10.5.2- Rencontres interdites

Tableau n˚52- Répartition de la population féminine selon l'interdiction de rencontrer des personnes de l'autre sexe
Tableau n˚52- Répartition de la population féminine selon l'interdiction de rencontrer des personnes de l'autre sexe

65.9% des femmes vivent leur relation sociale avec les hommes d'une façon naturelle sans aucune interdiction subie de la part du conjoint. Cependant, 32.6% reçoivent des interdictions dont 9.1% "toujours".

Tableau n˚53- Répartition de la population masculine selon l'interdiction de rencontrer des personnes de l'autre sexe
Tableau n˚53- Répartition de la population masculine selon l'interdiction de rencontrer des personnes de l'autre sexe

79.5% des hommes vivent naturellement leur relation avec les femmes qu’ils rencontrent dans la vie sociale, sans tenir compte des interdictions de leurs femmes. Cependant, 15.9% les reçoivent dont 4.5% "toujours".

38.6% des enquêtés Musulmans contre 30.7% des Chrétiens ne reçoivent jamais ce genre d'interdiction de la part du conjoint. Cependant, 10.8% des Musulmans contre 17.6% Chrétiens le reçoivent.

D'après ces résultats, nous avons remarqué que la jalousie est bien présente au sein de plusieurs foyers des enquêtés. Est-ce le symptôme d'existence d'une certaine domination dans le couple ? Est-ce un symptôme dû à la mixité ? Le partenaire jaloux a-t-il peur de perdre son conjoint en pensant que peut-être ce dernier est insatisfait ou déçu de sa nouvelle vie différente ? Quelles que soient les causes, nous remarquons que la jalousie est bien présente en divers comportements.

Mais, à bien réfléchir, pourquoi tenons-nous tant à contrôler la sexualité de nos partenaires ? Est-il vraiment tolérable de vivre sans vérifier les faits et gestes de son ou de sa partenaire ? Difficilement, dans une vie de couple. C'est comme si nous luttions de toutes nos forces contre la prise de conscience que l'autre existe vraiment, avec une histoire différente, des désirs différents, des sentiments et des besoins différents des nôtres. C'est notre narcissisme de base qui affirme que nous sommes le seul dieu ou la seule déesse de l'univers.

Khalil Gibran, dans son livre "Le Prophète", s’adresse ainsi au couple : "Vous êtes nés ensemble, et le resterez pour l’éternité. Vous serez ensemble quand les ailes blanches de la mort disperseront vos jours. Oui, vous serez ensemble même dans le souvenir silencieux de Dieu. Mais qu‘il y ait de l’espace dans votre union. Que dansent les vents célestes entre vous."(Gibran, 2002, p.15).

Cet espace, dont parle cet auteur libanais, nous semble absent dans la vie de certains couples des enquêtés. Les partenaires cherchent souvent la fusion. Les frontières entre le "Je" et le "Tu" sont floues, au profit du "Nous" qui semble autoriser tout franchissement, au détriment du droit de chacun à conserver et préserver son territoire et à ne le partager qu'à son gré. On cherche à contrôler la vie de l'autre comme si on était maître de sa vie, de son corps, de son temps... on le prive de son espace personnel.

Adulte, mature, autonome, nous pouvons faire la part de l'enfant qui pleure en nous et le prendre en charge, ainsi fortifier notre estime du nous. Il est évident que la jalousie dénote un manque de confiance en soi et d'amour de soi.

Le respect de la liberté de l'autre renforce la fidélité. Bien souvent, se sentir libre suffit au partenaire qui tente une échappée. Pouvoir librement rêver, savoir qu'il peut s'évader lui rend inutile la concrétisation. L'amour véritable, c'est ouvrir son cœur sans condition.