3.2 - Les bourreaux

En plus d’une fortune malhonnête, certains officiers de l’armée expéditionnaire trouvent aux colonies un moyen de donner libre cour à des pulsions véritablement sadiques …

La période de commandement de Leclerc n’est pas sans exécutions arbitraires. Et ce dès les premiers instants : Rochambeau débarquant le 4 février 1802, s’empare dans la foulée de Fort Dauphin. Le jeune aspirant de marine Lemonnier-Delafosse, qui participe à l’assaut avec les troupes de marine (ce qui lui vaudra une blessure et un séjour de plus de sept ans dans l’île), assiste à la conclusion de l’opération : « la garnison, prisonnière, fut passée au fil de l’épée » 311 . Plus au nord, la division Hardÿ se lance sur les traces des troupes de Christophe qui ont incendié la ville en se repliant à l’intérieur des terres : au cours de la poursuite « le général Salme s’empara d’un camp ennemi avec les bagages et passa deux cents hommes au fil de l’épée » 312 . Plus loin dans le même rapport, il signale sans émotion un autre massacre, celui de ceux des hommes du commandant rebelle Lamartinière qui échouent à percer au travers des lignes françaises lors de la sortie de la garnison de la Crête-à-Pierrot : « Les misérables furent passés au fil de l’épée » 313 . Plus tard, Leclerc écrit au premier Consul, alors que l’insurrection redémarre : « je fais des exemples terribles et puisqu’il ne me reste plus que la terreur, je l’emploie sur les révoltés, j’en ai fait pendre 60 hier ; aujourd’hui tout est dans un ordre parfait » 314 . Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1802, alors que le Cap est assiégé par les rebelles du général Clervaux et de l’adjudant-commandant Pétion, qui servaient encore dans l’armée française encore une semaine plus tôt, Leclerc fait embarquer à bord de la flotte les quelques mille hommes de couleur de la 6e demi-brigade coloniale qui composait la moitié de ses troupes, car il doute de leur fidélité. Parmi eux, le chef de bataillon Jacques Clervaux, frère du général noir. Mais voyant la bataille à terre tourner en la défaveur des troupes expéditionnaires de Leclerc, les marins noient impitoyablement tous leurs prisonniers. Ce geste cruel envers des troupes qui étaient restées attachées aux Français, toute douteuse que fut leur fidélité, est d’autant plus barbare comparé à l’attitude de Pétion, quelques jours plus tôt : alors que Clervaux et lui font défection avec leurs demi-brigades coloniales, il fait enclouer les canons des artilleurs français attachés à leur brigade, mais renvoie ceux-ci sains et saufs vers leurs lignes …

Brunet écrit d’ailleurs sans que cela soulève la moindre critique que le chef de brigade Grandet a « usé de ruse pour (…) prendre et (…) faire fusiller » 315 plusieurs « brigands », de sa propre autorité, sans jugement ni en référer à ses supérieurs. En fait, la réalité est bien plus sinistre encore puisque Grandet, qui avait organisé des pourparlers avec les rebelles, a arrêté ses invités au mépris de sa parole et les a fait non pas fusiller, mais étrangler 316  ! A la mi-octobre, la défection de Clervaux et Pétion met en danger tout le système défensif français, le général Lacroix, qui tient Fort Dauphin avec un millier d’hommes dont huit cents de troupes noires, reçoit l’ordre d’évacuer la place et de rallier le Cap par mer. Il s’embarque avec ses deux cents soldats blancs et ceux de couleur restés fidèles, et toute la population blanche et mulâtre de Fort Dauphin qui craignait de tomber aux mains des rebelles. Arrivé au Cap, Lacroix écrit : « Les premières paroles que me dit le général Leclerc en m’accueillant firent saigner mon cœur : ‘Général, qu’avez-vous fait ? (…) vous arrivez avec une population de couleur quatre fois plus nombreuse que les détachements européens que vous me ramenez ; vous ne savez donc pas que ces gens sont des tigres, des serpents que vous apportez dans notre sein ?’ » 317 . Lacroix ne dit pas pourquoi son cœur saigne, sans doute pour ménager la mémoire de Leclerc, mais le jeune chevalier de Fréminville en donne la raison : « une grande partie de la garnison nègre du Fort Dauphin, restée fidèle à la France et qui lors de l’évacuation de cette place avait été ramenée au Cap [en fait, surtout des civils comme on l’a vu] par le major-général Pamphile de Lacroix fut à son arrivée conduite en rade à bord du vaisseau le Swift Sure [Swiftsure] et, la nuit suivante, noyée sans autre forme de procès par l’équipage même de ce vaisseau, qui prêta sans hésiter son ministère à cette horrible exécution » 318 .

