3.1 - L’enrichissement sans scrupules

Si quelques-uns tentent de faire fortune honnêtement, comme Norvins qui veut se faire planteur de tabac, bon nombre de commandants de quartier se laissent aller à leurs habitudes de pays conquis, et pillent sans vergogne pour augmenter rapidement leur fortune. Tous les moyens sont bons pour cela …

Le champion du pillage sans scrupules est une fois encore, sans conteste, Joseph-Louis d’Arbois de Jubainville. C’est à Jérémie, puis surtout aux Cayes à partir de mai 1803, qu’il va donner libre cours à ses penchants sadiques et criminels. On l’a vu, il n’hésite pas à recourir au meurtre pour couvrir ses méfaits, mais également pour s’approprier les biens de citoyens récalcitrants à les lui céder ou même seulement à se laisser spolier. Tout d’abord limitées, ces exécutions deviennent systématiques. Dès la prise de pouvoir de Rochambeau, en décembre 1802, d’Arbois n’hésite d’ailleurs pas à se débarrasser en les noyant du commandant de la gendarmerie de Petit-Trou, le chef de bataillon Bardet, et du commandant militaire de cette localité, le chef de bataillon Lemoine, tous deux mulâtres. Et avec Bardet son jeune fils, qui avait eu le tort de se trouver présent au moment de l’arrestation. Pourtant, Bardet s’était rallié aux troupes expéditionnaires dès la première journée du débarquement de celles-ci, amenant avec lui tout son bataillon et livrant sans combat le fort Bizoton. Par la suite, lui et ses hommes avaient activement combattu dans les rangs de Leclerc contre les troupes de Toussaint. Pendant ce temps, l’âme damnée de d’Arbois, le chef de brigade Berger, procédait aux Cayes à l’exécution en masse des détenus des prisons de la ville, et de certains membres mulâtres de la garde nationale, en les jetant à la mer pieds et poings liés, ce qu’on appelait alors les envoyer « à la pèche au corail » 254 . C’est ce pogrom qui poussa alors les mulâtres de cet arrondissement, et derrière eux les noirs, à se rebeller à leur tour, alors que la région avait jusqu’alors été relativement calme sous l’administration du général Laplume. Mais ce dernier, quoique parmi les plus fidèles partisans de la métropole, n’en était pas moins noir et ne pouvait s’opposer aux atrocités de ses deux subordonnés sans risquer de passer pour un complice des « brigands » et subir le même sort … Une fois débarrassé de ces victimes et des officiers de gendarmerie susceptibles de lui tenir tête, d’Arbois met le département en coupe réglée. Mais il a une autre méthode pour faire main basse sur les terres qu’il convoite. En effet, le corps expéditionnaire n’étant pas payé ou très irrégulièrement, la règle dans l’armée veut qu’une position reprise aux rebelles soit considérée « de prise », c'est-à-dire en termes moins protocolaires livrée au pillage. Ainsi, d’Arbois abandonne sciemment certaines propriétés qu’il est chargé de défendre, pour contre-attaquer ensuite, reprendre la ou les habitations aux « brigands » puis, prétextant qu’il s’agit là d’une position ennemie, la piller de fond en comble : « on craint bien que le général [Sarrazin] ne puisse y arrêter longtemps les progrès que le général jacobin Darbois y a si cruellement propagés par les noyades et les évacuations concertées afin de piller en reprenant les lieux évacués » 255 . Le magistrat Chesnau de la Mégrière, dans une lettre déjà citée précédemment et adressée au Grand-juge de Saint-Domingue, s’insurgeait des exactions de d’Arbois : « comme simple individu, je n’ai point de plainte personnelle à élever contre lui, il a jusqu’ici respecté ma personne et mes propriétés, au moins jusqu’à un certain point. Mais il a avili la magistrature, pillé la fortune publique et les fortunes particulières » 256 . En effet, en plus de dévaliser la population qu’il a à charge de protéger, il n’hésite pas à détourner des fonds gouvernementaux : il fait doubler ses frais de table, envisage de lever un impôt personnel de 600.000 Fcs, … La population civile est écœurée : « Témoin, le général Darbois, dans le canton de Jérémie, riche de près d'un million, témoin x. x., tous ceux qui retournent de ce pays en France avec une espèce de fortune ou qu'ils font des remises considérables, ce ne sont pas les économies sur leur traitement, qui leur est mal payé, qui peuvent enfler leur trésor ou fournir à pareilles remises?» 257 . Le général Brunet, qui commande aux Cayes, doit capituler aux Anglais le 10 octobre 1803, et la garnison dont fait partie d’Arbois est emmenée prisonnière à la Jamaïque, avec la promesse de respecter les biens des militaires et des habitants évacués. Une fois arrivés à destination, les Anglais ouvrent tous les bagages et pillent à loisir les officiers prisonniers. D’Arbois est rejoint dans sa cabine par plusieurs Anglais : « Ici, je ne dois pas hésiter de le dire, on le déculotta, on le dépouilla d’une ceinture qu’il avait autour de lui. Et on lui pilla tout l’argent qu’il avait dans ses malles. Immédiatement après, on me [le capitaine Fontal, son aide de camp] fit descendre dans la chambre, ainsi que Mr. Decamp, second aide de camp du général ; et nous y subîmes le même traitement » 258 . Nul doute que les Britanniques ont trouvé un confortable magot dans les bagages du général, qui après tant de rapines, ne serait sans doute pas parti les mains vides. Mais qu’advint-il exactement au cours de cette entrevue musclée entre d’Arbois et ses geôliers ? Toujours est-il qu’il tomba « malade » sitôt après, et fut tenu au secret plusieurs jours à bord du bâtiment britannique « Cumberland » en rade à Kingstown avant que Fontal puisse lui rendre visite. Il fallut encore plusieurs jours avant qu’on ne l’autorise à être transféré à terre, où il mourut quelques jours plus tard, le 17 novembre 1803. Est-il mort de mauvais traitements comme le suggère le dictionnaire biographique 259 de Georges Six ? Ou bien cet homme à la santé de fer qui survécut sans problème aux combats, à deux vagues de fièvre jaune et bien d’autres maladies à l’œuvre à Saint-Domingue, tomba subitement malade face à la seule agression, à l’instar de Masséna 260 , capable d’atteindre son organisme : le vol du fruit de ses rapines ?

