2. 1. 1. Les théories physiologistes

Les travaux de recherche se sont multipliés dans des disciplines diverses, avec des options parfois opposées. Dans les thèses physiologistes 1 qui sont des théories sur les mécanismes et les processus, le débat s’organise autour de l’origine de l’émotion. Est-elle centrale ou périphérique ?

James (1894) a mis l’accent sur les changements physiologiques propres au processus émotionnel et les attribue à une réaction périphérique (nous sommes tristes car nous pleurons). Cette théorie apportait quelque chose de nouveau car elle s’opposait aux théories qui voyaient dans la perception d’un fait la cause d’un sentiment qui alors entraînait une modification corporelle.

Par contre, pour Cannon (1927) le point de départ est dans le cerveau via la thèse de la décharge du système sympathique dans les états d'alerte de l'organisme (nous pleurons parce que nous sommes tristes). Pour réfuter la thèse périphérique, il s’appuiera sur la biologie et l’anthropologie, dans la stricte continuité de Darwin. L’émotion aurait une fonction biologique. Il prouve expérimentalement que les fortes émotions comme la peur ou la fureur sont centrées dans le cortex et déclenchent dans l’organisme de profondes modifications corporelles caractérisées par leur nature réflexe. Les modifications corporelles sont provoquées par une sécrétion importante d’adrénaline qui augmente le taux de sucre dans le sang, favorise l’afflux de sang et diminue ou élimine la fatigue. Les recherches de Cannon vont suggérer d’autres processus : les modifications organiques sont semblables lors d’émotions les plus différentes. Elles ne seraient pas différenciées car l’objectif est le même : préparer à la réalisation d’un effort important, fuite ou attaque par exemple. Les thèses physiologistes postulent que l’émotion peut se composer d’aspects observables et que l’éprouvé affectif est basé sur un concomitant physiologique.

Ces théories s’organisent autour du traitement de l’information qui vont introduire les débats sur les théories cognitivistes. Elle portent aussi sur les modifications corporelles et physiologiques différenciées selon les émotions et le rapport entre l’état interne et la perception d’une situation.

Notes
1.

Ces thèses sont citées en référence dans les « Textes de base en psychologie », sous la direction de Rimé et Scherer, 1989 et « Les théories des émotions : un bilan » Fridja 1989.