Lorsque le général Sarrazin fait route pour prendre le commandement en second de l’arrondissement des Cayes sous les ordres du général noir Laplume, à la mi-mars 1803, sa colonne de renfort tombe dans une embuscade. Alors qu’il résiste et poursuit sa progression pas à pas, l’ennemi cesse le feu et envoie un parlementaire, avec la revendication suivante : « Nous désirons de vivre en paix avec vous, à condition que vous enverrez hors du département, le général Laplume, et le colonel Berger, qui commandent aux Cayes, et qui ont fait noyer plusieurs centaines des nôtres » 319 . Laplume n’est pour rien dans les noyades, si ce n’est en n’osant pas s’opposer à son subordonné Berger de peur d’être accusé de favoriser les rebelles. Néanmoins, il n’hésitait pas à pendre quelques rebelles pris les armes à la main, comme en témoigne Fréminville : « le général Laplume fit prévenir M. de Péronne qu’il devait faire pendre ce matin même quelques nègres assassins et incendiaires et [qu’il désirait] mettre à cette exécution un certain appareil pour en imposer à la population noire » 320 . Mais Berger n’agit pas seul, il peut également compter sur l’exécuteur de ses basses œuvres, le lieutenant de port Kerpoisson. C’est lui qui emmène en mer les prisonniers désignés par Berger pour les jeter à l’eau pieds et poings liés. Dans le mois qui suivit l’arrivée de Sarrazin aux Cayes, Kerpoisson reçu la rançon de sa cruauté. Revenant de transporter des munitions à Jérémie, il est abordé et capturé par des corsaires de Dessalines : « garrotté, fouetté, jeté à la mer pour lui rappeler seulement les noyades qu’il exécutait aux Cayes, il fut pendu aux Quatre-Chemins des Cayes ; on mit sur son cadavre un écriteau ayant ces mots : ‘Le crime ne reste jamais impuni’ » 321 . Il est au moins tout à l’honneur de Sarrazin, général malhonnête 322 et pillard s’il en est, de faire cesser ces exactions aux Cayes pendant la brève période de son commandement. Berger restera calme quelques temps, mais trouvera en la personne du successeur de Sarrazin un nouveau complice : d’Arbois de Jubainville, dont on a déjà vu les nombreux crimes et méfaits.

