2.2.1 - La Légion expéditionnaire

Sans doute la plus emblématique de toutes, puisque pensée dès sa création pour le service outre-mer. Berthier propose la création de deux légions dans l’Ouest dès le 27 janvier 1800, mais la réunion des premiers éléments de la Légion expéditionnaire ne débute qu’à partir du 15 mars. Le nom n’est pas choisi au hasard : cette unité doit partir renforcer Kléber en Egypte, mais le gouvernement fait tout pour que les Anglais croient qu’elle va partir pour Saint-Domingue. Or une première Légion expéditionnaire avait été créée en 1766 à Saint-Domingue, vite rebaptisée Légion de Saint-Domingue, qui allait devenir le régiment du Cap en 1772. Elle doit être formée de trois bataillons d’infanterie légère, à une compagnie de carabiniers, une de fusiliers et huit de chasseurs chacun. Soit un peu plus de trois mille sept cents hommes au total, du moins sur le papier …

C’est à Rennes qu’elle est constituée, sous la direction du chef de brigade Fessler. Au 22 août 1800, elle compte trois mille trois cent vingt-neuf hommes :

- mille six cent cinquante-huit d’entre eux proviennent des bataillons auxiliaires départementaux, dont on a déjà parlé. Les conscrits représentent donc dès la création la moitié de l’effectif …

- un fond de troupes réglées est constitué autour de cent soixante-quatorze hommes tirés de la 71e demi-brigade de ligne et six cent quatre-vingt-quatre de la 77e. On a vu la valeur de ces unités, résumée cyniquement par Leclerc : « On m’annonce l’arrivée de troupes dans lesquelles se trouvent la 77 e . C’est un bien mauvais calcul que d’envoyer des troupes de nouvelles formations. J’ai déjà reçu ici la 71 e . Elle perd deux hommes sur un que perdent les autres. Vous m’envoyiez la 77 e . Il en sera de même. Ne m’envoyez jamais de recrues qui n’aient connu les fatigues de la guerre. Ce sont autant d’hommes perdus » 709 . Or, seuls des détachements de ces deux demi-brigades ont été versés à la Légion expéditionnaire. Beaudoin a justement assisté à leur sélection : « on a pris deux hommes par compagnie ainsi que dans la 71 e pour embarquer à bord de l’Invincible, vaisseau à trois ponts. Je ne sais pour quel motif, on a pris les plus mauvais sujets » 710 , et plus tard, mentionnant la capture de la Chevrette : « une corvette nommée la Chevrette (…) était sur son départ pour les colonies. Il y avait les hommes que l’on avait pris dans chaque compagnie comme mauvais sujets » 711 . Les hommes des 71e et 77e détachés à la Légion expéditionnaire sont donc le rebut, les « mauvais sujets », de deux formations complètement inexpérimentées.

- six cent quatre vingt-trois déserteurs étrangers allemands ou autrichiens, la qualification variant selon les occasions. Ce sont autant des volontaires étrangers que des prisonniers de guerre pressés. Ils ne semblent pas être non plus des troupes dans le meilleur état de préparation, et traînent derrière eux leurs femmes et enfants. Le 18 février 1800, Bonaparte écrit à Berthier : « Les 1.500 déserteurs autrichiens ne sont point armés ni habillés (…) » 712 ; et à Najac, commissaire ordonnateur à Brest : « Douze ou quinze cents déserteurs autrichiens (…) se rendent à Brest pour s’embarquer. Procurez-leur, par tous les moyens possibles, des effets d’habillement, même pris dans les dépôts de la marine » 713 . S’il précise « même pris dans les dépôts de la marine », c’est que ceux-ci sont destinés aux unités disciplinaires : les uniformes qui sont généralement distribués à ces troupes sont des uniformes usagés des troupes revenues d’Egypte ! Le même jour, dans une lettre à Bruix, il écrit : « Vous pourrez incorporer les prisonniers autrichiens dans les cadres de conscrits, afin de pouvoir exercer une surveillance sur eux » 714 . C’est dire la confiance en laquelle ils sont tenus, pour qu’on les place sous la surveillance de conscrits eux-mêmes prompts à la désertion… Enfin, une note émanant du cabinet de Berthier exprime bien l’opinion générale à leur sujet : « On parle d’y envoyer 1.500 [à Saint-Domingue] de ces étrangers, la plupart épuisés, exténués, et dont le sang est irréparablement vicié. Sous le rapport de l’humanité, se sont des hommes sacrifiés et qui mettront la mortalité parmi les équipages et dans le reste de l’armée » 715 .

