Durant l’Antiquité 1 cohabitent deux conceptions opposées des émotions. Pour les adeptes du stoïcisme, l’émotion qui était assimilée à l’affect troublait la sérénité de l’âme en l’entraînant vers les passions néfastes. À l’inverse, pour les tenants du Catharsis, les émotions doivent être extériorisées pour pouvoir s’en défaire. Pour Platon, l’émotion est un obstacle à la raison et inhibe son développement. Il est donc impératif de la maîtriser. L’impuissance de l’homme à contrôler ces forces obscures apparaît en filigrane.
Aristote conçoit l’émotion tout autrement. Il est le premier à formuler sa dimension cognitive. Il considère que l’univers émotionnel de chacun n’est pas une force extérieure imposée à l’homme, mais une construction de ce dernier. Il a déjà l’intuition que l’homme se construit aussi par rapport à son milieu. Notre subjectivité découle en partie des valeurs auxquelles nous croyons et de nos connaissances personnelles. Pour ce dernier, la parole est un vecteur qui mène à la vérité. Il étudie les composantes du discours qui permettent de toucher ses interlocuteurs. Il en conclut que l’élément émotionnel a une influence non négligeable sur l’acceptation ou non du discours. Il observe alors que les arguments basés sur la seule raison ont moins d’impact que ceux d’une personne qui semble avoir des similitudes émotionnelles similaires à celles de son interlocuteur. Cette empathie, ce processus de congruence, influe sur la perception de la vérité du discours. L’émotion influence donc la raison et plus généralement la connaissance. Il influencera grandement Hippocrate et Platon. Cependant, il faut souligner qu’Aristote et les stoïciens reviendront à l’idée antérieure.
Hippocrate est, quant à lui, le premier à souligner la présence d’une interaction entre corps et pensées. Il suppose que les émotions, qui ne sont pas assimilables à la pensée, peuvent influer sur le bon fonctionnement. Il est le premier à formuler l’existence de symptômes psychosomatiques
Durant le Moyen-âge, les sciences seront utilisées afin de justifier ou de conforter l’explication religieuse de l’organisation du monde.
Références : COMTE-SPONVILLE, André, 2001, p. 650.