Dès l’avènement de Rochambeau, les exécutions prennent un caractère systématique, voire génocidaire 323 , comme l’écrit le capitaine Rapatel, aide de camp du général Brunet, quelques jours après la mort de Leclerc : « Si la France veut conserver cette colonie, il faut qu’elle y sacrifie encore 50.000 hommes, qu’on y égorge tout ce qui est nègre jusqu’à l’âge de cinq ou six ans. (…) sans ces mesures terribles et qui répugnent à l’humanité, mais on en a plus après six mois de colonie, pour les nègres. Depuis un mois nous en avons noyé près de 4.000, voilà, mon général, comme nous faisons la guerre avec ceux de l’intérieur, qui n’attendaient que le moment de nous égorger tous » 324 . Leclerc lui-même avait fini par se rallier à cette option peu avant sa mort, mais n’avait pas eu le temps ou le courage de la mettre en œuvre : « Voici donc mon opinion sur ce pays. Il faut détruire tous les nègres des montagnes, hommes et femmes, ne garder que les enfants au-dessous de 12 ans, détruire moitié de ceux de la plaine et ne pas laisser dans la colonie un seul homme de couleur qui ait porté l’épaulette. Sans cela jamais la colonie ne sera tranquille et au commencement de chaque année, surtout après les saisons meurtrières comme celle-ci, vous aurez une guerre civile qui compromettra la possession du pays » 325 . Lorsque Rochambeau renvoie en France son chef d’état-major, le général « Pierre le Cruel » Boyer, il lui donne plusieurs requêtes à faire au gouvernement « Il [Boyer] demandera le retour des noirs envoyés en France pour les supplicier ici, après qu’on y aura corroboré les codes noirs en donnant aux maîtres le droit de vie et de mort sur leurs esclaves. (…) Il instruira le ministre du bon effet que fera, ici, le renvoi de Toussaint-Louverture, Rigaud, Bellegarde, Pinchina, Martial Besse, Pascal ainsi que tous les coquins blancs ou noirs qui ont agité les colonies, afin de les y faire pendre. Il y ajoutera qu’il faut exterminer dorénavant tous les anciens généraux, officiers ou soldats, ainsi que les anciens fermiers, il laissera même entrevoir qu’on doit faire peau neuve dans la colonie » 326 . Non seulement Rochambeau n’a pas assez de ses victimes locales, il veut encore que la métropole lui renvoie ceux que les déportations de Leclerc ont mis hors de sa portée ! Fréminville, qui était le camarade de bord de son fils Philippe, donne cette description du nouveau capitaine général : « il était dur, implacable et cruel. Dès qu’il fut à la tête du gouvernement de Saint-Domingue, la guerre y prit un caractère atroce ; elle devint non seulement une guerre de partis, mais encore une guerre de couleurs. D’une part comme de l’autre, point de quartier aux prisonniers. Rochambeau rivalisa de barbarie avec les chefs des nègres et si ces derniers sciaient entre deux planches tous les blancs qui tombaient dans leurs mains, leur arrachaient les yeux avec un tire-bourre, les brûlaient tout vif, etc., tous les nègres pris par les Blancs étaient impitoyablement noyés sans distinction d’âge ni de sexe, par ordre du nouveau capitaine général. Il avait conçu l’absurde et horrible projet d’anéantir dans l’isle la population noire toute entière. En conséquence, il faisait mettre à mort tous les hommes de cette couleur, même ceux qui n’étaient point fauteurs de l’insurrection » 327 . En plus d’augmenter en nombre, les exécutions de Rochambeau augmentent en « raffinement » : on a vu le cas de l’arène où se produisaient les chiens mangeurs d’hommes. « Sous le plus léger prétexte, on faisait noyer ou fusiller les nègres et les mulâtres qui donnaient la plus petite marque d’insubordination, dans les villes comme dans les campagnes. Au Cap, on surpassa les fureurs de Carrier 328 . On fit brûler vif des nègres condamnés à mort. On se permit l’atroce plaisanterie de proposer aux arrivants d’Europe, un morceau de pâté de nègre, avec le même sang-froid que si on eût présenté du pâté de lièvre ou de foies gras de Strasbourg » 329 .

Ainsi, on plaisante même de ces mises à mort sordides, comme le capitaine de la marine Tombarel, qui sort de la rade du Cap pour « mettre de la morue à la trempe » 330 , autrement dit jeter à la mer sa cargaison humaine … Rochambeau se permet même une farce macabre, en organisant un bal en mars 1803 où il invite les mulâtresses de Port-au-Prince. Lorsque celles-ci paraissent dans la salle de réception, elles la découvrent tapissée de noir, de draperies à têtes de mort et de cercueils : Rochambeau leur annonce alors, au grand amusement des colons blancs présents, qu’elles assistent là aux funérailles de leurs frères et époux. Ceux-ci furent noyés ou exécutés dans les jours suivants …

