Quatorzième récit - Ramy - Homme musulman (52 ans)

Mon mariage mixte (mixte= chrétiene-catholique + musulman) ne s'est jamais fait sur une base religieuse, mais simplement sur une base d'amour; en d'autres termes, nous étions amoureux l'un de l'autre, et le jeu était fait.

Le problème religieux ne s'est jamais posé. Il faut préciser que ma femme et moi ne sommes pas strictement religieux, nous avons chacun la liberté pour notre propre croyance. Nous allons bien à l'église; beaucoup moins à la mosquée; j'ai tellement peu de temps que je préfère faire ma prière chez moi et souvent le soir de retour à la maison.

Nous avons toujours été très libre dans le choix religieux car pour nous Dieu est unique pour tous et chacun de nous a une vision personnelle de Dieu, sous une angulation légèrement différente mais le but est le même, au fond pour nous, peu importe être Chrétien, musulman ou juif, l'important est avoir un point de vue sain sur Dieu, dans le respect des légères nuances dans la vision des choses.

La tolérance est très bien vue, l'élasticité est bien observée. Il n'y a aucun être humain égale à un autre, nous sommes tous différents les uns les autres, et nous sommes nous-mêmes différents d'un moment à un autre, il y a toujours des évolutions, des changements, des mutations en chacun de nous. Nos pensées ne sont pas les mêmes, à 20 ans, 40 ans, 60 ans ou plus. Il y a une évolution continue et c'est sur ces changements constants que nous sommes tolérants.

Pour conclure, le choix du partenaire, dans notre cas, a été un choix entre personnes humaines, sur une base d'amour. L'aspect religieux a été un choix personnel, ce qui n'a jamais créé des problèmes entre nous. Nous nous sommes laissé à chacun de nous la liberté d'action et de choix.

Ma vie quotidienne avec ma femme n'est pas si différente que les autres couples mono-religieux. Nous étions si occupés avec le travail, la maison, les enfants; si bien que la différence religieuse ne s'est pas faite sentie autant. Nous avons eu notre part de problèmes comme tout couple, mais nous n'avons jamais eu de problème religieux.

Ma femme et moi avons toujours été libres l'un et l'autre (et envers l'autre) personnellement mais en même temps nous étions respectueux de la religion du partenaire. Nous sommes autant aussi des autres religions.

Pour moi, une autre religion ne représente pas une réelle différence; mais tout simplement un point de vue différent du même concept; une autre face de la même monnaie. Donc, pas de différence mais une nouvelle leçon (une richesse) d'un concept commun : Dieu, une entité commune aux hommes, à toute créature.

Pour ma part, Dieu a eu pour but l'union des hommes et pas l'éloignement.

Je pense, en toute franchise, que tout problème dépend très souvent de nous-mêmes, car ceux sont nos façons de nous présenter aux problèmes qui font la différence. En d'autres termes, c'est l'homme (être humain) qui décide de son sort: si on cherche les différences, on ne peut pas trouver l'union;, mais si on cherche les points communs (sachant bien qu'il y a des différences, souvent de forme mais pas de substance, mais que nous sommes disposés à tolérer si nous sommes élastiques mentalement), nous trouverons qu'il y a beaucoup de points communs, nous trouverons tout de suite, et facilement l'union avec toute la création divine sur terre.

En conclusion, je ne pense pas qu'il y ait des problèmes religieux si les hommes ne le veulent pas, c'est-à-dire que Dieu a voulu la religion (ou les religions) pour guider les hommes sur le bon chemin, un chemin basé sur l'Amour, la fraternité, la tolérance… et même dans l'Islam, on dit bien que la vérité se trouve au milieu "des choses", des "concepts" et jamais aux extrêmes, donc modération, tolérance,… Voilà le chemin (je pense !) Divin.

C'est notre choix qui fait la différence, c'est l'homme, avec son choix, qui fait la différence; si l'homme (je me répète) cherche les différences, il ne trouvera jamais l'entente;, mais s'il cherche l'entente, les points communs, il trouvera l'union, l'entente, l'amour…

Pour moi, Dieu veut l'union, l'amour; l'homme décide de son sort, donc, pour ma part j'ai toujours cherché les points communs et ainsi d'une certaine manière, j'ai trouvé l'accord avec ma femme, ma famille… Notre tolérance, notre élasticité nous fait vivre depuis 30 ans ensembles, Dieu merci !

