Conclusion de la section : vers une saturation des traversées françaises ?

Au terme de cette section, l’application du modèle de répartition modale et d’affectation d’itinéraire de LTF en utilisant les prévisions E+Q montre qu’il est probable de voir une saturation des infrastructures de transport routier de marchandises à travers les Alpes françaises autour de 2020. En revanche, cet exercice indique qu’il est relativement peu probable de voir une saturation des infrastructures de transport ferroviaire d’ici 2030 à condition toutefois de réaliser un ensemble d’aménagements capacitaires sur la ligne historique. Ces deux remarques amènent à penser que les capacités inutilisées des infrastructures de transport ferroviaire pourraient être mises à profit afin d’éviter une saturation des tunnels routiers français. Il convient alors de s’interroger sur l’efficacité d’un report du transport routier de marchandises vers un service d’autoroute ferroviaire à très grande échelle 23 . Il s’agit alors de savoir si la mise en place d’un service d’autoroute ferroviaire à très grande échelle sur la ligne historique pourrait retarder la saturation globale des traversées françaises.

Le modèle prévoit que la demande globale de transport terrestre de marchandises à travers les Alpes du Nord dépasse la capacité globale des infrastructures de transport existantes (55 millions de tonnes) entre l’année 2020 et l’année 2030, selon le scénario de croissance économique italienne considéré (Figure 43). Il n’est donc pas possible d’écarter l’hypothèse d’une saturation des infrastructures françaises de transport transalpin à horizon 2025. En d’autres termes, cette observation signifie que le report des volumes de transport routier de marchandises vers un service d’autoroute ferroviaire à très grande échelle (voire du transport ferroviaire pur) pourrait amener à retarder la saturation des infrastructures de transport existantes au-delà de 2020.

Figure 43. Evolution des volumes à travers les traversées françaises, tous modes confondus (en considérant trois scénarios économiques italiens)

Il existe donc un risque de saturation des infrastructures de transport existantes entre 2020 et 2030. En considérant un délai de huit à dix années pour réaliser une nouvelle infrastructure de transport à travers les Alpes, cette section justifie alors de débuter sa réalisation entre les années 2010 et 2015. La réalisation d’une nouvelle infrastructure de transport ferroviaire n’est toutefois justifiée qu’à condition de considérer qu’une partie du transport routier de marchandises se reporte sur un service d’autoroute ferroviaire à très grande échelle. Cette hypothèse rejoint alors la problématique de la compétitivité relative du transport ferroviaire ou de l’autoroute ferroviaire.

La présente section considère comme situation de référence un scénario à infrastructure de transport constante. Le modèle de prévision soutient l’hypothèse d’une saturation des infrastructures de transport entre 2020 et 2030, venant justifier la réalisation de nouvelles infrastructures de transport. Il convient alors de présenter les volumes de transport de marchandises prévus en considérant la réalisation d’une nouvelle liaison ferroviaire entre Lyon et Turin.

Notes
23.

Un service d’autoroute ferroviaire à très grande échelle est entendu comme étant un service dont les volumes transportés pourraient dépasser quatre millions de tonnes.