10.1.1- La « mienne »

Tableau n˚32- Répartition de la population féminine selon la religion et la pratique de la religion

16.6% des enquêtées musulmanes pratiquent leur religion dont 4.5% avec la communauté pour 35.6% des épouses chrétiennes dont 13.6% qui pratiquent leur religion au sein de la communauté.

24.2% de musulmanes ne pratiquent pas leur religion contre 6.8% de chrétiennes. 9.1% de musulmanes et 6.1% de chrétiennes ont choisi la rubrique "autre" dans laquelle elles ont exprimé : " je pratique ma religion en cachette", " je prie seule et rarement dans l'église pour des causes personnelles", "je prie et je jeûne avec eux", etc.

Notons que certaines femmes chrétiennes ont préféré ne pas répondre à cette question, cachent-elles une certaine frustration ?

Tableau n˚33- Répartition de la population masculine selon la religion et la pratique de la religion

29.5% d’hommes musulmans pratiquent leur religion contre 34.1% de chrétiens.

20.5% hommes, musulmans et chrétiens, ont déclaré qu'ils pratiquent seuls et à leur façon. Ils détestent entrer dans les détails des pratiques religieuses traditionnelles.

9.1% musulmans pour 6.8% chrétiens affirment être non pratiquants.

Lorsque des partenaires disent non-pratiquants, on peut se demander s’il faut continuer à considérer le couple comme religieusement mixte, simplement au vu de leurs origines.

Ces résultats montrent que certains partenaires-enquêtés dénoncent la pratique de leur propre religion. S'agit-il d'une stratégie utilisée pour qu'ils puissent garder l'équilibre de leur couple ? Ils préfèrent peut-être éliminer la cause du conflit pour continuer à vivre avec leur conjoint. Les résultats de l’enquête nous montrent que ce sont surtout les femmes musulmanes qui manifestent cette attitude.

D'autres au contraire, et surtout les Chrétiens – hommes et femmes – tiennent à leur religion et la pratiquent, même dans leur communauté religieuse.

Comme nous le constatons, l’on peut noter le détachement du rituel religieux de certains enquêtés. La foi commence à prendre une dimension personnelle, il s'agit d'une relation directe entre l'Homme et le Créateur.

Nous remarquons que le nombre des partenaires enquêtés, qui pratiquent individuellement leur religion, est beaucoup plus grand que celui qui la pratique dans la communauté. Et le nombre des femmes non-pratiquantes est beaucoup plus grand que celui des hommes.

Quand les partenaires font peu de cas de leurs convictions religieuses respectives, est-ce que le mariage a plus de chances objectives de durer ?

Une question d’importance, qui n’a pas été posée et qui reste en suspens, serait : est-ce que, si vous aviez épousé quelqu’un de la même origine religieuse que vous, vous auriez pratiqué cette religion ? Car il s’est avéré que les mariages interconfessionnels ont souvent pour résultat l’abandon ou la suspension de la pratique religieuse, on ne peut pas savoir si, sans ce mariage, les conjoints auraient eu des attitudes différentes envers la pratique religieuse.

Le degré de non-pratique religieuse réciproque serait-il la garantie de la permanence du couple ? Les conjoints qui pratiquent régulièrement connaissent-ils plus de difficultés que ceux qui pratiquent épisodiquement.

Souvent le groupe est là qui rappelle, ravive cette identité religieuse de façon périodique et profonde.

" La pression de la société est très pesante; elle était nuisible à notre relation de couple. Mon mari est ouvert, mais il tend naturellement vers sa religion. Il suit souvent l'opinion de sa famille" (Maria, chrétienne, 50 ans).

Regardons comment cette question de "pratique de sa religion" est-elle gérée dans les dix-neuf couples enquêtés. Ces derniers ont répondu à la question suivante :

Comment pratiquez-vous votre religion ?

a) Prière plusieurs fois par jour

b) Prière avec la communauté

c) Le jeûne

d) Pas du tout

e) Autres

f) Sans réponse

Tableau n˚34- Opinions des 19 couples au sujet de la pratique de "sa religion"

8 (2a) : Parmi les 19 couples, huit couples, dont les deux partenaires, l'époux et l'épouse, pratiquent chacun sa religion seul, sans aucune participation à la communauté religieuse.

2 (2d) : deux couples sur dix-neuf dont les deux partenaires se déclarent non-pratiquants.

1 (ab) et 1 (cb) : deux couples dont l'un des deux partenaires pratique seul sa religion et l'autre dans sa communauté.

1 (2b): un couple sur 19 où chacun des deux partenaires pratique sa religion dans sa communauté religieuse.

1 (ad) et 1 (da) : deux couples dont l'un des deux partenaires est non pratiquant.

Chez certains, le silence qui entoure la religion laisse croire que les couples mixtes adoptent des comportements « neutres » par rapport à leurs convictions d’origine, en admettant que des convictions d’origine aient existé. L’aspect religieux est neutralisé dans la quotidienneté.