10.4.2- « Le balai »

‘“Passer le balai sans se poser de questions, sans se demander si ce n’est pas à l’autre de le faire ; ne rien dire, ne rien compter, ne rien penser quand le partenaire utilise deux fois plus de linge et que c’est “chacun son tour” de repasser. Chaque journée est constituée de centaines de gestes renforçant l’inscription dans le holisme conjugal” (KAUFMANN, 1992, p.128). ’

La facilité à agir sans trop penser dépend essentiellement de deux choses : l’injonction et le don de soi dans le couple. Un mot revient alors avec insistance : la disponibilité. Le fait d’avoir du temps libre semble pouvoir expliquer à merveille le cadre d’évidence des décisions, celui qui a du temps agit. L’économie du don de soi est portée par l’injonction ; le calcul de la dette est porté par la défense des intérêts personnels.

‘“Le don de soi s’enracine dans les certitudes et la non-représentation, alors que le calcul de la dette tend à l’évaluation et à la négociation. Le don de soi est fluide et instable, sorte d’énergie du conjugal, alors que la réflexion en termes de dette tend à la définition de règles, d’un droit conjugal” (KAUFMANN, 1992, p.129).’

Le calcul de la dette permet de fixer des repères, d’instaurer un droit conjugal contre la perturbation des mouvements régis par le don, en définissant un système d’habitudes. Le don et la dette sont sans cesse mélangés, alternant en courtes séquences, fusionnant dans les pratiques à double sens ou même se développant parallèlement.

Des études ³³ faites ces dernières années révèlent que toutes les tâches ne sont pas partagées. Même s'il aide plus souvent que par le passé sa compagne, l'homme conserve généralement un domaine d'activités qui lui sont strictement réservées : les réparations et le bricolage, la pelouse à tondre ou les gros travaux. De plus, les chercheurs ont constaté que le nombre de conflits concernant la tenue du ménage augmentait; le ménage n'est, en effet, plus considéré par la femme comme son domaine réservé.

Certes, une femme qui travaille est moins souvent présente et moins disponible qu'une femme au foyer. Toutefois, une mère de famille réalise souvent un exploit en remplissant deux rôles à la fois. Son salaire lui permet d'acheter un équipement ménager moderne ou de recourir aux services occasionnels d'une femme de ménage. Mais, rien ne remplace la collaboration et surtout la compréhension de son mari.

Les tâches domestiques sont souvent la préoccupation féminine dans la vie du couple libanais. L'homme travaille à l'extérieur et la femme s'occupe de l'intérieur. Cependant, avec l'évolution du statut de la femme, tout a changé.

Quel système de répartition des tâches ménagères est mis au point dans les couples des enquêtés ?

56.8% des hommes trouvent que les tâches ménagères relèvent exclusivement du rôle de la femme dont 43.2% sont "tout à fait d'accord". 27.3% sont "plus ou moins d'accord" et 15.9% ne sont "pas du tout d'accord".

52.3% des femmes trouvent que les tâches ménagères relèvent du rôle de la femme dont 28.8% sont "tout à fait d'accord". 30.3% sont "plus ou moins" d'accord et 16.7% ne sont "pas du tout d'accord".

La plupart des femmes enquêtées, donnent à la femme la priorité dans l'exécution des tâches ménagères. Seulement 16.7% des femmes réclament l'égalité entre l'homme et la femme à ce sujet.

Entre le "d'accord" (23.5%) et le "plus ou moins d'accord" (30.3%) des femmes, nous constatons une grande hésitation, comme si leur position traditionnelle était confrontée avec le modernisme et le profil moderne du statut de la femme.

L'attitude des hommes en parallèle, dénote une évolution : face à ceux qui tiennent au rôle instrumental de la femme dans la famille, 15.9% hommes se positionnent pour une certaine égalité entre l'homme et la femme à ce sujet.