9. 2. 1. 1. Nombre de variations du visage dessinées

Les deux variables indépendantes sont les émotions de base, suivant six modalités, et la place du partenaire suivant deux modalités, le fait d’être parent ou le fait d’être professionnel. La variable dépendante est la reconnaissance du nombre de variations dessinées par les différents partenaires, parent ou professionnel pour chaque émotion.

Tableau 5. Reconnaissance du nombre d’ expressions faciales dessinées par huit mères et huit soignants sur huit enfants polyhandicapés.
  Intérêt Joie détresse Dégoût Surprise colère Total
Mère 8 8 8 2 4 6 36
Soignant 4 8 6 2 0 2 22
Total 13 16 14 4 4 8 58
Figure 6. Reconnaissance des expressions faciales chez huit mères et huit soignants sur huit enfants polyhandicapés

Nombre de réponses :

  • Réponses des mères : 36 visages dessinés sur 48 proposés,
  • Réponses des soignants : 22 visages dessinés sur 48 proposés.

Il y a 58 réponses sur 96 au total. Lorsque le visage n’est pas dessiné, c’est que la personne ne sait pas si l’émotion est exprimée. Le dessin étant effectué au cours de l’entretien, il était accompagné par une verbalisation de la part des décodeurs qui précisaient lorsqu’ils ne dessinaient pas : « Non, là, il n’exprime pas l’émotion » ou « Cette émotion, il ne la ressent pas. » 

Le test du CHI 2 et le test exact de Fisher ont permis de comparer les productions de mères et celles des soignants. Les mères dessinent significativement plus de visages c’est-à-dire complètent plus les figures sur l’émotion faciale dessinée dans le visage que les soignants. On peut penser qu’elles perçoivent mieux les variations du visage et que le partage est plus facilité. L’expressivité personnelle des mères, lorsqu’elles dessinent est très impliquée.

CHI 2 = 6,042, 1 ddl,  p = 0,014 test exact de Fisher p = 0, 012.

Les mères et les soignants ont des approches très différentes de l’expression faciale des émotions de l’enfant polyhandicapé et sa discrimination, dans la représentation.

Les détails du visage représentent les variations perçues, « là, il fait comme cela ». Au niveau du nombre de détails du visage, si les mères dessinent plus de variations dans les visages, globalement et compte-tenu du petit nombre de participants, les différences en fonction de chaque émotion restent cependant en deçà du seuil de significativité statistique p = 0,05. CHI2 = 1,825, 1 ddl, p = 0,873.

Dans l’ordre décroissant, les émotions perçues par tous les proches confondus sont :

  • La joie est reconnue par tous
  • La détresse par 8 mères et 6 Soignants
  • La colère par 6 mères et 2 soignants
  • L’intérêt par 4 mères et 2 professionnels
  • La surprise par 4 mères et 0 professionnel
  • Le dégoût par 2 mères et 2 soignants.

La faiblesse du seuil de significativité statistique, exprimée par le CHI. 2 au sujet de la différence de perception des émotions prises séparément, à l’exception de la joie qui est reconnue par tous, entre les deux groupes, peut être attribuée à la difficulté de percevoir l’intention derrière les fonctions communicatives de l’enfant polyhandicapé dont on peut faire l’hypothèse qu’elles sont liées aux perturbations continuelles des interactions. Ces perturbations sont évoquées comme des ruptures dans la compréhension, des séquences hachées qui perturbent l’interprétation et la signification des expressions.

On peut en conclure que les phénomènes émotionnels sont décodés différemment selon la façon dont l’interlocuteur utilise sa propre structure psychique et la capacité d’autoréférence à ses propres émotions.