1. 2. 1. Conséquences cliniques sur le comportement et la communication pour l’enfant

Les enfants polyhandicapés présentent souvent des troubles qu’on retrouve chez les enfants autistes de très bas niveau de développement. René Pry, André Guillain et Eric Pernon (2000), dans leurs recherches sur l’autisme ont mis en évidence la diversité des niveaux de développement autour du noyau autistique, suivant deux caractéristiques majeures observables :

  • L’autocentration avec des stéréotypies, balancements, répétition vocale, plafonnement du regard ;
  • L’exocentration qui correspond à une recherche d’actes de communication, sourire à l’adulte, vocaliser, toucher, regarder.

L’enfant polyhandicapé, de par ses troubles moteurs et sensoriels très précoces ainsi que son bas niveau de développement est exposé à la présence fréquente d’un noyau autistique qui représente un élément du polyhandicap, constitutif de sa difficulté à communiquer dans la dimension exocentrée pour reprendre les termes de Pry et al. (op. cit. 2000). On trouve de façon plus marquée une agitation kinesthésique propre au fait que le corps soit entravé qui se manifeste à travers :

  • Des troubles du comportement face à la non compréhension des messages ;
  • Une agitation psychomotrice ;
  • Des stéréotypies, balancements du tronc très rapides ;
  • Des cris, morsures, stéréotypies, automutilations ;
  • Une hypotonie ou de l’hypertonie, de la spasticité corporelle.

Ces dernières manifestations sont à rapprocher de celles que l’on trouve dans l’hospitalisme, décrit par Spitz (1968). Elles peuvent apparaître comme des actions ou des états toniques déclenchés par des réactions émotionnelles et peuvent devenir mal adaptés et pathologiques. Geneviève Haag (2000) fait remarquer que ces processus se retrouvent à la fois dans les psychoses régressées, l’autisme et les déficiences mentales graves. Ces mécanismes permettent, semble-t-il, un retour à un état d’identité très primitif. Ces mécanismes ont pu être interprétés comme des stéréotypies d’autostimulation en rapport avec des processus auto calmants. R. Pry et al. (2000) apportent une notion importante pour situer la diversité des tableaux symptomatologiques qu’ils rapprochent de l’ontogenèse de l’enfant typique dans les premiers mois de sa vie. Cette diversité correspondrait aux premières acquisitions qu’on observe dans le développement normal. Il y aurait donc une ultériorité des acquisitions au delà du noyau autistique dans la fonction exocentrée. On peut rapprocher cela dans ce que j’ai abordé ultérieurement comme espace de transmission et de transformation.