Section 2. Les élasticités estimées en question

La section qui précède a estimé la relation entre la demande de transport de marchandises et l’activité industrielle ou économique à partir des modèles en taux de croissance de court et de moyen terme. Si le modèle de court terme est abandonné au profit d’un modèle de moyen terme, celui-ci pose néanmoins deux problèmes au chercheur. D’abord, le lissage des séries temporelles génère un biais d’auto-corrélation des erreurs. Ensuite, la constante estimée par les modèles de court terme est positive ou nulle alors qu’une constante négative est a priori attendue.

La présente section propose de revenir sur le second problème posé au chercheur par ces estimations, à savoir l’estimation d’une constante positive. Ce problème avait déjà été identifié par un travail du laboratoire d’économie des transports consacré à la demande de transport à travers les Alpes (LET, 1997b). Selon ce rapport, l’estimation d’une constante positive signifie que la demande de transport de marchandises augmente même en période de récession. Cette particularité s’explique par la déconnexion entre l’évolution des échanges extérieurs italiens et celle de la conjoncture économique observée depuis le début des années 1990. « A partir de cette date, la détérioration de la conjoncture industrielle tant italienne qu’européenne contraste avec l’expansion des échanges extérieurs italiens » explique ainsi le rapport (LET, 1997b, p.26).

Dans une première partie, l’étude des élasticités estimées corrobore l’hypothèse d’une spécificité des élasticités du transport alpin provoquée par l’évolution du commerce extérieur italien. Ensuite, la valeur des élasticités estimées est discutée en comparant les estimations réalisées à partir de la donne Alpinfo à de nouvelles estimations utilisant la donne Eurostat qui a la particularité d’être désagrégées par catégories de produits.