5. Comment se faire comprendre : les voies de transmission

Introduction

La notion de compréhension inclut forcément l’autre. On se fait d’autant mieux comprendre que l’on comprend. Se faire comprendre, c’est se faire accepter comme sujet vivant des émotions et faire reconnaître ses messages comme perceptibles.

D’après le Petit Robert, l’étymologie se réfère à contenir, renfermer en soi, comporter, inclure, pénétrer le sens, se rendre compte de, bien se connaître et bien s’entendre, en latin, comprendere ; en grec, saisir, c’est contenir. Il y a aussi une action de différencier par l’esprit. La compréhension inclut le discernement, la reconnaissance ainsi que la différence.

Les deux aspects comprendre et se faire comprendre, liés à la communication non verbale, en l’absence de langage s’effectuent au moyen de modes d’expressions signifiantes suivant deux voies de communication :

  • En premier lieu, une voie d’échange des signaux émis : faciaux, vocaux, gestuels et kinésiques faits de variations physiologiques diverses, suffisamment différenciées pour pouvoir les identifier et leur donner une signification ou du sens. Cette voie est celle de l’identification des signaux.
  • En second lieu, une voie de partage corporalisée qui jouera un rôle affectif de l’ordre du ressenti interpersonnel à partir de l’hypothèse de Jacques Cosnier de « l’analyseur corporel».

En effet, si dans un contexte donné, les expressions se produisent avec une certaine stabilité, au cours de séquences relativement semblables, on pourra ensuite attribuer du sens aux émotions auxquelles les expressions se rattachent. Les expressions faciales, les gestes et les expressions sonores forment les signaux émotionnels qui sont les plus aptes à transmettre des informations affectives qui ont une signification.

Par ailleurs, le corps du partenaire servira de source à des représentations et des affects en « échoïsation » à celui de son interlocuteur. Le ressenti sera une deuxième source d’information.

Dans « se faire comprendre », je vais développer les critères de compréhension constitués par les variations et signaux divers qui constituent des messages :  

  • Les expressions faciales ;
  • Les variations kinésiques ;
  • Les expressions sonores.

Afin de développer ces points, je ferai un détour par la présentation d’instruments représentatifs d’auteurs qui défendent l’existence d’un nombre limité de catégories émotionnelles de base et considèrent l’expression faciale comme le « reflet de l’âme », en la présentant finalement dans une fonction d’interaction. Cependant, divers modes d’expressions restent néanmoins en suspens pour suggérer ce qui est transmis dans la pensée de l’autre, en tant qu’informations. Les mobilisations motrices, spatiales, temporelles sont aussi des formes interactives, ainsi que les manifestations sonores. Comment s’articulent ces différentes phénomènes relationnels qui feront éprouver des variations émotionnelles ?

La communication des affects consiste en échanges de signaux émotionnels susceptibles d’être codés et décodés par les partenaires de la communication. Parmi ces signaux, les expressions du visage et les postures ont un statut privilégié, apte à transmettre des informations affectives, mais aussi, les productions vocales, sons ou paroles.

L’étude des signaux expressifs permet d’étudier les émotions dans les domaines des interactions et de l’intersubjectivité, dans une approche dynamique. Rappelons que la perception de ces signaux va produire une mise en jeu du corps de l’interlocuteur qui aura un rôle important dans la compréhension émotionnelle. Il s’agit d’une part que l’enfant manifeste ces signaux et d’autre part que le partenaire affectif de l’enfant les reconnaisse, avec son onde porteuse.

La participation affective suppose d’une part l’existence d’une résonance puis de l’autre une reconnaissance. Antérieure à l’identification, nous la concevons comme la pré conscience de la présence d’autrui.