12.8- Le désir des mères

La femme écrasée par la loi et dominée par l'homme, a toujours ses tactiques pour s'affirmer : quand la femme est affaiblie dans la société de son mari, elle prend conscience de l'importance, pour elle, de transmettre à l'enfant sa religion, en plus de celle du père.

L'enfant se trouve au centre d'une lutte d'appropriation : la situation triangulaire – père, mère et enfant – se révèle très clairement. Toute la mythologie entourant la relation mère-enfant encourage la mère "étrangère" à s'investir profondément dans la transmission de sa religion à son enfant. Cet investissement est essentiellement la projection de soi dans le rôle de mère qui éduque. L'enfant est donc au centre des luttes d'influence des parents et, dans le couple mixte ce sont deux systèmes culturels qui tentent de se l'accaparer. La solution est dans le passage du fanatisme à l’ouverture culturelle.

Certaines femmes enquêtées œuvrent pour transmettre leur religion à leurs enfants par n'importe quel moyen. Elles profitent de leur rôle d'éducatrice pour faire passer leur identité religieuse à leurs enfants. Malgré la loi qui donne le privilège à l'époux, la femme-mère utilise ses propres moyens pour affirmer son pouvoir éducatif. Elle transforme les instants vécus auprès de ses enfants en moments d'apprentissage de sa culture et de sa religion. Certaines même n'hésitent pas à transmettre "en cachette" des signes religieux à leurs enfants (baptême, prières, etc.).

Souvent, elles n'osent pas déclarer si elles sont "contre" ou "pour" le voile ou le baptême, etc. mais elles savent défendre - à leur manière - leur identité religieuse et agir en évitant toute confrontation avec leur milieu conjugal et social.

Pour ces mères, il s'agit ainsi d'un échange réciproque (monnaie de singe) : religion comme le père, éducation comme la mère.