4.4.4 - 1813 : la campagne de Saxe

1813, le crépuscule de l’Aigle, est l’occasion rêvée pour les vétérans coloniaux de rentrer en grâce. Peu mobilisés, comme on vient de le voir, pour la campagne de Russie, beaucoup vont être rappelés au service actif, souvent même au sein de la nouvelle Grande Armée en Allemagne, sous les yeux de l’Empereur. Au premier rang desquels on trouve Rochambeau en personne, finalement tiré de son exil pour commander une division de conscrits du Ve Corps ; La Poype, vieux compagnon de Bonaparte à Toulon, qui moisissait depuis six ans à Bourges, est envoyé prendre le commandement de la garnison de Wittemberg, qui des arrières de la grande armée passe dans les premiers mois de 1813 aux arrières de l’armée coalisée, assiégée ; de même pour Castella dans Pillau, qui doit capituler dès février 1813, et Berger à Dantzig ; Poinsot, Bourke, Lallemand, Dubreton et Arnauld sont rappelés de l’armée d’Espagne, (Pierre) Devaux de celle de Hollande, Fressinet de celle d’Italie ; Panisse et Lacroix des garnisons d’Allemagne ; Ménard qui était en disponibilité se trouve propulsé pas moins que chef d’état-major d’Augereau. De leur côté, Ambert est tiré de sa retraite pour servir en Hollande ; Ramel, Villet et Morgan en Italie. Les « coloniaux » font donc un retour en force fracassant sur le devant de la scène …

Il est à noter que le Ve Corps de Lauriston semble avoir été particulièrement stigmatisé : outre que ce général est lui-même originaire de Pondichéry et a été envoyé aux Antilles en 1805 pour attirer Nelson hors de la Manche, il compte parmi ses trois divisionnaires initiaux les généraux Lagrange (qui avait accompagné Lauriston aux Antilles en 1805) et Rochambeau (ex-capitaine général de Saint-Domingue), ce dernier ayant lui-même sous ses ordres, comme dix ans plus tôt à Saint-Domingue, le général de brigade Pamphile de Lacroix. Enfin, une quatrième division d’infanterie de ce Corps, en cours de formation au Printemps 1813, a pour chef d’état-major l’adjudant-commandant Panisse.

Mais les pertes terribles de cette nouvelle campagne nécessiteront le recours aux dernières réserves en hommes et officiers d’une France exsangue …