Pour conclure

La représentation de la guerre ivoirienne à la Une des journaux confère à l'événement une dimension esthétique. A travers cette représentation de la guerre en Une, s'institue une sorte de poétique de la médiation écrite de la guerre, qui se fonde sur deux éléments de la langue, présents dans le discours médiatique. Le premier est le lexique, le choix des formes lexicales montrant une compétence, une culture de la langue propre à chaque journal. Ainsi dans la représentation de la guerre ivoirienne, souvent la différence des termes utilisés par Le Monde et Libération est à la fois une différence de compétence (les deux journaux ne mettent pas en oeuvre le même lexique, le même ensemble d'unité lexicale, pour rendre compte de l'actualité) et une différence de performance linguistique (les deux journaux ne mettant pas en oeuvre les mêmes logiques d'énonciation).

Enfin, nous avons, à travers le style propre à chaque journal, une médiation esthétique de l'identité du média, qui fait apparaître son identité à partir de son usage de la langue. En l'occurrence, s'agissant des journaux et la représentation médiatée de la guerre, il ne s'agit pas tant d'identifier la personne de l'énonciateur que d'identifier l'acteur politique et institutionnel dont se soutient l'information sur la guerre: il s'agit, par là, d'identifier le destinateur de l'information, c’est-à-dire le média. A ce propos, les titres sont, sans doute, la part la plus évidente, la plus forte, la plus identifiables, du style du médias, en ce qu'ils ont la fonction d'assurer l'accès linguistique à l'identité du journal.