Le modèle de K. Scherer des processus composants

Scherer (1992) propose un modèle du déroulement des processus d’évaluation des évènements survenant dans l’environnement qui fait appel à toute une série de traitements de la stimulation dont les résultats déterminent la nature et l’intensité de l’émotion. Il part du principe que les états affectifs se composent de modifications de types d’états dans des sous-systèmes importants de l’organisme. Pour lui, si l’on peut décrire les formes importantes de ces sous-systèmes, il devient alors possible de souligner les combinaisons de modifications d’état qui se répètent dans le temps. Les sous-systèmes sont ceux de la motivation, du traitement perceptif et cognitif de l’information, de la motricité, du système végétatif. Il ajoute ceux qui correspondent aux « composantes encore très vaguement définies de la conscience ou de l’état subjectif dessentiments ».

Sur le plan méthodologique, Scherer propose un système de facettes ou variables pour effectuer la description des états affectifs, tout en soulignant que les travaux concernant la communication non verbale comportent des références très importantes par le nombre des observations. Les différentes composantes des émotions sont donc envisagées comme des états-types momentanés de sous-systèmes fonctionnels de l’organisme et il définit ce vécu comme des états de conscience ou du « devenir conscient ».

Sa théorie de la palette et des facettes des émotions est fondée sur une base empirique, issue des travaux menés dans un laboratoire européen : la collecte d’un vaste ensemble de données interculturelles sur l’expérience des émotions, à partir de son hypothèse théorique selon laquelle on peut rendre compte des expériences émotionnelles, à partir d’un système général de composants (« General Component System »). Ces développements traitent des informations de façon séquentielle, à la recherche des composants cognitifs liés à l’individu et la recherche de ces composants pour chaque catégorie d’informations.

Les séquences intervenant tôt n’ont pas besoin de traitement cognitif et se déroulent très vite. La réaction de sursaut par exemple a un rapport étroit avec un stimulus auquel l’organisme n’est pas habitué. L’évaluation positive ou négative figure de façon centrale. Selon Scherer, l’évaluation affective interviendra plus tôt que la dimension cognitive. Il évoque les thèses postulées par Zajonc (1980), selon lesquelles le caractère affectif est phylogénétiquement plus ancien que le jugement cognitif et décide du caractère agréable ou désagréable d’une situation. La capacité de maîtrise est la capacité de l’organisme à dominer les situations de stimulation par rapport aux buts qu’il poursuit.

Enfin, Scherer dans la dernière séquence débouche sur les émotions qui peuvent être en accord avec les normes, les attentes sociales ou les enfreindre. Elles pourraient se présenter sous forme de honte, de culpabilité, de mépris et divers aspects de l’image de soi.

L’analyse s’articule autour des cinq dimensions évaluatives :

  • Nouveauté 
  • Agrément 
  • Rapport avec le but poursuivi 
  • Possibilité de maîtrise
  • Accord avec les normes.

Les séquences de traitement de l’information sont rangées selon une complexité croissante. Cependant, l'expérience émotionnelle pourrait également résulter de processus d'évaluation simples, basiques et automatiques, qui sont ensuite élaborés cognitivement.

On prend cependant le risque d’exclure des aspects qui pourraient se révéler essentiels à la compréhension de l’ensemble des processus.

Ce type de méthode peut efficacement mettre en lumière des processus cognitifs conscients et de haut niveau, mais ne permet pas d'aborder une large part des processus d'évaluation susceptibles de se dérouler en dehors du champ de la conscience.

La possibilité selon laquelle il existe différents niveaux de complexité d'évaluation et que certaines émotions puissent être déclenchées par des facteurs non délibérés, non conscients et peut-être non-cognitifs se doit donc d'être envisagée. De même, il est probable que ces processus d’évaluation ne sont pas tous accessibles à la mémoire.

L’évaluation des significations perçues est une proposition des modèles cognitifs des émotions. Elle fait intervenir des dimensions et critères, qui précèdent l’activation du processus.

Le débat entre l’opposition, cognition et émotion au sujet de la signification perçue et des motivations a évolué. Les théories cognitives pures postulant que les émotions se déclenchent avec une influence cognitive ou les théories affectives pures faisant intervenir des critères non cognitifs et inconscients sont modulées. Il est admis qu’une évaluation nécessite des pré requis cognitifs, mais aussi affectifs et inconscients.

Scherer repose la question de la prévalence de la cognition ou raison sur l’émotion et clarifie le statut de l’émotion en tant que processus psychologique complexe. Le système émotionnel assure les différentes modalités d’évaluation des stimulations et alternatives de comportement. Son modèle des « processus composants » part du principe que les états affectifs se composent de modifications d’état dans tout l’organisme. Certains critères n’ont pas besoin de traitement cognitif. Ils se rangent selon une complexité croissante. Le traitement peut être global afin d’assurer une réaction adaptée. Le sentiment subjectif pourrait figurer le composant le plus important de l’évaluation.