Les correspondances affectives : les communautés affectives

S’identifier introduit la notion de correspondances affectives entre un être et une communauté d’humains.

Quand Freud (1905) introduit ce concept d’identification en faisant référence au phénomène hystérique de contagion psychique, il fait la distinction avec l’imitation : « l’identification n’est pas simple imitation, mais appropriation fondée sur une étiologie commune, et se rapporte à un élément commun qui demeure dans l’inconscient ». Cette distinction implique l’idée que l’identification est un phénomène beaucoup plus complexe que l’imitation.

Par contre les développements ultérieurs ne font pas référence à l’imitation, mais se sont appuyés sur les concepts d’introjection et d’incorporation (Ferenczi, 1928). Ces deux concepts feraient référence à des modèles psychiques qui se construiraient en parallèle à des modèles physiques : avaler, mettre à la bouche. L’introjection intéresse la phase orale de l’identification et est orientée à partir de la réalité extérieure.

C’est à Mélanie Klein que nous devons d’avoir établi une différence entre l’identification projective et l’identification introjective et d’avoir souligné l’importance de ces deux concepts. L’identification projective, concept central de sa théorie, apparaît comme une projection des parties de soi dans un objet pour prendre possession de ce dernier. Les différentes valeurs de l’identification projective font d’elle une notion à double usage. D’une part, elle décrit des états pathologiques notamment dans la psychose et dans le délire. Mais d’autre part son champ revêt une normalité, voire une universalité. Cependant, cette hypothèse est indémontrable sauf si on admet que toute vie psychique prend naissance grâce à l’aide d’une autre vie psychique qui utilise son identification projective pour « rêver » l’existence d’un psychisme chez son enfant. Dans notre développement précédent, l’imitation se met au service de l’adaptation du Moi. Ainsi le bébé ne percevrait pas les stimuli, mais percevrait plutôt les modifications de son corps. On pourrait alors penser que l’imitation est une perturbation de l’identification par régression, si on concevait l’imitation comme une première étape de l’identification. Il est donc indispensable qu’un certain nombre de correspondances, de l’ordre de l’identification se mettent en place, pour que l’enfant se sente « compris » et reconnu. En ce qui nous concerne, que se passe-t-il si la mère ne peut établir de prévisibilité des mouvements affectifs de son enfant : lorsque l’enfant se développe d’une façon qu’elle ne connaît pas, de façon plus lente ou dysharmonique, qui déroute ses propres constructions et assises psychiques ; lorsque le bébé peut se figer et paraître inexpressif ; lorsqu’il ne bouge pas, ne regarde pas son visage et peut paraître parfois particulièrement insensible, enfin, lorsqu’il a un trop-plein d’excitations et ne se calme pas lorsqu’elle le prend dans ses bras.