1-3 Médias et matérialisation symbolique de la guerre

Si en situation de guerre, aucune communication n’est possible entre les adversaires, la violence substituant les rapports de force à la mise en œuvre des rapports symboliques, il convient de souligner cependant que toutes les médiations ne disparaissent pas. En effet, la représentation symbolique de la guerre est assurée par les médias. Ce sont les médias et les stratégies de communication qu’ils mettent en œuvre avant, pendant ou après la guerre, qui représentent les espaces du politique et en assurent la matérialisation symbolique, même pendant la guerre.

D’abord, c’est la circulation de l’information qui institue l’espace du politique et de la représentation. Ce sont les réseaux et les parcours de la circulation et l’appropriation symbolique des identités politiques qui définissent les territoires sur lesquels s’exercent les pouvoirs et dans lesquels se fondent les identités. Ce sont, à l’inverse, les conditions et les modalités de la circulation de l’information qui définissent les enjeux des luttes contre les pouvoirs. C’est ce qui explique que la diffusion mondialisée d’ « images en boucle » de la crise du Golfe (août-décembre 1990) et la guerre (janvier-février 1991) ait donné à ces événements une ampleur considérable, en même temps que se confondaient, finalement, la dimension d’information de ces représentations et leur signification en terme de communication. C’est aussi ce qui explique l’importance des attentats contre les tours jumelles du Wall Trade Center le 11 septembre 2001, qui n’auraient pas eu leur signification sans la mise en scène dont ils ont fait l’objet dans les médias et qui les a instaurés comme faits de communication politique.

En donnant à la guerre une représentation symbolique, par ses images, par ses discours et ses stratégies, la communication lui donne une consistance et fait d’elle un enjeu de pouvoir.