Conclusion

Henri Wallon (1925, 1934) par sa notion de variations affectives du tonus qui évoquent celle d’affects toniques , précédant l’intersubjectivité, nous entraîne vers un univers dans lequel le corps est à la fois le lieu du ressenti et celui de la transmission. Voie d’expression, voie de transmission, le corps d’autrui, par la participation affective de l’émotion, mettant en jeu la motricité et les gestes, entre en résonance avec celui de l’interlocuteur. Dans le contexte ambiant, suivant les aspects dynamiques, il constitue un mode de connaissance et d’appréhension, qui peut ensuite se combiner avec un système cognitif et rationnel.

Trevarthen (2003), postule que le cerveau, dès la naissance, a une capacité d’interaction « cerveau à cerveau ». Lisa Ouss-Ryngaert (2004) de son côté, rappelle que la résonance en neurosciences, « se réfère à la capacité des neurones de répondre sélectivement à des stimuli répétés d’activité ». L’influence du fonctionnement cérébral sur les liens interpersonnels serait donc à étudier dans le sens où le cerveau se modifie sous l’influence des relations interhumaines. A contrario, un cerveau lésé prématurément peut entraîner des troubles de la relation. La perception des émotions d’autrui en cas de forte participation affective et motrice s’amorce par une activité cérébrale qui engage le récepteur dans une implication particulière.

Jacques Cosnier (1994, 2000) va plus loin que Suzanne Bloch, en introduisant autrui dans le mécanisme des effecteurs pour l’inscrire dans une perspective interactionnelle. Il ne s’agit pas seulement, ainsi qu’il le fait remarquer, d’échanger des signaux qui informent le partenaire, mais d’accéder à son état affectif par un mécanisme moins rationalisable et plus corporalisé. Son hypothèse dans ce registre est « que chacun s’identifierait au corps de l’autre, pris dans un sens global et dynamique, selon l’expression du modèle effecteur ». Ce modèle de l’échoïsation dans les analogies mimétiques, avec des changements en miroir des positions corporelles, produirait une identification manifeste souvent non perceptible et pouvant être qualifiée de « subliminaire ». La résonance est alors une condition qui va précéder le processus d’empathie.