- cent dix hommes sont tirés des prisons locales. Là encore, on a vu ce qu’il en était : ce sont autant des criminels de droit commun que de simples vagabonds, des « sans aveu », arrêtés sur les routes par la gendarmerie, ou des déserteurs et réfractaires repris.

- une vingtaine d'officiers noirs ou mulâtres attachés à la suite de la Légion, dont le gouvernement veut se débarrasser. Parmi eux, le sous-lieutenant Placide Toussaint-Louverture, fils du maître de Saint-Domingue. Ceux-ci, pour la plupart antillais et espérant retourner chez eux, font partie du plan de désinformation quant à la destination véritable de l’escadre de l’amiral Ganteaume.

Tout au long de l’Eté et de l’Automne, les troupes sont embarquées et débarquées au gré des annulations successives. La désertion et la maladie sévissent, mais elles ne sont pas les seuls fléaux à éclaircir les rangs : la corruption fait également des ravages. Un jeune soldat flamand s’en insurge : « Nous avons quitté le navire et nous campons à côté de la côte. Les Anglais se trouvent avec d'innombrables navires au large de la côte. C'est ainsi que les Français donnent beaucoup de congés aux soldats et aux matelots. Tout le monde ayant de l'argent peut acheter son licenciement » 716 . Au total, les trois bataillons de la Légion embarquent deux mille neuf cent quatre-vingt dix-huit hommes, auxquels s’ajoutent cent quatre-vingt-neuf artilleurs du 8e régiment d’artillerie à pied et deux cent soixante et un cavaliers du 19e régiment de chasseurs à cheval 717 . Sept cents légionnaires manquent déjà à l’appel lorsque l’escadre de l’amiral Ganteaume fait finalement voile le 24 janvier 1801. Mais elle entre en Méditerranée et se réfugie sans attendre à Toulon le 19 février, où elle est de nouveau bloquée. Un mois plus tard, un état de situation 718 donne les effectifs de la Légion à Toulon à seulement mille six cent quarante-huit hommes pour l’ensemble des trois bataillons ! L’escadre parvient finalement à sortir le 25 avril 1801, laisse le premier bataillon et l’artillerie en garnison à l’île d’Elbe, et poursuit sa route vers l’Egypte. Les deux autres bataillons tournent ainsi en rond sur la Méditerranée, avant de faire route vers la France, mais des avaries les détournent vers l’Espagne fin juin. Ils comptent alors à peine un millier d’hommes à eux deux 719 . Ils sont alors dirigés vers le Portugal avec leur escadron pour renforcer l’armée de Leclerc, puis plus tard l’infanterie sur Cadix alors que l’« escadron expéditionnaire » est rappelé en France. Pendant ce temps, le premier bataillon et l’artillerie sont rapatriés de l’île d’Elbe aux îles d’Hyères où ils n’ont « ni habits, ni solde, ni viande » 720 . C’est de là que ces différents détachements embarqueront pour Saint-Domingue, en ordre dispersé, sous le commandement supérieur de l’adjudant-commandant Pierre Devaux … A quelques exceptions près, la Légion ne s’attirera pendant son existence que des critiques pour sa discipline et même sa tenue au feu. Rebaptisée Légion de Saint-Domingue, c’est son premier bataillon qui assure la surveillance de Toussaint-Louverture, retiré dans sa propriété d’Ennery, que les légionnaires pillent régulièrement. C’est pour discuter avec Brunet du redéploiement de ces troupes que l’ancien maître de l’île est attiré dans un traquenard par ce dernier. Le 1er juin 1802, l’unité forme un quatrième bataillon par amalgame dans ses rangs de l’ancienne 10e demi-brigade coloniale de l’armée de Toussaint. Mais sa réputation ne s'améliore pas, pas plus que sa valeur militaire : « Je suis très mécontent de la Légion expéditionnaire et de la 79 e . Ce sont de mauvaises troupes » 721 . Le général Humbert n'hésitera d'ailleurs pas à convertir cinquante d'entre eux en brancardiers, mais là encore leur prestation attire les critiques : le général Brunet fait écrire à Humbert qu'il « ne peut approuver que le service de l’infirmerie se fasse par un détachement de la légion expéditionnaire ; d’ailleurs, les hommes que vous prenez ainsi sont plus aptes à mettre du désordre dans un hôpital que de soulager les malades et leur donner des soins que l’humanité seule peut faire supporter » 722 . Par suite des ravages de la maladie, la Légion amalgame successivement la 114e demi-brigade de ligne (ex-2e demi-brigade polonaise) et les deux bataillons francs de l’Ouest, sans compter les petits détachements de renforts reçus régulièrement des dépôts coloniaux de France. Pourtant, elle ne compte plus que quatre cent cinquante hommes à la capitulation de Rochambeau, au Cap, le 30 novembre 1803. Quelques éléments parvenus à rallier Santo Domingo, où se tient toujours Kerverseau, seront incorporés dans la Légion du Cap (ex-Légion de la Loire) : c’est la fin de la Légion expéditionnaire / de Saint-Domingue.