La méthode consistant à piller toute position reprise à l’ennemi n’est toutefois pas spécifique à d’Arbois : l’exemple de la reconquête de Fort Dauphin en est la parfaite illustration. A peine a-t-il prit les rênes du pouvoir que Rochambeau reçoit les renforts si longtemps attendus par Leclerc : afin de marquer par un coup d’éclat son accession au commandement, il détache une partie de ceux-ci à la capture de Fort Dauphin, position importante aux mains des rebelles. Cette opération donne lieu à ces fameuses « saisies » de propriétés des « brigands » : « Il suffisait de chasser les révoltés d’une habitation pour envahir les meubles, effets, argent, bijoux, animaux et denrées que le propriétaire avait été obligé d’abandonner pour sauver sa vie. On peut à cet égard se remémorer tout ce qui s’est passé dans la ville du fort Dauphin, etc.» 261 . Au cours de la reprise de cette ville, les troupes françaises semblent s’être consciencieusement remplies les poches aux dépens des habitants qu’ils venaient libérer : « Beaucoup de témoignages s’accordent, pour dénoncer, lors de la prise de Fort-Dauphin, d’agissements peu scrupuleux d’officiers de l’armée française, qui se sont alors livrés à un véritable pillage sur les habitants et leurs maisons. Du reste, l’affaire donnera lieu, quelques temps après, à un calembour de la part du fils du général Verdière, aide de camp de Rochambeau, qui disait : ‘que si l’action avait été chaude, on y avait trouvé des glaces à prendre’. Ceci pour expliquer que l’armée s’était permis de tout enlever (mobilier, effets particuliers, animaux, …), de transporter le tout sur les bateaux qui avaient amené les soldats, de déclarer, tout, propriété de l’armée … Le butin est chargé à bord de l’Hannibal, des frégates, et sur le Triomphant (le capitaine Chattelier, mis en réquisition, est contraint de charger pour le compte des officiers, tous les cafés, farines qui peuvent se trouver dans la ville). L’humanité est portée toutefois, jusqu’à laisser un baril de farine pour les pauvres » 262 .

Ainsi, si d’Arbois est emblématique, il n’est malheureusement pas un cas isolé : « Vous ne vous faîtes pas d’idée combien tous les généraux d’ici sont insolents, pillards, hautains (…) Voilà Boudet embarqué pour pillage » 263 . Le colon Morange écrit en France, le 24 août 1803 : « On a découvert des farines mises en réserve par spéculation pour compte de quelques-uns de nos chefs : vous voyez par là que les négociants sont inutiles puisque le militaire le remplace » 264 . Une semaine plus tard, il ajoute : « Les soldats qui veillent sur le marché de la Petite Anse vexent et pillent les noirs qui viennent vendre et acheter » 265 . Idem pour Duboÿs, écrivant à une amie, propriétaire dans l’île mais exilée à Bordeaux depuis la Révolution : « Je ne puis résister au désir de vous instruire d'une circonstance du départ de cette expédition Petit-Goave faite, pour vous donner une juste idée de l'esprit désorganise l'armée de Saint-Domingue. Jusqu'au dernier sous-lieutenant, avait calculé sur le pillage qu'on s'en promettait et s'était muni en conséquence de sacs de café, qu'il se promettait de remplir aux dépens même des propriétaires. Car ils ont pour maxime que le propriétaire perd tout droit sur la propriété lorsqu'il a été forcé de l'abandonner par une évacuation quelle qu'elle soit, ne serait ce que pour quelques moments. Avec un pareil esprit, qui sera surpris des nouveaux désastres de ce pays et du peu de succès d'une armée qui ne rêve que de butin ? On ne butine, on ne s'engraisse promptement que dans le désordre et la dévastation. (…) Qu'attendre de gens qui ne remuent qu'au son de l'argent ? » 266 . Plus tard encore : « Vos Leclerc et tous vos généraux n'ont fait et ne font encore que des sottises. (…) ils se (…) sont aliénés [les mulâtres] en les pendant, noyant et fusillant sans forme de procès et la plupart n'ayant d'autre tort que de tenter leur insatiable cupidité » 267 . Un autre chroniqueur, anonyme : « tous ces officiers étaient arrivés dans le plus grand dénuement, et à peine y avait-il un mois qu’ils étaient dans l’île, que déjà ils affichaient un luxe et une dépense qu’un commandant en second, autrefois, à 36 mille livres de la colonie d’appointements, n’aurait pu soutenir. Déjà, plusieurs faisaient pour leur compte des chargements considérables de denrées » 268 . Quant à Pierre Colette, un colon lui aussi, il écrit à son ami Stanislas Foäche, en France : « Je ne vous détaillerai pas tous les malheurs dont nous sommes spectateurs, assez d’autres vous en instruiront … C’est un pillage éternel. Quels besaciers l’on a envoyé dans ce pays ! (…) La France entière suffirait-elle pour satisfaire à la cupidité d’une légion de vautours qui nous sont arrivés sous différentes dénominations » 269 .