Lemonnier-Delafosse rapporte que tant d’hommes étaient noyés quotidiennement dans la rade du Cap que, malgré les boulets qu’on accrochait à leurs pieds, des cadavres remontaient régulièrement à la surface : « on vit (horrible spectacle !), les cadavres flotter dans la rade du Cap, et ces cadavres paraissaient blancs. La raison en est toutefois facile à déduire. Chez les nègres, le tissu cellulaire est noir, tandis que chez les blancs, il est rose ; la peau est donc la même chose chez les deux races. Or l’eau a la propriété de décolorer les tissus ; ainsi, elle enlève le noir à l’un, le rose à l’autre ; alors les corps, quelle qu’ai été leur couleur primitive, deviennent également blancs et verts après un long séjour dans les eaux » 331 .

A la Guadeloupe, la situation est sensiblement la même. Si Richepance se contente de déporter massivement les chefs rebelles, son successeur Lacrosse applique pour sa part des méthodes bien plus proches de celles de Rochambeau et du Moyen-Âge : « (…) La potence n’avait rien d’effrayant pour les coupables, mais la nature des nouveaux supplices fait aujourd’hui sur eux une impression dont les effets sont très sensibles. Les assassins sont rompus vifs, les incendiaires sont condamnés au feu » 332 . Le 20 octobre 1802, Lacrosse crée même un tribunal spécial chargé de juger rapidement les prévenus de rébellion. Il nomme le commandant Arnauld à la présidence de cette institution, et lui donne le 29 les consignes suivantes :

« L'objet principal, citoyen président, de la création du tribunal spécial, qui doit siéger à Sainte-Anne, est la punition des auteurs et complices des assassinats commis dans la nuit du 6 au 7 333 ;

En conséquence, vous y ferez traduire tout individu qui, d'après vos présomptions, serait prévenu d'y avoir participé directement ou indirectement.

Et comme les colonies doivent être régies par des lois spéciales, on ne peut, dans les circonstances extraordinaires où se trouve particulièrement la Guadeloupe, se dispenser de lui appliquer la rigueur de ce système et des principes qui la justifient.

Ainsi le genre de supplice à exercer contre les scélérats qui ont trempé dans le massacre de Sainte-Anne, doit offrir aux malintentionnés l'exemple le plus terrible.

Vous penserez donc comme moi, Citoyen, que le supplice de la potence n'expiant pas assez le crime de ceux des assassins que la loi condamne à la peine de mort, ils doivent être rompus vifs et expirer sur la roue.

Dans ce nouveau genre de supplice à exercer contre les grands coupables, il sera nécessaire que les jugements du tribunal soient précédés de considérants conformes à ceux qui ont motivé mon arrêté.

Les geôles de Pointe-à-Pitre et du Moule sont déjà encombrées   : il faut les déblayer le plus tôt possible » 334 .

On juge sur des présomptions, avec pour consigne de vider rapidement les prisons et de faire des exécutions un exemple. Le tribunal s’acquitta de sa tache en prononçant rapidement une centaine de condamnation à mort par pendaison, bâton et strangulation, bâton et autodafé, … Pendant que le tribunal condamnait, d’autres se chargeaient de le fournir en coupables, à l’instar du commandant Pillet : « Les brigands sont bien certainement presque tous des nègres d’habitations. Vous ne les connaîtrez que par des appels de nuit. En faisant fusiller le jour ceux qui ont manqué aux appels, vous tomberez à coup sûr sur des coupables. Quant aux noirs conjurés pour une explosion dont j’ignore le moment, ordonnez qu’on visite tous les noirs, et ceux qui sont épilés sont dans la conjuration. Ceux tués à Fleur-d’Epée et tous ceux qu’on prend le armes à la main sont épilés. Il serait bon qu’il y eût un ordre général » 335 . L’un des meneurs des troubles des 6 et 7 octobre, Barbet, préfère se suicider en prison plutôt que de subir le supplice auquel il avait été condamné. Deux de ses principaux complices, Barsse et Millet de la Girardière, comparaissent le 2 novembre. Le jour même, avant leur audition, l’un des juges écrit au commissaire du gouvernement : « Le tribunal vous invite à faire dresser de suite un échafaud sur la place de la Victoire, propre à faire rompre des assassins qui vont être incessamment exécutés à la Pointe-à-Pitre. Il convient aussi que vous vous munissiez de quelques cordes de bois pour en faire brûler quelques autres » 336 . Le premier inculpé avoue son crime, mais le second nie farouchement. Tous deux voient prononcer la peine de mort à leur encontre, ainsi détaillée : « Condamne Pierre Barsse à être rompu et brûlé vif sur la place de la Victoire à Pointe-à-Pitre ; ordonne qu’il sera à cet effet dressé un échafaud sur ladite place, où il sera exposé trois heures sur la roue.