L’historique du corps ayant été dressé, intéressons-nous de plus près aux hommes le composant. Pour cela, j’ai consulté le registre-matricule 723 de l’unité au moment de son embarquement définitif pour l’Egypte, le 21 décembre 1800. A cette date, elle se compose de trois bataillons forts, respectivement, de mille seize, mille soixante-dix neuf et neuf cent trois hommes. Sur le total des trois bataillons, 39,5% des légionnaires est composé d’étrangers, le pourcentage par bataillon oscillant entre 37,8 et 42,1 %. Parmi ceux-ci, ce sont les Belges qui sont les plus représentés, 10,8% de l’ensemble des effectifs de la Légion, et plus particulièrement ceux provenant des départements de la Lys et de l’Escaut. Comme je l’ai déjà mentionné, de nombreux déserteurs autrichiens ont également intégré cette unité, pour environ 10,6% de l’effectif total. En fouillant plus avant le cas des Autrichiens, on découvre qu’il s’agit surtout de Hongrois (75% de la dénomination « Autrichien »), ce qui peut laisser à penser que ceux-ci n’étaient pas insensibles aux arguments républicains d’émancipation des peuples opprimés. Les autres étrangers viennent principalement, par ordre d’importance, des états allemands (hors Prusse), d’Italie, de Pologne et de Prusse. Parmi les nationalités plus hétéroclites, on trouve douze Turcs et huit Suédois. C’est une véritable tour de Babel, et on peut imaginer les problèmes que cela ait pu engendrer dans la chaîne de commandement … Le pourcentage d’étrangers est tel qu’à Saint-Domingue, le capitaine Peyre-Ferry dont le bataillon de la 71e demi-brigade faisait parti de la même division, celle de Rochambeau, que la Légion expéditionnaire, la mentionne en plusieurs occasions sous le nom de « Légion germanique » : « le 10 Ventôse [1er mars 1802] (…) à quatre heures de l’après-midi on a fusillé un chasseur de la légion germanique qui hier, étant soûl, avait provoqué un officier de son corps et lui avait porté un coup de couteau » 724 . Ainsi, la piètre opinion concernant cette unité était-elle partagée tant par les officiers supérieurs que par les soldats ou officiers subalternes.

Parmi les Français, l’écrasante majorité des membres de la Légion est originaire de Charente Inférieure : 16% de l’effectif total de la Légion, et 22,2% des Français. Après les habitants de ce département, les recrues de la Légion proviennent essentiellement de Haute-Vienne, d’Indre-et-Loire et du Calvados. Il s’agit là des bataillons auxiliaires départementaux que nous avons déjà évoqué.

Le parcours militaire de ces hommes est plus difficile à retracer, les détails étant maigres à ce sujet, c’est pourquoi je me suis principalement concentré sur la compagnie de carabiniers, c’est à dire la compagnie d’élite, de chaque bataillon.

Les carabiniers du premier bataillon, forts de cent trente-cinq hommes au 21 décembre 1800, sont ceux comportant le plus de soldats ayant déjà fait campagne, sous un drapeau ou autre. En effet, deux sous-officiers ont déjà servi et 28% des membres de la compagnie sont des déserteurs d’origine étrangère, principalement du Saint Empire Germanique, Prusse et Autriche comprise. Excepté ce fort recrutement allemand, il n’est pas de forte majorité nationale ou même régionale : les Belges et les membres des bataillons auxiliaires départementaux, qu’on a vu très nombreux dans l’ensemble de la Légion, ne représentent ici que 7,3% de la compagnie pour les premiers, 8,1% pour les seconds. Les sous-officiers, par contre, sont français à 89,4%, le reste (deux sous-officiers) étant belge. Au total, 19,2% de ces légionnaires d’élite sont des déserteurs repris, de la Légion même ou d’un autre corps, ramenés au dépôt par la gendarmerie. Quant au sergent-major commandant la compagnie, il se fait porter pâle au moment du départ …

Les carabiniers du second bataillon sont d’une autre trempe : 72,9% de l’ensemble des soldats du rang sont des conscrits inexpérimentés de l’an VII, provenant des bataillons auxiliaires départementaux, principalement de Haute-Vienne. En fait, tous les Français et Belges de la compagnie sont des recrues. Seuls quelques sous-officiers peuvent se vanter d’une certaine expérience militaire. Restent 27% de soldats étrangers (hors Belges), dont on peut supposer que la plupart sont des déserteurs. Une fois encore, les Allemands représentent l’écrasante majorité des légionnaires étrangers, hors Belgique. 13,5% de l’ensemble des carabiniers de cette compagnie sont des déserteurs repris.

