9.2.3- « Le démon des démons »

" Neuf ans ont passé sans pouvoir nous voir réellement comme font tous les amoureux" (Rana, chrétienne, 35 ans).

Les relations entre musulmans et chrétiens dans la société libanaise, et précisément dans l'environnement des enquêtés, sont tolérées tant qu'elles ne basculent pas dans le secteur privé, autrement dit le mariage. La majorité des enquêtés ont rencontré leurs conjoints "différents" dans le milieu de leur vie quotidienne. Ainsi, les amitiés sont tolérées mais non pas les relations d'amour et notamment le mariage mixte. Les résultats suivants en sont les meilleurs témoins :

Tableau n˚22- Répartition de la population selon le lieu de rencontre du couple et les réactions des familles
Tableau n˚22- Répartition de la population selon le lieu de rencontre du couple et les réactions des familles

9.7% des partenaires enquêtés ont rencontré leur conjoint dans la famille, dont 4% se sont mariés sans l'accord des deux familles; 25% se sont rencontrés dans le même quartier dont le mariage de 5.1% était inaccepté par les deux familles et de 10.8% avec accord d'une seule famille. 34.6% se sont rencontrés dans des endroits divers : lieu public, voyage… dont 17.6% se sont mariés sans accord des deux familles et 17% avec accord d'une seule famille.

Le couple mixte met enlumière la combinaison de deux grands faisceaux de mixité : celui de la mixité culturelle (mixité religieuse) et celui de la mixité sociale (essentiellement la différence de classe ou de milieu social).

Le cumul de certaines différences quelque peu durcies va agir directement sur les opinions émises dans les familles et aussi parmi les amis et collègues. La place affective que peut avoir un(e) étranger (ère) dépend en grande partie de sa position sociale.

Est-ce le cas pour les enquêtés ? Examinons et comparons le statut professionnel des conjoints des 19 couples enquêtés (parmi les 176 enquêtés).

Quelle est la profession des enquêtés et de leurs partenaires ?

a) Métier indépendant

b) Fonction

c) Commerce

d) Agriculture

e) Profession libérale

f) Enseignement

g) Armée

h) Chômage

i) Retraite

j) Au foyer

k) Sans réponse

Tableau n˚23- Présentation des 19 couples enquêtés selon la profession
Tableau n˚23- Présentation des 19 couples enquêtés selon la profession

5 (aj) : Parmi les cinq couples des dix-neuf enquêtés, l'homme a un métier indépendant et la femme est au foyer.

3 (bj) : Parmi les trois couples, l'homme est fonctionnaire et la femme est au foyer.

2 (eb) : parmi les deux couples, l'homme a une profession libérale et la femme est fonctionnaire.

1 (2c) et 1 (2g) et 1 (2f) : Parmi les trois couples, les deux partenaires ont le même métier.

1 (ej) : Dans ce couple, l'homme a une profession libérale et la femme au foyer.

1 (cj) : Dans cet autre couple, l'homme est dans le commerce et la femme est au foyer

Les résultats de ce tableau montrent que la majorité des partenaires des 19 couples mixtes n'ont pas un grand décalage professionnel. Notons que les femmes "au foyer" ne sont pas forcément instruites, elles peuvent cependant être pourvues de diplômes et ne pas être actives.

Ces résultats prouvent que la "différence de la religion" entre les partenaires constitue, dans certains couples, la cause principale du refus des familles du mariage mixte de leurs enfants.

Cependant, dans d'autres couples, nous remarquons un décalage du niveau d'instruction qui pourrait être un des facteurs qui a poussé les familles à avoir cette position négative. Beaucoup de nuances se sont à apporter selon le statut social du conjoint "étranger".