3. 3. Rapport entre émotions négatives et connaissance

L’articulation entre émotion et cognition peut-elle aussi être transférée vers les positions défensives ? Ici se pose la possibilité de l’antériorité de certains types de mécanismes de défense primitifs à la constitution du moi et la permanence de l’objet, telle que l’a conceptualisée Piaget.

Comme l’évoque Selma Fraiberg (1981), en s’inspirant des thèses de Spitz, il y a des mécanismes de défense biologiques. Ils seraient réactionnels à des situations de détresse lorsque le bébé ne parvient pas à se tourner vers sa mère pour être apaisé, que celle-ci ne trouve pas en elle-même des réponses adéquates ou soit absente. Les défenses biologiques précèderaient les défenses psycho-biologiques. Elles ne seraient pas encore reliées à une mémoire évocatrice. Elles consisteraient, d’après les observations de Fraiberg, à éviter ou à inverser les schémas de conduite sociale qui apparaissent à chaque étape du développement. Par exemple, au moment où l’enfant peut avoir un contact et un échange visuel, il ne tourne pas les yeux vers sa mère. A partir du moment où il peut ramper ou s’approcher d’elle et aura un développement moteur qui lui permette de se déplacer, il n’essaiera pas de le faire, il n’essaiera pas non plus de lui sourire. De son côté, la mère a des réactions inattendues et c’est toute la relation qui est gravement perturbée. Fraiberg, à travers ses observations cliniques, identifie l’évitement comme un indicateur précoce de perturbation dans la relation mère-enfant. Par contre les signaux et systèmes émotionnels sélectifs peuvent être attribués seulement à une personne.

Lipsitt (1981) s’est intéressé aux effets des émotions négatives sur des comportements d’apprentissage qui peuvent être interrompus, à court terme ou à plus long terme en débouchant sur des retards intellectuels irréversibles si des expériences positives ne viennent pas les corriger. De même, cet auteur a illustré l’occlusion respiratoire comme expression et signal de détresse. Il a décomposé cette expression en plusieurs étapes successives : l’enfant produit un balancement de la tête, des sursauts violents, avec rejet de la tête en arrière puis vasodilatation et enfin des pleurs. L’émotion négative aurait une incidence sur le renforcement mnésique et sur l’attention.