La compagnie d’élite du troisième bataillon est en tout point semblable à celle du second bataillon. Sur vingt officiers, seize sortent directement des bataillons auxiliaires, principalement de Charente Inférieure, et quatre proviennent de la 77e demi-brigade, de toute récente formation. Dans la troupe, la situation est la même qu’au second bataillon : Français et Belges sont tous des recrues sans expérience. Seuls les 35% de recrues étrangères, principalement hongroises dans cette compagnie, peuvent pour certaines avoir une quelconque expérience militaire. Mais leur parcours antérieur à leur engagement dans la Légion étant inconnu, la valeur exacte de ces hommes reste globalement vague.

Il s’agit là des unités de l’élite de la Légion, regroupant théoriquement les meilleurs soldats ! Les compagnies de fusiliers sont donc, comme on peut l’imaginer, composées presque intégralement de recrues inexpérimentées, principalement des bataillons auxiliaires, mais aussi de Belgique. Le pourcentage de mercenaires étrangers est par contre moindre chez les fusiliers que chez les carabiniers. Quant aux sous-officiers, épine dorsale des armées, une bonne moitié provient des bataillons auxiliaires, qui eux-mêmes avaient été nommés dans ces bataillons « par le Directoire exécutif parmi les officiers surnuméraires, réformés et démissionnaires, si possible domiciliés dans le département » 725 . Si ces officiers peuvent donc avoir une certaine expérience, on ne peut qualifier d’idéal un encadrement formé de démissionnaires rappelés de force ou d’invalides réformés. Le reste des sous-officiers provient vraisemblablement des détachements tirés des troupes de ligne (71e et 77e demi-brigades) ou de quelques étrangers, surtout des Suisses et des Allemands (hors Autriche), sans doute jugés plus fiables du fait de la longue histoire entre ces mercenaires et la France. Enfin, il est à noter qu’il se trouve en moyenne un sous-officier par compagnie originaire des Antilles, le plus souvent de la Guadeloupe. Ils sont même plus nombreux dans les postes de sous-officiers que de simples carabiniers ou fusiliers : les premiers sont le plus souvent créoles, voire éventuellement mulâtres, les seconds portant la mention « nègre ». Le conseil d’administration de la Légion a-t-il sciemment élevé les Antillais blancs à des postes d’autorité du fait de l’orientation coloniale de l’unité ? C’est fort possible, espérant ainsi qu’ils feraient bénéficier à leurs hommes de leurs expériences des climats tropicaux : on a vu la croyance profonde de l’administration militaire française en l’« acclimatation » des troupes, et en le fait que des hommes habitués au climat chaud des Antilles pouvaient servir sans difficulté en Afrique et inversement …

Rentrés en France ou arrivés à Cadix, les bataillons et l’escadron de la Légion doivent remettre leurs effectifs à niveau en vue de l’expédition de Saint-Domingue. Mais dispersés entre Toulon, Cadix et Rochefort, le dépôt de la Légion à Lesnerez peut difficilement renforcer tous ces détachements. Le premier bataillon, à Toulon, convertit les artilleurs qui lui sont attachés en une petite unité d’infanterie d’état-major, et semble en revenir au système classique de l’incorporation de recrues directement depuis les bataillons auxiliaires locaux ou les prisons, ce qui expliquerait l’expression de « brigands de la Provence » 726 . Ce bataillon est d’ailleurs dans un état pitoyable, comme s’en émeut le général Meyer de Schauensee, chargé de sa remise en forme : « je dois plus particulièrement appeler votre sollicitude sur la Légion expéditionnaire. Ce corps que je porte à 1200 hommes est, vous le savez, dénué de tout. On l’a embarqué à Brest sans précaution et un séjour de 8 mois & 21 jours à la mer, pendant lequel il n’a rien reçu, l’a mis dans l’état de dénuement le plus affreux » 727 . L’escadron étant seul revenu au dépôt, il est le seul à être renforcé des recrues de celui-ci, injectées dans les cadres survivants du 19e Chasseurs à cheval. Les renforts destinés aux bataillons de guerre à Cadix formeront donc un bataillon de dépôt, qui sera transporté tel quel à Saint-Domingue, où il sera alors reversé dans les autres bataillons.