Dans l’entrée de son journal datée du 16 février, soit moins de deux semaines après le débarquement des troupes françaises, le capitaine Peyre-Ferry fait déjà état de rumeur de détournement de stocks de denrées coloniales organisé par les officiers et administrateurs expéditionnaires, avec la complicité des capitaines de vaisseaux de la Marine : « S’il faut en croire ce qui m’a été rapporté, il paraît que quelques chefs, tant dans le militaire que dans l’administration, ne passent pas, comme nos soldats, leur temps à faire de la limonade ; mais qu’ils s’emparent du café et du sucre qu’ils trouvent sur les habitations, ainsi que des autres denrées coloniales, et les font évacuer vers les ports les plus rapprochés pour les y faire embarquer soit sur des étrangers, soit sur des nationaux. On ajoute que plus d’un officier de notre marine est de connivence dans ces enlèvements illicites. Bien certainement le général Leclerc n’est pas instruit de ces criants abus qui ne peuvent jeter qu’un triste éclat sur notre armée. Mais cela doit-il étonner quand on entend dire publiquement à quelques officiers généraux qu’ils ne sont pas venus à Saint-Domingue pour changer d’air ! » 270 .

De Treuil, un autre colon, écrit en France en décembre 1802 : « Si les militaires sont insolents, pillards, despotes, c’est dans l’Administration que se font les grands coups. Vivres, habillement, hôpitaux, constructions, il faut que tout alimente une foule d’employés qui veulent faire fortune en 6 mois. Ces messieurs ne sont pas venus pour changer d’air. Les malades sont sacrifiés dans les hôpitaux d’une manière horrible. On les transporte à la Tortue sur le pont de navires mis en réquisition ; ils n’ont là ni eau, ni tisane, ni secours ; ils supportent la pluie et le soleil, ou bien plutôt ils succombent. Mais s’ils sont morts réellement pour la guerre, ils vivent encore pour les entrepreneurs, par une heureuse fiction qui met ceux-ci à même de payer les immenses rétributions dues aux inspecteurs, aux commissaires, aux généraux même. Le général Brunet, fameux pour le scandale de l’évacuation de Port de Paix et du Borgne, reçoit par mois des administrateurs de l’entreprise du Môle 2.000 gourdes (plus de 10.000 francs) : le mois dernier a été en retard, et il a écrit en plainte contre les hospitaliers des choses qui font frémir … » 271 . Une vrai taxe de protection comme en vigueur dans la mafia contemporaine. C’est ce même Brunet qui, prenant plus tard le commandement des Cayes, écrit à Rochambeau que les troubles que connaisse cet arrondissement sont dus aux « vexations que plusieurs officiers ont commis dans presque tous les quartiers (...) [où] tout n'a été conduit qu'avec esprit de rapine, pas l'ombre de politique. Aussi les hommes coupables ont-ils échappé et quelques hommes innocents ont été victimes. Le mal est fait, il faut des grandes mesures pour empêcher de nouveaux malheurs (...) » 272 . Même un homme de cœur comme le général Lacroix ne semble pas au-dessus de tout soupçon : « Pamphile Lacroix, de son côté, ne négligeait aucune occasion de concussionner. Devoirs, services, tout était à prix ; on ne parlait que de désintéressement, mais des agents apostés faisaient, sous-mains, les propositions nécessaires » 273 .

