Debarbieux considère que l'ethnicité constitue une dimension fondamentale de l'identité de tout individu car elle est « un processus actif, qui permet d'organiser les identités et les interactions, en décrivant les frontières et les relations des groupes sociaux. L’ethnicité est un des éléments dans la production relationnelle des cultures » 80 . Selon Debarbieux, c'est par le contact entre groupes ethniques et par la délimitation de leurs frontières que l'individu va construire la part ethnique de son identité. Celle-ci pourra alors être manipulée, déguisée, cachée ou exhibée, autrement dit l'acteur pourra jouer et tenter de l'adapter aux divers contextes rencontrés au cours de son existence, suivant ses désirs et ses besoins. Chaque acteur peut alors utiliser l'ethnicité dans le déroulement quotidien de ses relations sociales en cherchant à exploiter et à imposer l'identité ethnique qui lui paraît la plus avantageuse en fonction du contexte. Cependant ces stratégies sont mobilisables et exploitables dans le cas d'une identité ethnique volontairement choisie, telle qu'il est possible de l'opérer dans les modèles de la nouvelle ethnicité ou d’un choix rationnel où l'instrumentalisation du fait ethnique rend possible cette construction individuelle. Mais ce « self-service » identitaire est beaucoup moins accessible aux membres des groupes pour lesquels l'identité ethnique est prescrite. Le jeu des identités va alors permettre de créer une division hiérarchisée de l'espace social en installant une logique de « différenciation sociale et politique d'une part, et d'inégalité structurelle, d'autre part» 81 . Cette division de l'espace social va permettre l'élaboration d'un système de pouvoir, de concurrence et/ou de discriminations. C'est par la cristallisation des identités ethniques individuelles que se forment les identités ethniques collectives, permettant ainsi l'existence sociale des groupes ethniques qui vont alors se mobiliser pour entreprendre des types d'actions variés.
DEBARBIEUX (Eric), GRANIER (Alix), MONTOYA (Yves), TICHIT (Laurence) ,(1999), La violence en milieu scolaire -2- Le désordre des choses, ESF, Paris, p.74
MARTINIELLO (Marc), L'ethnicité dans les Sciences sociales contemporaines, op. cit., p.18