5. 3. 1. Pouvoir attractif du son

Nous accordons une attention importante au sonore dans l’expression des émotions. Les sons produisent une attraction sur le psychisme et témoignent d’une excitation qui se manifeste par l’intensité de la réaction.

Le pouvoir attractif de la consonance des sons ainsi que celui des paroles et du langage peut s’expliquer de différentes manières :

  • Les sons viennent dire des choses vécues et viennent se substituer à des éprouvés.
  • Les mots viennent transformer les sonorités en syntaxes qui symbolisent les éprouvés en les parlant et les mémorisant. 

Dans le langage musical, l’harmonie peut ressortir d’une théorie purement mathématique et objective, par la régularité des lois. Cependant, cela n’exclut pas un pur sentiment subjectif, par la sensation d’harmonie et la perception harmonieuse, lorsque les sons sont reliés d’une note à l’autre et nécessairement reliés à une troisième note dans un sentiment de parenté sonore. Au contraire, l’oreille perçoit comme dysharmonique une excitation désagréable.

La précocité de la perception sonore déjà présente dans le fœtus et son décalage par rapport au développement visuel, en fait un vecteur particulier de la relation au monde extérieur. Les sons primitifs comme les cris, les pleurs, les sons qui accompagnent les fonctions corporelles renseignent sur l’état du bébé tout autant que sur les interrelations. Cette réalité peut toutefois sous-entendre que le psychisme de l’enfant étant immature, la caractéristique du sonore est l’intrusivité et la psyché peut se défendre contre cette expérience psychique première. Ces éprouvés pourront plus tard s’inscrire dans le langage verbal, qu’ils soient agréables ou désagréables.

Le cri est une expérience sensori-motrice du sujet qui met en œuvre la respiration, le souffle, l’appareil phonatoire, les cordes vocales. Intimement lié à l’émotion. Il est destiné à être entendu de loin pour appeler au secours. Il peut être un cri d’horreur, de peur de joie, de surprise. Il y a aussi des cris d’indignation, de protestation. Associé à la douleur, il peut être un son de voix aigu. Il n’a pas spécialement d’intentionnalité. Le cri s’échappe de l’interne vers l’externe.

La relation entre l’expression sonore et la réaction physiologique associée à une réaction émotionnelle est importante. Des changements physiologiques sont articulés à l’état émotionnel avec le fonctionnement des appareils respiratoires phonatoires, articulatoires.

Des questions majeures sur l’expression sonore dans la communication, en lien avec la production d’un langage ont pu être mises en évidence, suscitant diverses pistes de recherche :

Comment l’émotion du locuteur est-elle exprimée dans la parole spontanée au niveau prosodique et au niveau lexical ? Quels sont les meilleurs indices acoustiques de la joie et de la tristesse, voix larmoyante sous le coup de stress par exemple. Dans quelle mesure la perception des émotions primaires, joie et tristesse est-elle universelle et quelles modifications trouve-t-on selon les différentes origines, enfants handicapés, adultes ? Comment le contour intonatif et la durée des stimuli vocaux influencent-t-ils la perception de l’émotion positive, comme la joie, ou négative, comme la tristesse ? L’émotion est-elle communiquée dans un énoncé de façon uniforme ou bien de façon différente, par exemple, en fonction des parties initiales médiane ou finale de l’énoncé ?

En ce qui nous concerne, nous traiterons de la valeur du cri comme première résonance émotionnelle, vitale, avant d’aborder les pleurs et le rire comme productions sonores expressives.