Un changement d’officier n’amène pas pour autant le soulagement des habitants. Ainsi, lorsque Rochambeau prend le commandement de l’armée expéditionnaire à la mort de Leclerc, il envoie le général Sarrazin, fraîchement arrivé, le remplacer à la tête de la « division du Sud et de Gauche », à Port-au-Prince. Celui-ci n’attend guère pour faire montre d’une rapacité aussi prononcée que son prédécesseur, quoique moins sanguinaire : « Le général Sarrasin à pris le 10 de ce mois, le commandement de la division. A peine en fonction, sans égard au découragement général des habitants de cette ville, il s'est occupé des moyens de remplir les coffres du trésor de la division que le général Rochambeau avait vidés en partant. Il demande que ceux des habitants les plus riches de cette ville [Port-au-Prince]lui fournissent un dragon équipé et monté ou bien une gourde par jour, entre ses mains. Il débute par une concussion assez lourde, a quoi ne devons nous pas nous attendre ? » 274 . Dès lors que la ville est bloquée par les rebelles, Sarrazin récidive : « le général Sarrazin a établi une commission de siège et a rétabli la contribution de guerre que le général Leclerc, dans un moment moins désastreux de beaucoup, avait cru devoir rapporter au vendémiaire dernier. Sans argent, sans subsistance, pense-t-il que des commissions lui en procureront ? » 275 . La situation dramatique de l’armée à la fin de l’été 1803 ne détourne pas Sarrazin et les hommes de son espèce des profits financiers qu’ils espèrent engranger. Ainsi, la principale cible de ce général n’est pas l’ennemi, mais le commissaire Colbert, qui malgré ses critiques 276 de l’administration Rochambeau semble ne pas avoir oublié de soigner ses finances : « Le général Sarrazin, moins, par esprit de justice que dans le dessein d'amener Alphonse Colbert a lui faire part d'une partie de ses [?] et dilapidations, le pressait de lui rendre le compte de son administration et surtout de 150 milles rations dont la consommation ne paraissait pas justifiée. Colbert, mis aux arrêts, frète une felouque et s'échappe le 25 de ce mois à l'insu de la garde qui veillait à la porte, emmenant avec lui 17 malles tant grosses que moyennes ; il arrive heureusement à Santiago de Cuba » 277 . Un exploit que de s’échapper discrètement de sa demeure avec dix-sept malles alors qu’un corps de garde veille devant sa porte ! A moins que les factionnaires ou Sarrazin lui-même aient finalement touché leur part du magot en échange de leur cécité temporaire … Quant à Sarrazin, il s’apprête à évacuer la ville lorsqu’il reçoit son autorisation de rentrer en France : « Ses préparatifs étaient faits, ses richesses étaient chargées (…). A la réception de cette permission, il s'embarque sans différer et remet le commandement de la division au général Lavalette » 278 .

A Saint-Domingue, le malheur des colons ou des simples soldats fait souvent le bonheur des officiers. Dans la nuit du 18 au 19 février 1803, le général noir Capois, avec cent cinquante hommes triés sur le volet (on parlerait aujourd’hui de commando) débarque discrètement sur l’île à l’aide de radeaux. Jouant de l’obscurité pour masquer leur nombre, les rebelles se répandent dans le camp français et les hôpitaux de la Tortue, jusqu’alors épargné par la guerre, y semant la mort et le chaos. Dans l’obscurité, les Français se fusillent, abattant leurs alliés de la garde nationale mulâtre, alors que les rebelles massacrent les blessés et les malades, et libèrent les esclaves des plantations de cette petite île. Les habitations sont ravagées, à l’exception des domaines privés du vieux Labattut (ou Labatut). Ce colon, l’un des notables de Saint-Domingue, commandant en 1802 la garde nationale de la Tortue dont il était propriétaire, est connu de tous pour son humanité vis-à-vis des Noirs. Selon Beaubrun-Ardouin lui-même, c’est « un bon colon, chose assez rare » 279 . Il avait d’ailleurs été cassé de son grade par Leclerc pour avoir fait preuve de modération vis-à-vis des meneurs d’une insurrection précoce dans son île en juillet 1802. C’est pourquoi Capois ordonne en février 1803 qu’on épargne ses propriétés. Mais cette générosité du chef noir va se retourner contre le colon, accusé au mieux de mollesse, au pire de collusion avec l’ennemi. A peine le jour se lève-t-il sur les ravages de ce raid nocturne que plusieurs officiers du corps expéditionnaire qui servait à la Tortue en profite pour faire main basse sur les stocks de café du colon : 80 milliers de café. Labattut écrit plus tard à l’ordonnateur Perroud : « Le commandant Ramel, non content de m’avoir pillé et enlevé tout ce qu’il a pu sur mon habitation et s’être nanti de tous mes papiers a exigé au Cap, 400 gourdes pour les remettre qui lui ont été comptés par le citoyen Maurin mon commettant » 280 . Le vieux colon, soutenu par Perroud et Ludot, demande justice à Rochambeau … qui le jette néanmoins en prison sans procès. On lui fait finalement savoir que le capitaine général serait intéressé par l’achat d’une partie des terres de la Tortue. Labattut comprend le message, et la vente de plusieurs centaines de carreaux de terre se fait très officiellement chez les notaires Cormeau et Moreau, pour une bouchée de pain. Les bénéficiaires sont principalement Rochambeau, mais également son secrétaire Fontaine, l’amiral Latouche-Tréville et d’autres … Labattut est alors libéré, toujours sans procès. Dégradé, dépouillé d’une partie de ses biens, il croit pouvoir enfin retrouver la tranquillité dans son île, quand un émissaire de Rochambeau vient lui faire savoir qu’une nouvelle cession de terre le mettrait tout à fait à l’abri d’éventuelles poursuites. Cette fois, le colon craint pour sa vie : il signe un nouvel acte de vente, mais s’exile aux Etats-Unis peu après …

