8. 1. Problématique

Les relations avec l’enfant polyhandicapé posent de réelles difficultés de compréhension de leurs besoins et de leurs états affectifs à leurs partenaires, familles et professionnels. Le domaine des émotions va apporter un terrain d’investigation en vue d’améliorer les perceptions. Lorsque des liens étroits rattachant une personne à une autre peuvent influencer les voies de partage et de différenciation, il est permis de s’interroger sur la communicabilité des états émotionnels à travers différentes voies de passage, notamment lorsque les liens étroits rattachant une personne à une autre peuvent influencer les voies de partage et de différenciation. L’analyse de cette communicabilité est particulièrement importante lorsqu’elle implique un enfant polyhandicapé car les émotions constituent un paramètre important de la dynamique interactive.

On peut s’inquiéter alors du degré de réceptivité des parents et des autres partenaires affectifs mais aussi des soignants d’un enfant polyhandicapé qui sont tous soumis à des identifications perturbantes. En absence d’une influence extérieure régulatrice, le risque d’aboutir à des états d’épuisement ou d’angoisse en confrontation aux risques vitaux encourus par les enfants n’est pas négligeable. Ainsi va se poser la question des effets de l’intensité émotionnelle que la proximité avec l’enfant polyhandicapé peut induire, tout particulièrement dans les cas les plus lourds qui peuvent aller jusqu’à susciter des mécanismes de défense par fuite.

Cette recherche se propose de recueillir auprès des tiers familiers, avec des niveaux d’implication différente, leur représentation sur la façon de décoder les états émotionnels de l’enfant polyhandicapé soit six émotions de base : l’intérêt, la joie, la détresse, la colère, la surprise, le dégoût.

Notre intention est de recueillir la dimension des éprouvés affectifs correspondant à un partage émotionnel selon deux modes d’évaluation :

  • L’un est basé sur des données objectives, à partir de caractéristiques qui se dérouleraient selon une certaine prévisibilité dans le discours pour évaluer les émotions de base de l’enfant, à travers des signaux expressifs qu’il émet.
  • L’autre est basé sur un mécanisme moins rationalisable et plus « corporalisé » suivant l’expression de Cosnier. La finalité de la recherche est de participer à une approche de la compréhension des états émotionnels d’autrui lorsque ce dernier a de grandes difficultés à se faire comprendre ou présente des modèles expressifs nettement perturbés.

Compte tenu de la dissymétrie induite par l’implication d’un enfant polyhandicapé ayant des difficultés de communication, l’examen attentif de l’interaction entre les deux pôles essentiels de cette communication « comprendre et se faire comprendre » revêt une importance particulière pour améliorer la qualité de la relation.