L'éducation religieuse de nos enfants (un garçon et une fille) –  aujourd'hui des adultes –est basée tout d'abord sur le fondement d'amour, c'est-à-dire, mon premier but était d'aimer mes enfants. En premier lieu, il y a le besoin d’amour, et ensuite la religion.

Il y a toujours eu un grand dialogue dans ma famille (nous sommes bavards), on a toujours beaucoup discuté "autour des choses", nous avons toujours eu "la bouche ouverte", le dialogue est ouvert chez moi.

Le choix religieux a été la conséquence de notre éducation : le choix a été tout à fait libre, aucun conditionnement religieux durant l'Enfance. Nos enfants n'ont jamais été baptisés. Durant leur enfance; nous avons essayé de leur expliquer les deux religions, insistant surtout sur les points communs.

En effet, mon fils a opté pour le catholicisme, à 22 ans (âge de conscience et de responsabilité); ma fille pas encore, et ils sont toujours libres de choisir; ils peuvent même être athées (non-croyants), mais toujours respectueux de Dieu. Je n'accepte pas qu'on blasphème contre Dieu, même si on n'est pas croyants. Je suis disposé à respecter le choix du non-croyant, mais je n'accepte pas le blasphème contre Dieu; je le considère comme une ignorance profonde.

Concernant notre couple et son entourage (famille, amis, voisins, entourage…), il faut dire que nous avons vécu loin de nos familles pour les raisons de travail; même si nos familles et nous étions toujours très prêts les uns les autres. Ils nous ont toujours laissé libres dans nos choix; mais, nous aussi, de notre part, étions toujours respectueux les uns des autres.

Les rapports humains étaient beaucoup plus importants que les rapports religieux (qui, pour nous, font partie de la sphère strictement personnelle). Donc, les rapports humains occupaient le 90% de la journée, les rapports religieux en occupaient le 10% et étaient très personnels.

La distinction des deux rapports, la tolérance, l'élasticité… (Peut-être un peu l'éloignement des familles, même si je n'en suis pas si sûr) ont rendu les choses plus faciles. Je peux, ainsi, que nous avons tous eu des rapports ouverts, tolérants, et le respect réciproque ont rendu les choses beaucoup plus faciles.

Quant à notre entourage, nos amis, nous avons toujours des amis qui nous ressemblent un petit peu. Ils sont très tolérants et préfèrent les rapports humains en premier lieu; les rapports religieux sont toujours considérés strictement personnels, pour cela chacun de nous avait libre choix, sans aucun compte à rendre aux autres, la liberté du choix était à l'ordre du jour.

Quant aux voisins, au fond, chacun vivait pour soi, et personnellement je n'ai jamais aimé qu'on s'occupe de nos affaires, ou vice-versa. Je partageais l'espace physique-géographique avec mes voisins, mais ma vie privée ne regardait que ma propre personne et ma famille.

Si nous avons esprit ouvert, la diversité culturelle sera vécue comme une curiosité, un fait de richesse;, mais si notre mentalité est fermée, la diversité sera vécue comme occasion d'ingérence vis-à-vis de laquelle il serait nécessaire de se fermer…. Évidemment les conséquences sont différentes dans les deux cas, et les résultants dépendent d'un choix de point vue personnel.

Par conséquent, pour ma part, j'ai toujours choisi la première solution. J'ai toujours préféré vivre la diversité culturelle (ou autre) une occasion de curiosité pour apprendre de nouvelles choses et s'enrichir. Ma façon de voir ces choses, je les ai appliquées au sein de ma famille.

La diversité culturelle est une bonne occasion pour se comparer les uns les autres, apprendre une nouvelle culture. C'est une question de mentalité tout à fait personnelle… .

Tout cela dépend de nous personnellement, une ouverture d'esprit très personnelle… Notre niveau culturel participe très activement dans ce processus.

J'ai toujours ce comportement de curiosité (dans le sens de connaître culturellement) aussi bien en famille, dans mon travail, avec mes élèves; je suis ce que je suis. Dans la vie, on se fait une certaine Culture, une mentalité, une manière d'être.

Je ne sais pas si je fais bien, mais jusqu'à présent les choses vont assez bien. Mes contacts avec d'autres ne m'ont pas créé de problèmes particuliers.

Il faut dire ainsi qu'au fil des temps, on choisit ses amis, son entourage, …, si l'accord est bon, on avance, au cas contraire, on change de route pour choisir d'autres lieux, d'autres personnes, d'autres situations.