Placé à la tête d’un quartier ou d’un arrondissement, ces officiers indélicats les mettent en coupes réglées. Les habitants du Gros-Morne sont par exemple victimes des agissements du chef d’escadrons Guibert « fils », qu’ils accusent dans plusieurs lettres à Leclerc de vol, de pillage (dont « onze millions en café à la veuve Régnier » 281 ), et de provoquer « par ses exactions infâmes des troubles et des insurrections en frustrant nombre d’habitants du quart du revenu qui leur revient » 282 avec la complicité du chef de bataillon Galbois. Ces plaintes sont confirmées par l’adjudant-commandant Huin et le chef de brigade de gendarmerie Lachaise 283 . Aucune indication n’est donnée dans la correspondance de Saint-Domingue quant aux suites de cette affaire.

Autre moyen de se constituer un pécule rapidement, la « méthode Blumer » 284 . Ce capitaine polonais fait parti à l’été 1803 de la garnison de Jérémie, commandée par le général Fressinet, lorsque cette ville est bloquée par les rebelles du général noir Ferrou. N’ayant plus qu’une garnison de sept cents hommes, aux trois quarts polonais, capables de tenir une arme, et presque à cours de vivres, le général convoque un conseil de guerre le 1er août pour évoquer l’évacuation de la ville. Malheureusement, il n’a pas les moyens d’évacuer toute la garnison, et devra laisser derrière les cent quarante Polonais détachés à la citadelle et les quarante Français tenant un poste avancé. En bref, Fressinet se propose de les abandonner à leur sort, sans les prévenir ... Seul le chef de bataillon Heurtand s’oppose à ce projet, demandant même à partager le sort des infortunés, mais le conseil entérine malgré tout la proposition. L’évacuation se fait donc dans le plus grand secret, afin de ne pas alerter le détachement de la citadelle. Seuls deux officiers, les capitaines Zymirski et le lieutenant Rusiescki, venus transmettre des documents ou chercher des ordres, découvrent la vérité. Loin de prévenir leurs camarades, ils font pression pour obtenir une place, entrant sans scrupule dans la conspiration. Rusiescki parvient même à obtenir le passage de sa femme et de ses enfants. Le 3 août de bonne heure, l’évacuation se fait en silence. Le détachement de la citadelle ne se réveilla à temps que pour voir Fressinet s’éloigner dans une barque. Mais avant de partir, le capitaine Blumer prend le temps de vendre les effets des officiers de son bataillon morts de maladie ou dans les combats : il dispose même, sur ordre de Fressinet, d’un des huit bâtiments de transport pour son seul personnel administratif. On peut imaginer que celui-ci était fort réduit, vu l’état du détachement polonais de Jérémie : pourquoi alors bénéficier d’un bâtiment complet, alors que la place manquait pour emporter les hommes de la citadelle (ses compatriotes) et du poste avancé ? On peut supposer qu’il emmenait avec lui ce qu’il n’avait pu vendre, et qu’un arrangement avait été conclu avec le général Fressinet … D’ailleurs, la rumeur courrait après l’évacuation de la ville que Fressinet avait vendu à prix d’or aux habitants des passeports pour embarquer sur les bâtiments de l’évacuation, mais qu’au moment du départ « il s’en [les embarcations des civils] était emparé pour y mettre ses propres effets et ce qu’il a pu de soldats, en laissant à terre ceux qui avaient payé et leurs effets » 285 . Le butin fut prit par les Anglais en tentant de quitter la rade de Jérémie, mais Blumer parvint à rejoindre le Cap « où il s’est joint à Kobylanski 286 , capitaine de la 113 e demi-brigade, de la même espèce, qui de même a ramassé et vendu toutes les affaires des officiers morts de la 113 e demi-brigade, et a touché la solde de 6 mois des officiers restants de cette brigade qui étaient envoyés à Palo-Prima, et de 3 mois des soldats » 287 . Une fois à terre, Blumer écrit à Rochambeau pour le supplier d’envoyer un bâtiment dégager les laissés pour compte de l’évacuation, se proposant même pour commander le détachement qui irait à leur secours. A cette date, aucun secours ne peut leur être envoyé, et Blumer le sait sans doute, cherchant seulement à se dédouaner vis-à-vis d’éventuelles critiques à venir, ou même uniquement pour soulager sa conscience … Quant aux soldats abandonnés à Jérémie, les Français sont pendus 288 le 4 août à l’entrée des troupes de Ferrou, alors que les Polonais sont bien traités, le temps pour eux d’être évacués. Les Allemands et surtout les Polonais qui servaient dans l’armée française étaient généralement bien vus des insurgés, qui les traitaient avec générosité et tentaient de les enrôler dan leur armée. Ferrou avait d’ailleurs dans ses rangs un contingent de soldats de ces nations, ralliés à la rébellion. Dessalines lui-même, lorsqu’il organisa les bandes rebelles en une armée organisée, forma une garde personnelle de déserteurs polonais et d’Allemands … Fressinet pour sa part fut conduit à la Jamaïque, où il s’attela immédiatement à la rédaction d’un journal destiné à le blanchir des accusations de lâcheté qui n’allaient pas manquer de s’abattre sur lui pour avoir abandonné ses hommes pour sauver sa peau. Rien n’y fit : rentré en France, il passa devant une commission militaire qui ne statua rien faute de témoins, mais Fressinet resta en disgrâce, sans emploi et interdit d’approcher de Paris jusqu’en 1810. Quant à Heurtand, son sort reste inconnu, à moins qu’il ne s’agisse, très probablement, du commandant Hurtaux 289 , officier d’artillerie de marine réformé servant à Saint-Domingue dans l’infanterie, et qui rentra en France dans l’année.

