Conclusion

Les concepts d’émotion, d’affect, de sentiment recouvrent certaines interrogations qui se recoupent. On peut parler d’états émotionnels pour rendre compte de l’ensemble des processus dynamiques qui vont s’intégrer par un processus de liaison. Dans l’expérience subjective de l’émotion, les relations entre l’enfant et son environnement caractérisent sa tonalité. Dans l’incorporation des changements, l’émotion fait office de lien. Il est probable que pour l’enfant handicapé, elle participe à l’adaptation à son état. Sachant que l’adaptation est initiée par les proches, la dépendance mutuelle émotionnelle active joue un rôle d’organisateur des états émotionnels.

Les hypothèses, soit d’une synthèse entre émotion et cognition soit d’une séparation des deux systèmes ne sont pas plus défendables l’une que l’autre. Les modèles des apprentissages ou des théories affectives ne permettent pas de trancher en faveur d’une thèse ou de l’autre. Pour Wallon, les émotions sont des facteurs de changement cognitif et de niveau de conscience. Les stades de développement retracent cette dynamique et la cognition s’intègre dans le développement. Ces facteurs dépendent des structures de relation avec le milieu, de la maturation des structures nerveuses et du lobe préfrontal qui exercent un rôle sur l’attention ainsi que la concentration sensorielle. Force est de constater que les processus de changement émotionnel s’appliquent à des périodes de transitions et s’accompagnent de changements cognitifs.

Les émotions négatives ou positives ont des incidences sur les apprentissages. Par ailleurs, les mécanismes de défense biologiques puis psychobiologiques attestent que l’affectif vient perturber les programmes de développement, soit pour les inhiber, soit pour les détourner. L’apport passionnant des recherches cliniques de Selma Fraiberg met l’accent sur les conséquences négatives des conduites perturbées de maternage, sachant que celles-ci peuvent s’instaurer autour des effets du développement perturbé des enfants.

Des régressions cognitives et émotionnelles apparaissent en cas de lésions cérébrales accompagnées de troubles des liaisons entre expressions émotionnelles et traitement des significations. On peut alors parler de déliaison entre les différentes modalités sensorielles dans le monde interne, entravant la conscience et de déliaison entre les affects et l’empathie dans l’espace interpersonnel.

L’intérêt pour ce débat permet de rappeler les difficultés méthodologiques de l’étude de la compréhension des émotions par autrui. Le recueil des données est à la merci de plusieurs biais et les faits collectés en laboratoire trouvent une validité écologique par les observations en milieu naturel. Le traitement théorique et pratique des données sur l’émotion, dans le domaine du déficit et du handicap va devoir requérir une vigilance quant aux méthodes d’approche et à leur traitement. La perception des émotions d’autrui dans un domaine non verbal fournit une illustration de la difficulté à repérer différentes positions d’approche de la compréhension d’autrui, surtout lorsque celui-ci ne peut s’exprimer par la parole.