Le développement de la conscience des émotions est lié à la maturation des structures nerveuses qui contrôlent les conduites

Au début de la vie, les réactions comportementales sont sous le contrôle des structures sous-corticales. Le développement des réactions hiérarchiques entre le cortex et les étages phylogénétiquement plus anciens s’accomplit essentiellement dans les deux premières années.

Les deux hémisphères jouent un rôle dans la reconnaissance et la production d’expressions faciales émotionnelles (Bruyer, 1983). La partie gauche du visage est commandée par l’hémisphère droit, la partie droite par l’hémisphère gauche. Les deux hémisphères sont impliqués différemment dans le traitement des expressions faciales. L’hémisphère droit semble avoir un rôle dominant dans le contrôle des mouvements spontanés émotionnels et probablement pour les expressions négatives. Celles-ci seraient plus marquées sur le côté gauche du visage, comme pour la tristesse par exemple. L’hémisphère gauche serait plus impliqué pour le contrôle.

Les travaux sur la maturation du cerveau, mettant en évidence que la myélinisation des fibres du lobe préfrontal ne s’achève que vers trois ans, confirment les thèses de Wallon. La maturation a pour conséquence, sur le plan des conduites une inhibition des réactions émotives primaires, ainsi qu’une intégration des réactions, c’est-à-dire des réponses qui rattachent l’expression des émotions à un traitement des informations. Cette thèse trouverait une confirmation dans les travaux qui citent les troubles et régressions cognitives et émotionnelles observées chez l’adulte à la suite de lésions corticales. Par exemple, les lésions des lobes frontaux entraînent des troubles de la reconnaissance, des déficits importants dans les apprentissages, une impulsivité qui ressemble à celle du nourrisson.

D’une manière générale, le côté gauche du visage est plus expressif que le côté droit, étant donné la prédominance de l’hémisphère droit dans la production émotionnelle. Les lésions du cortex préfrontal gauche entraînent des troubles importants du langage et des capacités d’abstraction, en même temps que des dépressions et une anxiété avec des crises de larmes.

Les sujets au cerveau lésé sont alors apathiques indifférents ou euphoriques.

Cependant, la forte réceptivité émotionnelle des très jeunes enfants et leur intérêt pour le visage humain suggèrent que cette période est très sensible à des interventions préventives. La signification émotionnelle d’un stimulus peut être évaluée par le cerveau avant que le système perceptivo cognitif n’ait eu le temps de traiter l’information complète sur la nature même du stimulus. Si l’on tient compte du fait que l’émotion est une réaction complexe de l’organisme à un état donné de l’environnement qui a pour effet de modifier cette situation, alors on peut se poser la question des mécanismes acquis, à partir des renforcements dans les assemblages d’interactions, de telle sorte que les mêmes réactions seront émises à la prochaine survenue de la situation.