9.2.2- Stratégies non-stratégiques

Le choix personnel est perçu comme une aventure qui comporte des risques. En raison d'un lien social très fort qui attache les enfants à leur famille, les enfants redoutent la désaffiliation et le prix à payer de la liberté. La perte d'attaches et de supports, qu'entraînent les situations de rupture occasionnées par l'exercice de la liberté en matière d'alliance, coûte cher.

Normalement, une différence d'opinions invite au dialogue, à un échange de vues. L'accord des deux partis, parents-enfants, va être plus ou moins longuement négocié. Du côté des parents, se développent des stratégies pour amener les enfants à une union conforme à leurs normes matrimoniales.

Dans la société libanaise, le mariage mixte n'est pas jugé de la même façon et n'inspire pas les mêmes sentiments, selon qu'il est le fait d'un homme ou d'une femme.

Perçu comme un acte socialement et religieusement illicite, le mariage mixte des femmes est sanctionné comme tel. Le mariage mixte des hommes suscite des commentaires plus nuancés et inspire des sentiments d'une tout autre nature. Le mariage d'un fils avec une "étrangère" est rarement envisagé de gaieté de cœur, mais en aucun cas il ne porte atteinte à l'honneur de la famille, que seul, le mariage mixte de la fille est susceptible de mettre en cause.

Lorsque les efforts, pour en empêcher la réalisation, échouent, il implique de façon quasi systématique la rupture des liens familiaux et la mise à l'écart de l'individu déviant. Une série de réactions caractéristiques peut avoir lieu :

A partir des expériences vécues par les enquêtés, on trouve une gamme variée de comportements : acceptation sans réserves ou sans commentaires du choix du conjoint; simple mise en garde sur les difficultés de ce type de mariage sans tentatives d’exercer des pressions dissuasives ; manifestations d’inquiétudes assorties de demandes de garanties sur le lieu de résidence du couple ou l’éducation religieuse des enfants par exemple ; expression d’un désaccord sans mise en cause des liens familiaux ; opposition familiale au mariage suivie d’une brouille passagère ; refus catégorique et rupture des relations avec le couple mixte.

La différence de religions a été un des points d’achoppement les plus délicats dans les rapports de certains couples avec leurs familles respectives. Si une famille accepte difficilement la présence du « représentant » d’une autre religion que la sienne en son sein, c’est alors que celle ou celui qui a fait ce choix doit parler haut et fort pour faire valider sa décision, sans ou hors de sa famille.

Quelles ont été les conséquences de ce choix personnel du conjoint assumé par les enquêtés ? Quelles stratégies ont été utilisées par leurs parents pour tenter d'affirmer leur volonté ?

Notes
28.

cf annexe « Droits de la femme » p.499