Pierre Chazotte, un colon propriétaire de la « plantation Gondole », donne l’opinion suivante du général Fressinet : « c’est un voleur à épaulette (…) une sangsue à or et argent » 290 , précisant que le général extorquait des droits de passage à tous les civils qui souhaitaient quitter la ville avant sa chute. Le même Chazotte jugeait déjà Sarrazin, le prédécesseur de Fressinet au commandement de l’arrondissement de Jérémie, incompétent et corrompu.

Et lorsqu’ils ne peuvent s’accaparer l’arriéré de solde ou les effets des morts, ils peuvent encore dépouiller les vivants, comme Lavalette du Verdier qui regroupe à Cuba les rescapés de l’évacuation de la partie française en vue de rejoindre le général Kerverseau à Santo Domingo : « Il nous a joué un tour de scélérat (…). [Il] nous promit de nous faire payer plusieurs mois de solde. Effectivement, il fit l’emprunt au gouverneur espagnol de quatre mois de solde ; il reçut 50.000 francs, mais, plutôt que de nous les donner, [il] alla jouer avec les Espagnols [et] perdit notre solde » 291 .

Quant à ceux qui ne pillent pas directement, ils sont généralement couverts de présents par leurs subordonnés qui s’adonnent à ce sport, à l’image des nombreux présents fait à Rochambeau par le commissaire des guerres Benoît Chassériaux : une caisse de cigare le 11 mai 1803, une malle le 28 du même mois, … Cela ne lui évitera pas d’être finalement arrêté le 25 août et ses comptes vérifiés par une commission spéciale. Malheureusement, il « oublie » d’emmener avec lui les livres en question lors de sa présentation devant la commission. Il est finalement défendu par le citoyen Lanchamp, anciennement payeur général de l’armée, qui explique qu’il ne s’agit que d’une erreur … Il semble avoir été relâché peu après 292 .

Suivant l’exemple de leurs généraux, les officiers de moindres rangs se livrent également au pillage et aux exactions. Mais un chef d’escadrons n’a pas toute l’impunité d’un général, comme le montre la mésaventure du chef d’escadrons Provin, commandant l’ « escadron expéditionnaire » 293  : ce sont certains des cadres de son propre escadron qui se plaignent au général Desfourneaux, commandant leur division,  pour que soient punis « les quelques scélérats qui déshonore le régiment en se livrant au pillage » 294 , au premier rang desquels Provin. Ils rapportent ainsi que deux chasseurs ayant volé les outils d’un tonnelier alors qu’il s’était absenté de son échoppe, ce dernier était venu trouver le chef d’escadrons pour se les faire restituer : Provin sortit alors son pistolet qu’il plaça sur la tempe du civil, le menaçant de lui brûler la cervelle … D’autres plaintes, quotidiennes, émanant du chef d’escadrons de gendarmerie Jolicoeur et de divers officiers et civils de l’arrondissement lui valent finalement d’être arrêté et déféré devant une cour martiale le 22 mars 1802 295 . Il semble qu’il ait simplement été condamné à être renvoyé en France …

Provin n’est pas seul dans ce cas : nombre de chefs de brigade, d’escadron ou de bataillon font un séjour par les prisons pour diverses malversations. Ils sont la plupart du temps relaxés sur intervention d’un divisionnaire ou du capitaine général appelé à leur rescousse, les cas les plus graves étant simplement renvoyés en France : l’adjudant-commandant Thouvenot est arrêté et même cassé de son grade pour des « propos inconvenants » 296 (malheureusement inconnus) à l’égard du capitaine général, mais est rétabli dans son grade sur intervention du général Salme auprès de Leclerc ; parmi les chefs de brigade, Allix de Veau pour avoir prétendument employé à la restauration d’une maison récemment acquise des matériaux destinés au parc d’artillerie, Mathieu est enfermé deux mois sur un navire sans jugement pour des tractations financières douteuses 297 , Baudin 298  est emprisonné sans en connaître la raison ; des commandants, Naverres est enfermé du 27 juin au 12 juillet 1802 avant d’être élargi par Rochambeau sans procès 299 , Charrier de Bellevue pour dettes dans la même affaire que Mathieu 300 , Hautière pour collusion avec l’ennemi 301 , Margeret est le sujet permanent de plaintes de la part 302 des notables de son arrondissement, tout comme le sont Guibert fils et Galbois 303  ; le directeur des hôpitaux Salmon est jugé pour malversation par une commission militaire qui l’acquitte, mais Rochambeau rejette le verdict et fait traquer ce fonctionnaire qui déserte, échappe au général Lavalette du Verdier lancé à sa recherche, puis disparaît totalement malgré la fouille de tous les navires 304  ; les capitaines Chaponel 305 , Ploy 306 , etc., passent eux aussi un temps par les prisons de la colonies, comme beaucoup d’autres ... Le citoyen Cavin, adjudant de place « qui s’est permis de frapper des contributions sur les habitants de la ci-devant partie espagnole de Saint-Domingue, et notamment une de 1400 gourdes, sur la commune de Neybe, sera traduit sur-le-champ des prisons du Cap dans celle de Santo Domingo, livré à une commission militaire, et jugé suivant la rigueur des lois » 307 .