Condamne Millet de la Girardière à être exposé vivant dans une cage en fer qui sera à cet effet dressée sur la même place de la Victoire, à Pointe-à-Pitre, jusqu’à ce que mort s’ensuive » 337 . Ce dernier supplice ne consistait pas uniquement à l’exposition dans une cage : le supplicié est, à l’intérieur de la cage, assis à cheval sur une lame tranchante, les pieds fixés de chaque côté dans des étriers. Il ne peut éviter le contact de la lame qu’en restant bien droit sur ses jambes. Mais au bout de plusieurs heures, voire d’une journée de cet effort, les muscles fatiguent et le condamné tombe inévitablement sur la lame, ce qui ne le tue pas forcément du premier coup. Une telle torture peut s’étendre sur deux jours …

C’est donc le règne de l’arbitraire à Saint-Domingue et la Guadeloupe. La Martinique, épargnée par les troubles, ne connue pas ces débordements. Selon Lattre, ardent défenseur de Rochambeau, « plus les personnes tiennent aux premières autorités, plus l’arbitraire qu’on exerce sans motif à leur égard est, en temps de troubles (…), utile au gouvernement » 338

Contrairement à ce qu’on lit souvent, Leclerc n’est en rien innocent. Comme le prouve sa lettre du 7 octobre 1802 à Napoléon 339 , il avait décidé comme Rochambeau l’élimination complète des Noirs de Saint-Domingue pour les remplacer par une nouvelle génération d’esclaves plus dociles. S’il s’est d’abord contenté de laisser faire ses subordonnés en les couvrant, privilégiant pour sa part une attitude en apparence plus conciliatrice pour tromper et déporter ses principaux adversaires, il en est peu à peu venu aux mêmes méthodes expéditives que Rochambeau. Même si Leclerc n’est pas forcément à l’origine de tous les massacres de prisonniers commis sous son commandement, il les couvre vis à vis du gouvernement, en assumant la responsabilité aux yeux de l’Histoire, comme dans cette même lettre du 7 octobre, où il écrit : « Un bataillon de la 11 e coloniale qui avait été réuni à la Légion du Cap, ayant fourni nombre de déserteurs, 176 hommes de ce bataillon ont été embarqués de Jacmel pour le Port-Républicain. Sur ce nombre, 173 se sont étranglés en route, le chef de bataillon en tête ». Cent soixante treize hommes décidant subitement de s’étrangler, eux-mêmes ou entre eux, tels les Zélotes de Massada ! Le plus difficile à croire dans cette fable, c’est que les marins qui se sont chargés de cette basse besogne aient laissé en vie trois d’entre eux … à moins qu’ils ne soient tout simplement parvenus à échapper au massacre en se jetant à l’eau ? La seule différence entre Leclerc et Rochambeau est que le beau-frère du premier Consul ne prit pas le même plaisir sadique, ni n’appliqua aux exécutions le même raffinement que le fils du héros de Yorktown. Mais surtout, il n’eut pas le temps et le courage, une fois sa résolution prise, de mener cette politique à son terme, ce qui ne fut pas le cas de Rochambeau …

Notes
311.

Ibid, p.42

312.

Leclerc à Decrès, 9 mars 1802, cité in « Rapport fait par le ministre de la Marine et des Colonies aux consuls de la République », B.N.F.

313.

Ibid

314.

