Cinquième récit – Boutros - Homme chrétien (45 ans)

J’ai 43 ans, je me suis marié avec une femme musulmane. Nous avons fait un mariage de rapt. Nous nous aimions beaucoup. Ses parents, et surtout sa mère, étaient contre notre mariage; parce que je suis chrétien.

Quand nous avons fait ce mariage de rapt, sa mère est venue dans notre village pour me demander de me marier officiellement avec sa fille. Ma fiancée est rentrée avec sa mère dans le but de me donner le temps pour préparer la cérémonie du mariage. Une fois rentrée chez ses parents, sa mère a changé d’avis ; elle ne voulait plus que sa fille se marie avec un chrétien, comme si c’était un scénario pour éliminer notre mariage.

Mais notre amour était plus fort, on s’est marié sous le rite maronite. Son père était contre le mariage; il m’a même confirmé qu’il ne viendra jamais nous rendre visite même si un aéroport est construit dans notre village ( ceci pour dire que nous rendre visite est de l’ordre de l’impossible).

Après un an et demi de notre mariage – en vue d’une initiative de réconciliation - j’ai accepté de changer notre lieu d’habitation pour nous rendre dans une région musulmane, près du lieu de résidence de ma belle-famille. Malgré tous les efforts, ses parents étaient toujours contre notre mariage. Pourtant ma relation avec ma femme était tout à fait satisfaisante.

Ses parents voulaient à tout prix qu’on fasse un mariage musulman : pour sa mère, tant qu’il n’y avait pas un mariage musulman, sa fille demeurait adultère. Le mariage chrétien n’avait pas de valeur pour elle. Ses parents désiraient que je devienne musulman et que je contracte un mariage musulman avec leur fille; par quoi, notre mariage sera légitimé. Évidemment, j’ai refusé catégoriquement leur demande. Pour moi, c’était impossible.

La pression de ses parents était très pesante.

Le problème a commencé avec l’arrivée de notre fille. Il s'agissait de deux problèmes à confronter : donner un prénom à l’enfant et la baptiser.

Nous avons choisi un prénom neutre (Chérella), qui passe dans les deux communautés, chrétienne et musulmane.

Concernant le baptême, ma femme l'a refusé catégoriquement et elle a proposé de laisser le choix à notre fille quand elle aura 18 ans. Pour moi, c’était impensable de ne pas baptiser ma fille, il fallait qu’elle reçoive le sacrement du baptême, elle devait être chrétienne, maronite comme moi, et comme tous les habitants du village. Nous n’avons pas pu résoudre le problème sans l’intervention du prêtre. Enfin, ma femme a cédé.

En revanche, notre relation a commencé petit à petit à se dégrader, jusqu’à l’arrivée de notre deuxième fille.

Le problème a éclaté de nouveau ; ma femme a refusé pour la deuxième fois de baptiser notre deuxième fille. Mon attitude était toujours la même. Pour moi, baptiser les enfants c’est quelque chose de primordial. Cette fois-ci, on n’a pas pu résoudre le problème ; même l’intervention du prêtre a échoué. Ma femme ne veut plus céder; elle a quitté le foyer conjugal et demande actuellement le divorce. Les procédures juridiques pour une séparation définitive sont en cours.