A la Guadeloupe, le préfet Lescalier écrit en novembre 1802 une longue lettre au ministre de la Marine et des Colonies afin de faire opérer un prélèvement sur la succession du général Sériziat, afin de compenser le trop perçu par ce dernier pendant son séjour à la Dominique et à la Guadeloupe. Après de savantes démonstrations mathématiques, le préfet affirme « qu’ il resterait encore à reprendre sur cette succession une somme de 20.848 fcs. 40. J’ai chargé le chef d’administration et particulièrement le contrôleur de s’informer des moyens provenus de cette succession, qui est administrée sans doute par les formes militaires, afin de voir s’il y a moyen de couvrir le Trésor Public de ce déficit. Je ne perdrai pas cet objet de vue. ( …) Et je vous cite ceci, comme un nouvel exemple de la nécessité des ordres les plus sévères de la part du gouvernement pour contenir les chefs militaires dans leurs attributions et régler leurs prétentions » 308 .

Les officiers de marine ont un autre moyen de gagner de l’argent de manière peu scrupuleuse : ils cherchent à vendre comme esclave à Cuba, Puerto-Rico ou aux Etats-Unis les prisonniers noirs ou de couleur qu’ils sont chargés de déporter sur le continent. Le gouverneur de Puerto-Rico s’en plaint d’ailleurs à Leclerc, affirmant que le capitaine Broit a essayé de vendre « quatre-vingt cinq nègres de la Guadeloupe » 309 , et que d’autres tentatives ont eu lieu le long de ses côtes. Comme celui de Puerto-Rico, les gouverneurs voisins refusent, sans doute peu désireux de faire travailler sur leurs propriétés des leaders insurrectionnels potentiels … Ce phénomène est plus fréquent chez les capitaines en station à la Guadeloupe qu’à Saint-Domingue, car ces derniers privilégient rapidement les noyades aux déportations.

Même les officiers subalternes, sous-officiers et simples soldats portent sur leurs généraux un regard extrêmement critique, comme Lemonnier-Delafosse : « Comment ces généraux, si braves, ont-ils pu préférer les richesses à la gloire ? Est-ce que l’or possèderait la vertu de corrompre même les plus nobles cœurs ? (…) Quelles causes influèrent si malheureusement sur leurs résolutions ? Etait-ce la conservation de leurs richesses ? Mais ils les eussent bien plus facilement sauvées … » 310 .

Notes
254.

Darne-Crouzille, Op. Cit., p.325

255.

Lettre ouverte de Pélage Marie Duboÿs, 28 avril 1803

256.

Chesnau de la Mégrière à Ludot, 21 mai 1803, A.N., CC9B22

257.

Lettre ouverte de Pélage Marie Duboÿs, 20 mai 1803

258.

Fontal, Op. Cit., p.43

259.

Six (Georges), Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la Révolution et de l’Empire (1792-1814), Paris, Georges Saffroy, 1934, 2 volumes

260.

En 1806, Masséna commandait l’armée d’Italie. Avec son chef d’état-major Solignac, il vendait illégalement des licences de commerce à des bâtiments faisant entrer des marchandises anglaises (donc de contrebande) dans le royaume de Naples. Il avait alors amassé une fortune de trois millions de francs, placée dans une banque de Livourne. L’apprenant, Napoléon lui demanda de bien vouloir faire un prêt gracieux d’un tiers de cette somme au Trésor Public. Masséna s’insurgea, plaidant la plus extrême misère pour justifier son refus. Napoléon fit alors saisir la totalité de la somme directement auprès de la banque. Apprenant que l’Empereur lui avait volé ses « petites économies », Masséna tomba malade. C’est le seul cas connu de maladie de ce maréchal particulièrement robuste …

261.

Lattre (Philippe-Albert de), Campagne des Français à Saint-Domingue et réfutation des reproches faits au capitaine général Rochambeau, Paris, Locard, 1805, p.115

262.

Dumont à Rochambeau, 7 janvier 1803, A. N. Colonies 135.AP carton 2

263.

cité in Darne-Crouzille, Op. Cit., p.327

264.

