11.5.1- Le baptême

"Concernant le baptême, ma femme l'a refusé catégoriquement et elle a proposé de laisser le choix à notre fille quand elle aura 18 ans. Pour moi, c’était impensable… nous n’avons pas pu résoudre le problème sans l’intervention du prêtre. Enfin, ma femme a cédé.

En revanche, notre relation a commencé petit à petit à se dégrader, jusqu’à l’arrivée de notre deuxième fille. Le problème a éclaté de nouveau ; ma femme a refusé pour la deuxième fois de baptiser notre deuxième fille. Mon attitude était toujours la même. Pour moi, baptiser les enfants c’était quelque chose de primordial. Cette fois-ci, on n’a pas pu résoudre le problème ; même l’intervention du prêtre a échoué. Ma femme ne veut plus céder; elle a quitté le foyer conjugal et demande actuellement le divorce. Les procédures juridiques pour une séparation définitive sont en cours" (Boutros, chrétien, 45 ans).

Le baptême, premier sacrement de l'initiation chrétienne, est le rite par lequel est réalisé l'entrée dans la vie chrétienne. Le baptême n'est pas d'abord une fête familiale, c'est une célébration ecclésiale qui fait entrer l'enfant ou le nouveau-né dans la communauté chrétienne, dans l'Eglise.

Quelle est la position des enquêtés – partenaires des couples chrétien/musulman – par rapport au sujet du baptême de leurs enfants et comment arrivent-ils à gérer dans leur couple une situation pareille ?

Tableau n˚72- Répartition de la population féminine selon la religion et l’opinion au sujet du baptême des enfants

Parmi les femmes musulmanes, 36.4% sont "pour" le baptême de leurs enfants. 8.3% se montrent "indifférentes" et 0.8% sont "contre".

Parmi les femmes chrétiennes, 26.5% sont "pour"; 1.5% sont contre; 3.8% "plus ou moins contre" et 8.3% se montrent "indifférents".

Tableau n˚73- Répartition de la population masculine selon la religion et l’opinion au sujet du baptême des enfants

Parmi les hommes musulmans, 25% sont contre le baptême; 4.5% "pour" et 9.1% "indifférents".

Parmi les hommes chrétiens, 31.8% sont "pour"; 4.5% "indifférent" et 2.3% "contre".

Notons les 7.6% femmes et 11.4% hommes qui ont des attitudes diverses : les unes souhaitent le baptême mais ne peuvent pas déclarer ou réaliser leur rêve : " J'ai été privée de toutes mes habitudes. En plus, je ne peux pas baptiser mes enfants; je rêve de les baptiser un jour" (Maria, chrétienne, 50 ans).

D'autres ont baptisé leurs enfants en cachette du conjoint, certaines auraient aimé laisser le choix à l'enfant quand il aurait été grand, mais hélas dès le plus jeune âge, il a déjà la religion de son père.

L'attitude positive d'un nombre important des femmes musulmanes concernant le baptême des enfants, est bien remarquable. Est-ce le résultat d'une conviction personnelle ou s'agit-il d'une certaine soumission ?

De même, les 12.1% sans réponses des enquêtés chrétiens, sont aussi remarquables : comme si le silence cache un "non" camouflé qui dénote avec une certaine honte de contredire leur identité chrétienne.

Il nous semble utile de faire une approche comparative entre les opinions des deux partenaires d'un même couple concernant ce sujet – ce qui constitue une des principales raisons de disputes dans les couples mixtes. Nous avons eu recours aux opinions données par les 19 couples enquêtés (parmi les 176 enquêtés). Nous avons eu des réponses diverses à la question suivante :

Si votre conjoint propose de baptiser votre enfant, laquelle de ces attitudes vous adopterez :

a) contre

b) plus ou moins contre

c) pour

d) plus ou moins pour

e) Indifférent

f) autres

g) sans réponse

Tableau n˚74- Opinions des 19 couples enquêtés au sujet du baptême de leurs enfants

Ce tableau met en relief l'entente et la mésentente des couples au sujet du baptême de l'enfant, voici les résultats les plus marquants :

7 (2c) : Parmi 7 couples sur 19 dont les hommes sont tous chrétiens, les deux partenaires sont pour le baptême de leur enfant. Est-ce vraiment la volonté aussi des épouses musulmanes ou s'agit-il d'une domination masculine ?

3 (af) : Parmi 3 couples sur 19, les maris musulmans sont contre le baptême et les épouses chrétiennes expriment leur incapacité de se confronter à l'opinion de leurs conjoints qui refusent catégoriquement le baptême. Elles ajoutent, en tout cas, les enfants doivent hériter la religion de leur père, c'est la loi notamment et surtout en islam.

2 (2a) : 2 couples sur 19 où les deux partenaires sont contre le baptême.

1 (ca) et 1 (ac) : 2 couples sur 19 où les partenaires d'un même couple sont en conflit sur ce sujet : l'un est pour et l'autre contre.

1 (gf) : il s'agit d'un couple qui a du mal à exprimer clairement sa position par rapport au baptême de leur enfant. Il est probable que les partenaires de ce couple ont eu recours à l'ambiguïté pour éviter un conflit conjugal.