Ce bataillon de dépôt 728 , au 9 septembre 1801, compte sept cent quarante et un hommes. Parmi ceux-ci, cinquante-trois (7,1%) sont des prisonniers de guerre étrangers, dont huit sont des déserteurs repris de l’armée française. Cela signifie que ces huit hommes s’étaient déjà engagés dans une unité française après leur capture, mais qu’ils en avaient déserté, sans doute pour tenter de rejoindre leur pays. Cent trente-deux autres (17,8%) sont des déserteurs français ou belges repris, dont dix-neuf réussiront avec succès à re-déserter de la Légion cette fois. Cinq sont directement transférés de prison à la Légion. Soixante-six (8,9%) proviennent du dépôt du bataillon des Antilles. Le reste du contingent est composé de recrues locales, indifféremment conscrits ou vagabonds de l’Ouest … C’est de ce dépôt que le général Desfourneaux, chargé de former un bataillon expéditionnaire, écrivait : « je n’ai pris du dépôt que 73 hommes, mais la composition en est si mauvaise que j’aurais désiré que vous m’eussiez autorisé à n’en pas prendre » 729 . Au sein même de la Légion expéditionnaire, un soldat flamand confirme n’être pas en compagnie d’enfants de cœur : « je suis mal maintenant dans une légion avec beaucoup de monde. Ils attaqueraient un homme pour l'argent. Ce n'est pas étonnant car nous n'avons plus été payés déjà quatre mois » 730 . Embarqué sur la flotte, il essaye même de déserter avec d’autres légionnaires : « J'ai essayé de partir, mais nous nous sommes fait tirer dessus par les sentinelles et quelques-uns d'entre nous ont été abattus » 731 .

Sur l’ensemble de ce dépôt, soixante-treize hommes, soit presque 10%, en désertent sans être repris avant leur embarquement, et ce malgré les mesures prises pour les y maintenir !

Notes
709.

Leclerc à Bonaparte, 8 mai 1802, Lettres du général Leclerc n°60

710.

Beaudoin, Op. Cit., p.33

711.

Ibid, p.33-34

712.

Napoléon à Berthier, 18 février 1800, Corr. de Napoléon n°4606

713.

Napoléon à Najac, 18 février 1800, Corr. de Napoléon n°4608

714.

Napoléon à Bruix, 18 février 1800, Corr. de Napoléon n°4607

715.

Rapport anonyme au ministre de la Guerre, 23 mai 1800, S.H.A.T B71

716.

Joannes Pauwels à son frère Jacobis, 28 juillet 1800, Vlaamse Soldatenbrieven uit de Napoleontische tijd n°287

717.

Situation de la Légion expéditionnaire, 21 décembre 1800, S.H.A.T 43Yc150

718.

Situation de la Légion expéditionnaire et des divers troupes qui lui sont adjointes, 12 mars 1801, S.H.A.T B71

719.

Etat de la Légion expéditionnaire composant l’expédition d’Egypte aux ordres du général Meyer à l’époque du 16 Prairial an IX, 5 juin 1801, S.H.A.T B71

720.

Napoléon à Berthier, 21 juin 1801, S.H.A.T B71

721.

Leclerc à Napoléon, 19 février 1802, Lettres du général Leclerc n°34

722.

Thouvenot à Humbert, s.d. (sans doute juin-juillet 1802), cité in Baeyens, Op. Cit., p.98

723.

Situation de la Légion expéditionnaire, 21 décembre 1800, S.H.A.T 43Yc150

724.

Peyre-Ferry, Op. Cit., p.51

725.

Loi du 28 juin 1799

726.

Leclerc à Decrès, 13 septembre 1802, Lettres du général Leclerc n°127. Sans quoi on s’explique mal ce que ces brigands provençaux feraient dans la Légion expéditionnaire, qui se recrutait dans l’Ouest …

727.

Meyer de Schauensee à Berthier, 3 novembre 1801, S.H.A.T B72

728.

Inf. Légère. Dépôt de la Légion expéditionnaire, 9 septembre 1801, S.H.A.T 43Yc178

729.

Desfourneaux à Berthier, 28 janvier 1801, S.H.A.T B71

730.

Joannes Pauwels à son frère Jacobis, 28 juillet 1800, Vlaamse Soldatenbrieven uit de Napoleontische tijd n°287

731.

Joannes Pauwels à son frère Jacobis, 4 janvier 1801, Vlaamse Soldatenbrieven uit de Napoleontische tijd n°289