Begouën-Demeaux, Op. Cit., p.222

265.

Ibid

266.

Lettre ouverte de Pélage Marie Duboÿs, 20 mai 1803

267.

Lettre ouverte de Pélage Marie Duboÿs, 3 juillet 1803

268.

Anonyme, Précis historique des annales de Saint-Domingue de l’année 1789 à l’année 1799, publié par Gabriel Debien, 2 volumes. David Geggus attribue ce précis au même Pélage Marie Duboÿs, substitut du procureur général du Conseil Supérieur de Port-au-Prince et auteur de la passionnante lettre ouverte citée ci-dessus …

269.

Begouën-Demeaux, Op. Cit., p.201-202

270.

Peyre-Ferry, Op. Cit., p.42-43

271.

Begouën-Demeaux, Op. Cit., p.208

272.

Brunet à Rochambeau, 6 mai 1803

273.

Anomyme [Duboÿs ?], Précis historique …, Op. Cit.

274.

Ibid

275.

Ibid

276.

cf. Infra, p.92

277.

Lettre ouverte de Pélage Marie Duboÿs, 18 août 1803

278.

Ibid

279.

Beaubrun-Ardouin, Op. Cit., p.256

280.

Labattut à Perroud, 12 avril 1803, cité in Darne-Crouzille, Op. Cit., p.273

281.

Attestation des habitants du Gros-Morne, 23 juillet 1802, S.H.A.T., B75

282.

Les habitants de la commune du Gros-Morne à Leclerc, 6 juillet 1802, S.H.A.T., B75

283.

Huin et Lachaise à Brunet, 22 juillet 1802, S.H.A.T., B75

284.

Capitaine commandant la 6e compagnie, 2e bataillon, 114e demi-brigade (ex-2e demi-brigade polonaise), et officier polonais le plus gradé à Jérémie, donc en charge du détachement de la 114e.

285.

Begouën-Demeaux, Op. Cit., p.222

286.

Officier d’habillement de la 113e demi-brigade (ex-3e demi-brigade polonaise). Celui-là même venu au secours de la veuve (non reconnue comme telle) du général Jablonowski.

287.

Romanski à Dombrowski, 19 décembre 1803, Archives centrales de Varsovie, cité in Darne-Crouzille, Op. Cit., p.157-158

288.

Et parmi eux un certain capitaine Menou, peut-être un proche du général de l’armée d’Orient …

289.

Aussi orthographié Hurto, Hurtaux, Heurtaux, Herteaux, …

290.

Chazotte (Pierre Etienne), Historical Sketches of the Revolution and the Foreign and Civil Wars in the Island of St. Domingo, New York, William Applegate, 1840, p.35. Colon exilé aux Etats-Unis (où il devient instituteur à Philadelphie) à l’indépendance d’Haïti, il publie cet ouvrage en anglais : l’expression employée est “an epaulated robber (…) a real gold and silver leech”.

291.

Beaudoin, Op. Cit., p.87

292.

Rochambeau’s Papers n°1892, 1900, 2049, 2075, 2077 & 2304

293.

Escadron attaché à la Légion expéditionnaire : administrativement rattaché au 19e Chasseurs à cheval, il était en fait composé de quelques sous-officiers de ce régiment qui encadraient des « mauvais sujets » tirés de la dite Légion.

294.

Les chasseurs du « 19e Expéditionnaire » à Desfourneaux, 10 mars 1802, S.H.A.T., B73. La lettre est rédigée et signée par le fourrier Duval.

295.

Desfourneaux y fait référence le jour même dans une lettre à (Pierre) Boyer, S.H.A.T., B73

296.

Salme à Thouvenot, 2 mai 1802, S.H.A.T., B74. Malheureusement, la teneur exacte de ces propos est inconnue, mais tout porte à croire qu’ils visaient le capitaine général …

297.

Rochambeau’s Papers n°2191 & 2251

298.

Baudin à Rochambeau, 18 novembre 1802, Rochambeau’s Papers n°1339

299.

Naverres à Rochambeau, 27 juin 1802, Rochambeau’s Papers n°561

300.

Mme Charrier de Bellevue à Rochambeau, s. d., Rochambeau’s Papers n°2191

301.

Hautière à Thouvenot, 22 novembre 1802, S.H.A.T., B78

302.

Margeret à Rochambeau, 5 juillet 1802, Rochambeau’s Papers n°584

303.

cf. Infra, p.122

304.

Rochambeau’s Papers n°405, 590, 603 & 2233 et Peyre-Ferry, Op. Cit., p.132

305.

Chaponel à Rochambeau, 5 juillet 1802, Rochambeau’s Papers n°962

306.

Rochambeau’s Papers n°1288 & 1293

307.

Ordre du jour de l’armée de Saint-Domingue, 13 mai 1802, S.H.A.T., B74

308.

Lescalier à Decrès, 16 novembre 1802, cité in Ballaguy, Op. Cit., p.223-225

309.

Ramon del Cano à Leclerc, 30 octobre 1802, Rochambeau’s Papers n°1265

310.

Lemonnier-Delafosse, Op. Cit., p.112