence de besoins, de tendances, de pressions, d'attentes pendant toute la vie.

‘"L'expérience clinique confirme aujourd'hui largement ce que nous avancions déjà en 1966 quand nous soulignions qu'en général la faille du couple trouve déjà son origine dans ce premier choix" (Lemaire, p.44).’

Ce que les couples ne savent pas, c'est que leur inconscient a rencontré l'inconscient de ses rêves, celui avec lequel il va pouvoir passer un contrat psychologique, par exemple un contrat de réparation pour tous les dommages affectifs vécus antérieurement; il s'agit d'un espoir ignoré de guérir les anciennes blessures.

Les inconscients de chacun savent parfaitement bien repérer celui ou celle qui saura lui donner le sentiment d'exister, d'être quelqu'un, ou lui apportera la possibilité de cicatriser d'anciennes blessures. Cela dès le premier regard.

L'inconscient porte également l'histoire de notre famille. La psycho-généalogie nous apprend qu’au-delà de notre parcours individuel, nos aïeux, de façon transgénérationnelle, influencent notre vie. C'est pourquoi nos choix affectifs ont également des racines dans l'histoire familiale. 11% des partenaires enquêtés ont donné des motifs familiaux à leur choix conjugal dont 6.8% ont parlé du fait de "fuir les normes de la famille", 3.6% ont parlé de "autres" ou ont choisi "sans réponses" tout en ajoutant discrètement l'expression suivante "causes personnelles". On se demande, en effet, si le mot "amour" - choisi par la majorité comme motif du choix conjugal - ne porte pas un vécu personnel, familial ou même social bien marqué.

Freud a mis l'accent sur l'évolution progressive et aléatoire de la sexualité dans l'histoire du sujet. Les traces de cette évolution, perceptibles chez tous les adultes, jouent un rôle dynamique, essentiel dans les différents processus de la vie amoureuse, tant sous ses formes sentimentales que génitales et notamment, à propos du choix de l'Objet.