Les traversées du Sud des Alpes françaises

La principale traversée du Sud des Alpes françaises est la traversée littorale par Vintimille. Historiquement, cette traversée figure parmi les premières traversées transalpines utilisées par l’homme. Hyde (1935) explique que l’utilisation de ce passage est attestée bien avant l’époque romaine, par exemple pour le commerce de l’ambre. Après la conquête de la Gaule, les Romains en firent une voie de passage. Aujourd’hui encore, des ruines attestent de la présence des Romains dans la région comme le trophée d’Auguste à la Turbie qui célèbre la victoire de l’empereur sur les tribus locales.

La première voie carrossable a été réalisée sous l’impulsion de Bonaparte entre 1800 et 1810. Il s’agit de la Grande Corniche qui relie Nice à l’Italie en offrant de magnifiques panoramas sur la Méditerranée. Cette traversée atteint une altitude supérieure à 500 mètres au col d’Eze (512 m). L’objectif de cette voie avait pour Bonaparte une vocation militaire. La réalisation de cette infrastructure devait de faciliter le transport des troupes. Celui-ci ne souhaitait en effet pas renouveler l’expérience des énormes difficultés qu’il éprouva en traversant le passage du Grand Saint-Bernard au printemps 1800 pour rejoindre le Piémont et vaincre les armées autrichiennes à Marengo (14 juin 1800). Lors des premières campagnes d’Italie (1796-1797), Bonaparte avait d’ailleurs préféré contourné les Alpes par le littoral plutôt que de les traverser. La grande corniche est néanmoins peu adaptée aux besoins de vitesse. Ceci explique la réalisation de la moyenne corniche entre 1927 et 1939. La moyenne corniche a longtemps correspondu à la Nationale 7. Après la seconde guerre mondiale, la société ESCOTA a réalisé l’autoroute Esterel-Côte d’Azur entre 1956 et 1961. L’autoroute A8 est ensuite prolongée vers l’Italie par l’autoroute A53 d’abord jusqu’à Menton (1969) puis jusqu’à la frontière italienne (1981). Il existe par ailleurs une ligne ferroviaire le long du littoral méditerranéen. Celle-ci demeure toutefois sinueuse et est encore souvent à voie unique du côté italien.

A côté de cette traversée, il existe un ensemble de traversées plus au Nord, à travers les Alpes du Sud. En particulier, il convient de mentionner le col de Tende, une centaine de kilomètres au Nord de Vintimille. Ce passage correspond en premier lieu à un col routier (1871 m) qui permet de relier la vallée de la Roya en France à Limone et Cuneo (Coni) dans le Piemont. Le col routier est doublé d’un tunnel routier d’une longueur de 3182 m. Ce tunnel a la particularité d’être le premier tunnel routier à travers les Alpes puisqu’il a été réalisé en 1882. L’accès à ce tunnel est effectué par les routes N204 en France et S20 en Italie. Cet itinéraire est également emprunté par une ligne ferroviaire : la ligne ferroviaire de Tende. La réalisation de cette ligne a commencé en Italie (Cueno) en 1881. L’ouvrage principal de cette ligne est le tunnel ferroviaire de Tende, d’une longueur de 8099 m. Son percement eut lieu entre 1889 et 1898. La réalisation de cette ligne du côté français a commencé au début du vingtième siècle mais fut retardée par la première guerre mondiale. Ceci explique pourquoi la première exploitation d’un train sur l’ensemble de la ligne de Nice à Cuneo n’a lieu qu’en 1928.

Plus au Nord, quelques cols routiers permettent de relier la France et l’Italie. C’est par exemple le cas du col de la Lombarde (2350 m) au Nord d’Isola. Il s’agit cependant d’un col étroit et difficile d’accès. Au niveau du lac de Serre-Ponçon et de Barcelonette, le col de Larche (1948 m) permet également de rejoindre la vallée du Sturra di Demonte en Italie. Encore plus au Nord, le col Agriel (2744 m) relie le parc naturel de Queyras en France à la vallée du Variata. Enfin, à hauteur de Briançon, le col du Mongenèvre (1854 m) permet de rejoindre Sestrière par l’axe N94/S24. Cette traversée est parmi cet ensemble de traversées non littorales la seule qui ne soit pas une traversée d’importance négligeable. Selon certains historiens, Hannibal et ses éléphants auraient pu passer par le col du Mongenère. L’itinéraire d’Hannibal est toutefois l’objet de débats sans fin entre historiens. Celui-ci aurait en effet aussi bien pu traverser les Alpes par le col du Mont-Cenis ou celui du Petit Saint-Bernard dans le Nord des Alpes françaises. La réalisation d’une voie romaine par Pompée en 77 av. J.-C. restaurée le siècle suivant par Auguste est en revanche avérée selon les historiens. Plus tard, Bonaparte y aménagea une route carrossable entre 1800 et 1810 comme pour l’itinéraire littoral.

Il existe des projets de nouvelles percées dans le Sud des Alpes. Le rapport Legrand (1991) soutient par exemple une nouvelle traversée entre Cuneo et la vallée de la Roya (projet dit autoroute A58 ou A8bis). Le rapport Besson (1993) soutient de son côté l’hypothèse d’une nouvelle percée à travers le Mercantour, plus au Nord, vers le col de la Lombarde. Ces projets sont remis en question par le rapport Brossier (1998).