Leclerc à Napoléon, 6 août 1802, Lettres du général Leclerc, n°108

315.

Brunet, à Leclerc, 24 août 1802, S.H.A.T., B76

316.

« Grandet a fait étrangler sept chefs de coquins », Clauzel à Thouvenot, 21 août 1802, S.H.A.T., B76

317.

Lacroix (gal Pamphile de), La révolution de Haïti, Paris, Editions Karthala, 1995, p.376

318.

Herpin, Op. Cit., p.113

319.

Sarrazin, Mémoires …, Op. Cit., p.158

320.

Herpin, Op. Cit., p.94

321.

Beaubrun-Ardouin, Op. Cit., p.386

322.

Sarrazin à la particularité unique dans les annales de l’Empire d’être mort … trois fois au cours de son existence ! La première fois à Saint-Domingue le 15 avril 1803, alors qu’une attaque de fièvre jaune le laisse dans un état sans doute de catalepsie puisqu’un avis de décès est rédigé et envoyé en France. « Ramené à la vie » par les soins d’une « vieille négresse », il obtient peu après de rentrer en France où il est maintenu dans des postes de seconde ligne jusqu’en 1810, époque à laquelle il fait défection aux Anglais. Il est alors condamné à mort par contumace, ce qui entraîne sa mort civile et donc l’annulation de tous les actes officiels par lui signé (dont son mariage). Remarié en Angleterre, il rentre en France en 1814, mais est condamné à dix ans de travaux forcés pour bigamie en 1819. Gracié trois ans plus tard, il s’installe à Bruxelles, où il meurt (pour de bon cette fois) en 1848.

323.

« Un génocide est l’extermination physique, systématique, intentionnelle et programmée d’un groupe ethnique, national, religieux ou racial. C’est un cas extrême de crime contre l’humanité ». Définition présentée à l’article VI du Statut de Rome, acte fondateur de la Cour Pénale Internationale (CPI). Si on ne peut pas réellement parler de génocide à Saint-Domingue puisqu’il ne fut pas mené à son terme, l’intention n’en était pas moins là …

324.

Rapatel à (général anonyme en France), 12 novembre 1802, S.H.A.T., B78

325.

Leclerc à Napoléon, 7 octobre 1802, Lettres du général Leclerc n°145

326.

Instruction de Rochambeau à Boyer, 24 avril 1803, cité in Boyer, Op. Cit., p.74

327.

Herpin, Op. Cit., p.113

328.

Tristement célèbre agent de la Convention, Jean-Baptiste Carrier est passé à la postérité lors de son passage à Nantes (1794) où sous prétexte de faire cesser la révolte de l’Ouest, il fait tuer ou noyer dans la Loire près de 30.000 personnes au cours de cérémonies macabres comme la « déportation verticale » ou autre « mariage républicain ».

329.

Sarrazin, Guerres civiles …, Op. Cit., p.455

330.

Herpin, Op. Cit., p.112

331.

Lemonnier-Delafosse, Op. Cit., p.65

332.

Lacrosse à Decrès, 16 octobre 1802,cité in 1802 en Guadeloupe et à Saint-Domingue : réalité et mémoires (Actes du colloque de Saint-Claude, 2-3 mai 2002), Aubenas, Archives départementales de la Guadeloupe, 2003, p.25

333.

Une insurrection noire avait ravagé une vingtaine d’habitations, les colons présents ayant été massacrés de manière barbare, sans distinction d’âge ni de sexe.

334.

Lacrosse à Arnauld, 29 octobre 1802, cité in Lacour (Auguste), Histoire de la Guadeloupe : 1798-1803, Basse-Terre, EDCA, 1976, p.413

335.

Pillet à Ménard, s. d., Lacour, Op. Cit., p.414

336.

Gatereau au commissaire du gouvernement, 2 novembre 1802, cité in Lacour, Op. Cit., p.415

337.

Condamnation de Barsse et Millet de la Girardière, cité in Lacour, Op. Cit., p.416

338.

Lattre, Op. Cit., p.113

339.

cf. Infra, p.52