Conclusion

Ce chapitre rassemble différentes théories sur l’émotion. Darwin avait ouvert la voie à l’approche scientifique à la fin du 19è siècle à la lumière de la théorie de l’évolution, en faisant apparaître les comportements expressifs dans une valeur adaptative. Les actions et les états émotionnels sont destinés à avoir une signification pour l’environnement externe. Les changements physiologiques propres au processus émotionnel sont mis en évidence dans la décade suivante, mettant l’accent sur les changements internes, dans l’organisme, avec le fameux débat James-Lange (1890) et Cannon (1915). Les années soixante sont celles des fameux débats passionnés, propres à l’émotion, émotion opposée à la cognition ou au contraire cognition, partie intégrante de cette expérience émotionnelle, dont Fridja (1989) a pu dire qu’elle est conscience du bouleversement corporelet Sartre qu’elle exprime le tout de la conscience humaine.

Cette opposition, source de controverses, évoque par bien des côtés les oppositions philosophiques, émotions, maladies de l’âme, comme les désigne Kant dans son Anthropologie, ou émotions, ennemies de la raison, selon Descartes, émotions qui doivent être contrôlées pour laisser l’accès à la raison.

Les vingt dernières années sont celles d’un retour aux sources, les émotions sont d’origine centrale. Le point de départ est le cerveau. Damasio (1994) par le biais de la neurologie renoue avec la pensée philosophique par sa réflexion sur les liens existant entre corps et esprit, entre biologie et morale, sentiments et vie sociale.

Quelle est la signification humaine du sentiment, des notions de plaisir, de douleur, de souffrance ? Il va dénoncer cette conception de la dualité qui recouvre celle du pur esprit et son indépendance vis-à-vis du corps matériel.

La psychanalyse envisage les émotions en termes d’affects que Freud met au centre de son œuvre dès les années 1890. L’affect se transmet du corps au psychisme, se remémore, se reproduit, dans l’idée de la réminiscence et la reviviscence qui ouvrent la voie du transfert, puis du contre-transfert, c’est-à-dire du partage des émotions. Winnicott, quant à lui représente ce partage dans un espace de la subjectivation, espace transitionnel, espace potentiel mettant en évidence le partage, la co-pensée, l’appropriation des affects en soi et par autrui. Nous retiendrons cette notion de partage et de transmission dans cet espace de la communication émotionnelle.