6. 2. 1. Imitation et perception

Gaddini 1 (2001) qui s’intéresse aux premières phases du développement et du développement de la vie psychique et aux objets précurseurs défend l’idée que l’imitation est tout d’abord rattachée à la perception et que la perception primitive est physiquement imitative.

L’imitation précéderait la construction de l’objet. Ce que le nourrisson perçoit, c’est la modification de son propre corps, en réponse à un stimulus. Le modèle biologique  imiter pour percevoir se change en son modèle psychique parallèle dans lequel  percevoir devient être .

Imiter pour percevoir  Percevoir devient être

En référence aux enfants autistes et psychotiques, il soutient l’idée que chez ces derniers, l’imitation est, soit manquante, soit extrêmement réduite. Ce constat est à mettre en parallèle avec l’évitement relationnel et la régression avec les relations aux objets inanimés. En revanche, il est possible que l’absence de motivation pour autrui soit aussi à l’origine de cette incapacité imitative, ce qu’on peut observer dans la relation clinique et clairement mis en évidence par des auteurs comme Stern (2004) et Trevarthen (2005) qui insistent sur le fait que l’intersubjectivité est innée ainsi que le système de motivation qui est primaire, essentiel.

Effectivement, les difficultés sensorielles des enfants polyhandicapés, plus particulièrement dans la communication autour de la mobilisation et des changements qui sont lents et souvent différés, les temps de variation expressive peuvent représenter des décalages dans l’imitation qui peuvent être compris comme une absence de motivation. 2

Néanmoins ces conclusions de l’absence d’imitation sont peut-être à réinterroger avec les travaux importants de J. Nadel (1986) qui reconnaît en l’imitation une des possibilités d’accéder au monde affectif de l’enfant autiste, donc d’une expérience subjective à laquelle il est possible de s’identifier comme réaction d’empathie qui permet au moins d’exprimer à défaut de ressentir.

Notes
1.

Eugenio Gaddini est un des pionniers du mouvement psychanalytique italien développé après la deuxième guerre mondiale. Ses travaux sur l’imitation et sur le mérycisme portent sur la dimension précoce de la psyché, du rôle de la phase « sans objet », phase anobjectale.

2.

Dans l’entretien d’admission dans l’établissement d’une fillette de quatre ans atteinte d’un syndrome d’Angelman, sa maman déplorait que sa fille ne l’ait jamais imitée, ce qui lui fit prendre conscience que son enfant était différent.