10.4- Dominant - dominé

Qu'on le veuille ou non, tout couple est aux prises avec une certaine lutte pour le pouvoir. Dans le meilleur des cas, celle-ci permet aux deux partenaires d'affirmer leurs attentes face à leur couple. Dans le pire des cas, lorsque cette lutte devient déséquilibrée, le couple se retrouve avec un dépendant affectif et un dominant. Cependant, il n'est pas plus agréable d'être dominant que dépendant.

La signification du mariage « mixte » fluctue ainsi entre un pôle positif et un pôle négatif : lorsque cette fluctuation est interprétée comme un indice d’intégration de l’étranger à la communauté d'accueil, c’est là une attitude favorable. Mais il évoque aussi un rapport de forces, dans lequel le conjoint de la "communauté d’accueil" occupe la place du dominant, et le conjoint étranger la place du dominé.

Comme dans tout groupe se pose dans le couple le problème du pouvoir : qui va commander ? Qui va prendre les décisions ? Les décisions à prendre sont innombrables : celles qui concernent la vie sexuelle du couple, l'éducation des enfants, la gestion de l'argent, les loisirs…

Le fait que chaque partenaire a ses propres conceptions, ses propres valeurs de référence... rend la prise de décisions plus difficile. Les sujets de désaccord ne manquent pas et la relation risque de tourner à l'épreuve de force.

Dans les couples mixtes, les choses peuvent paraître plus compliquées : à travers deux individus, deux groupes se querellent.

Il va sans dire que lorsque la non-communication prend de l’ampleur, la vie de couple revêt, pour la personne dépendante et soumise, les aspects d'un véritable enfer du Moi.

Il s'agit d'imposer à l'autre sa propre philosophie de la vie, ses propres idées, ses propres modèles, son propre style de vie, bref sa propre loi. Courant le risque de voir son idée récusée par l'autre, on préfère la lui imposer, plutôt que de la lui proposer.

S'il nous fallait trouver la cause de ces comportements, c'est une fois encore vers notre enfance et vers notre milieu familial qu'il faudrait nous tourner. En effet, vivant dans une société de type patriarcal dans laquelle l'autorité (surtout de l'homme-père) se transmet de génération en génération, ayant par conséquent eux-mêmes été éduqués de manière autoritaire, les parents ont recours avec leurs enfants – de façon plus ou moins consciente – aux structures autoritaires propres à ce type de société. Et le même scénario se répète dans la vie de couple, où c'est souvent la femme qui supporte la domination de son conjoint.

Le fait de vivre dans la société de son époux affaiblit la femme, tout en conférant par contre au mari un avantage qui renforce son autorité familiale déjà bien établie par la loi. Il serait absurde de nier qu'un rapport de forces particulier ne s'instaure entre un mari investi de toute autorité et pouvoir, d'une part, et entre une femme qui arrive dans un milieu différent du sien et auquel elle doit à tout prix s'adapter, d’autre part.

‘"Le pouvoir conjugal se mesure en mettant les deux conjoints en regard pour voir lequel détient les différentes "ressources", d'une part, et comment se fait la répartition des rôles dans le ménage, d'autre part: qui prend quel type de décision, qui effectue quelles tâches…" (VARRO, 1997, p.54).’