I. Les modèles gravitaires purs

Les modèles de type gravitaire sont les modèles issus de l’économie internationale les plus opérationnels dans une optique de prévision des flux de transport. Ces modèles reposent sur des fondements économiques consistants explicités par Anderson (1979), Anderson et van Wincoop (2003), Bergstand (1985, 1989) ou Deardorff (1998). Cette équation est couramment utilisée pour estimer les déterminants des échanges internationaux comme l’impact de la distance, d’une union douanière ou monétaire ou d’une langue commune (e. g. Frankel et Rose, 2002 ;Rose, 2000 ; Rose et van Wincoop, 2001). L’équation gravitaire est également un outil privilégié pour étudier la distribution de la demande de transport de marchandises. Parmi les travaux pionniers, un article de Nijkamp (1975) revient sur les fondements théoriques du modèle gravitaire en économie des transports.

Le modèle gravitaire a pu être appliqué pour prévoir la demande de transport. Le modèle NEAC (NEA, 1999) estime par exemple les flux de transport intra-européen de marchandises en 2020 à partir d’un modèle gravitaire. L’équation gravitaire est cependant un outil utilisé en priorité pour estimer la distribution des flux de transport à partir de données croisées. De nombreuses applications du modèle gravitaire cherchent à estimer les déterminants de la distribution de la demande de transport. Par exemple, Plat et Raux (1998) utilisent une équation de type gravitaire pour estimer l’impact des frontières sur les volumes de transport échangés. D’autre part, ces modèles ont un caractère dynamique limité : la distance entre deux pays, facteur de résistance le plus souvent utilisé dans ces modèles, ne varie pas dans le temps. Le modèle gravitaire a alors un intérêt limité pour la prévision de la demande de transport de marchandises à long terme.

Une variante dynamique de l’équation gravitaire consiste à utiliser non plus la distance comme facteur de résistance, mais les coûts de transport comme le proposent Finger et Yeates (1976), Geraci et Prewo (1977), Moneta (1959) ou, plus récemment, Hummels (1999) pour expliquer la distribution du commerce international. Une dernière variante consiste à estimer l’impact des infrastructures de transport sur les échanges (Bougheas et al., 1999)

Au final, les modèles gravitaires purs apparaissent comme des modèles relativement peu opérationnels pour prévoir la demande de transport de marchandises. Certains modèles, inspirés du modèle gravitaire, associent les dimensions de génération et de distribution des échanges en proposant une architecture susceptible de prévoir la demande de transport de marchandises à long terme. Ces modèles sont présentés dans la sous-partie qui suit.