11.3.1.2- Le prénom hérité

À ces choix bien étudiés du prénom qui prennent en considération les différentes sensibilités des parents et surtout l'avenir de l'enfant dans son entourage, ajoutons un impératif traditionnel et familial : l'enfant doit hériter du prénom de son grand-père – s'il est un garçon - et de sa grand-mère – s'il est une fille. C'est souvent l'aîné qui hérite du prénom du grand-père paternel.

Graphique n˚15- Répartition de la population masculine selon l'héritage du prénom des enfants
Graphique n˚15- Répartition de la population masculine selon l'héritage du prénom des enfants

75% des hommes enquêtés n'ont pas d’enfants qui ont hérité le prénom d'une personne de la famille. 15.9% ont choisi de transmettre le prénom de leur père à leur fils et 2.3% le prénom de leur mère à leur fille. Aucun d'eux n’a transmis le prénom de son beau-père ou de sa belle-mère à son enfant.

Tableau n˚68- Répartition de la population féminine selon l'héritage du prénom des enfants
Tableau n˚68- Répartition de la population féminine selon l'héritage du prénom des enfants

64.4% des femmes n'ont pas d’enfants ayant hérité du prénom d'une personne de la famille, 19.7% ont un enfant ayant hérité du prénom de leur beau-père; 0.8% le prénom de leur belle-mère; 0.8% le prénom de leur père et 0.8% le prénom de leur mère.

Graphique n˚16- Répartition de la population féminine selon l'héritage du prénom des enfants
Graphique n˚16- Répartition de la population féminine selon l'héritage du prénom des enfants

19.7% des femmes enquêtées ont un enfant qui a hérité du prénom du grand-père paternel. Cependant 64.4% ne sont pas soumis à la tradition; elles ont préféré des prénoms divers, ce qui montre une certaine évolution sociale, une certaine libération par rapport à tout ce qui est édicté par la société. Cependant 13.6% n'ont pas répondu soit par discrétion, soit pour éviter un sujet qui les peine.

Certaines femmes ont exprimé qu'elles étaient obligées d'accepter de donner le prénom de son beau-père à un de ses fils – souvent l'aîné – malgré son ancienneté parce que leurs maris veulent conserver la tradition et rendre le nom de son père, éternel.

‘« Mais qu’il s’établisse de façon consensuelle ou conflictuelle, le compromis sur lequel débouche cette inévitable négociation conjugale à propos du prénom de l’enfant, reflète l’état d’un rapport de forces. Le pouvoir de nommer l’enfant n’est jamais octroyé au hasard à l’un ou l’autre, ou à l’un et l’autre, des conjoints, quoi qu’ils en disent eux-mêmes. Il est fonction non seulement de l’inégale répartition du pouvoir au sein du couple parental, mais aussi de l’importance inégale de l’enjeu que représente la nomination de l’enfant pour les deux lignées » (STREIFF-FENART, p.125). ’

Le prénom et le choix de la religion joueraient ainsi le rôle d'indicateurs ou de révélateurs de ce qui se trouve à la source de la socialisation, et permettraient de savoir si celle-ci s'oriente davantage du côté du père, du côté de la mère, ou à distance à peu près égale entre les deux.

De ce point de vue, le compromis recherché révèle une volonté de ne pas imposer sa domination afin que, l’enfant ait la possibilité de s’imprégner dès la naissance des différences culturelles de ses parents, le plus équitablement possible. Ceci révèle une structure conjugale égalitaire.