1.1.2 - L’armée de la Guadeloupe

La formation d’une armée expéditionnaire pour la Guadeloupe est arrêtée par la même note du 7 octobre 1801. Ce sont les 2,3,/66e qui sont désignés pour former le noyau de la garnison dans l’île et le 3,/15e demi-brigade de ligne à Tobago. L’ensemble est renforcé de quelques détachements : deux compagnies de cent hommes chacune du 3,/82e de ligne et dix-sept grenadiers de la 77e de ligne. A cela s’ajoute les deux tiers du 3,/37e de ligne, initialement destiné à la Martinique, mais débarqué à la Guadeloupe et balayé par la fièvre avant de pouvoir être finalement transféré vers sa destination première : au 22 septembre 1802, lorsque l’amiral Villaret le réclame, il ne reste plus qu’un officier et un soldat des quatre cent douze hommes de l’effectif initial !

La préparation de cette expédition est moins chaotique que celle de Saint-Domingue : les troupes ne sont pas embarquées depuis des mois comme une partie de celles de Saint-Domingue, et la réunion des bataillons se fait de manière beaucoup plus réfléchie. Le fait que l’organisation de cette expédition ait été laissée aux bons soins du général Gobert, lui-même guadeloupéen, en attendant la désignation du commandant en chef de l’expédition, y est sans doute pour quelque chose. Les trois bataillons de ligne complets désignés pour faire partis de la première vague sont tous tirés de demi-brigade anciennes et expérimentés, de même que le 3,/37e, présent « par hasard ». Quant aux détachements, celui de la 77e est pris parmi ses grenadiers, troupes d’élite d’une unité de conscrits, où l’on retrouve néanmoins la plupart des rares vieux soldats entrés dans la composition de cette demi-brigade avec les vestiges de leurs anciennes unités. Etant donné le très petit nombre d’hommes de cette formation embarqué, on peut supposer qu’ils auront été choisi avec soin, sans doute pour former le noyau de la Garde à pied du futur capitaine général. Quant à la 82e demi-brigade, elle a déjà été mentionnée plus haut … Enfin, on trouve un bataillon expéditionnaire, regroupant comme il se doit divers fonds de dépôt, ainsi que bon nombre de canonniers gardes-côtes pressés : en effet, comme le confirme le registre-matricule de l’unité, la majeure partie des soldats ont le grade de … « canonniers » 556 , et seront versés dans l’artillerie à la dissolution du bataillon.

La cavalerie de l’armée n’est formée que d’un détachement de quarante chasseurs à cheval du 1er régiment, ainsi que d’une poignée de hussards destinés, comme à Saint-Domingue, à former le noyau de la Garde à cheval du capitaine général.

Quant à l’artillerie, elle reste le meilleur élément, quoique peu nombreux : la première compagnie du 6e régiment d’artillerie, tous parfaitement entraînés. A cela s’ajoute un nouveau bataillon d’infanterie constitué de gardes-côtes, identique à ceux expédiés à Saint-Domingue.

Enfin, le gouvernement profite là encore de l’occasion pour se débarrasser des fonds de dépôts disciplinaires : un bataillon expéditionnaire est formé à partir de déserteurs français rentrés et de déserteurs étrangers, complété par quelques éléments tirés des dépôts de la Marine. Le tout est placé sous le commandement du chef de bataillon Pillet, lui-même émigré rentré et transféré de la Légion expéditionnaire !

Par la suite, outre les petits détachements identiques à ceux régulièrement acheminés vers Saint-Domingue, la Guadeloupe reçoit en mai 1805 le renfort du 1,/26e de ligne et du 3e bataillon colonial, formé au dépôt colonial du Havre.

Notes
556.

Légion expéditionnaire à la Guadeloupe - an X, s.d. (février 1802), S.H.A.T. 43Yc37