9. 2. 1. 2. Nombre de détails dessinés

Que voient les observateurs dans le visage des enfants par rapport aux émotions de base et combien dessinent-ils de détails ? Y a-t-il des variations dans la transcription d’unités faciales, au niveau des détails dessinés afin de favoriser l’expressivité ? La liste des détails a été constituée en fonction des traits dessinés par les seize sujets de l’étude.

Nous avons utilisé deux techniques. Les techniques utilisées, tant la méthode de J.Freund de comparaison de fréquence (Mathematical Statistics, Prentice Hall, 1971), que le test exact de Fisher, (Non parametric statistics for behavioral sciences, International Student Editions, 1956) donnent la même probabilité.

Tableau 4. - Nombre de détails et localisations favorisant l’expressivité dans le dessin
Détails Mère
32 dessins
Soignant
20 dessins
Seuil statistique
des différences
Front plissé 5 15,6% 1 5% P= 0,24
Sourcils 8 25% 1 5% P= 0,05 *
Yeux avec pupilles 16 50% 7 35% P= 0,29
Yeux sans pupilles 16 50% 11 55% P= 0,73
Yeux absents 1 3,1% 2 10% P= 0,30
Larmes 6 18,8% 2 10% P= 0,39
Nez 19 59,4% 4 20% P= 0,005 **
Joues 2 6,3% 1 5% P= 0,85
Fossettes 4 12,% 2 10% P= 0,78
Bouche 28 87,5% 17 85 P= 0,79
Bouche absente 4 12,% 3 15 P= 0,80
Dents 3 9% 4 20% P= 0,27
Menton 2 3% 0 0% P= 0,25
Total 114 55 P= 0,06

L’analyse quantitative ne fait pas apparaître de différence significative dans la reconnaissance de l’expression des visages en fonction du nombre et de la nature des détails exprimés, ce qui ne permet pas d’affirmer que les enfants adoptent des stratégies différenciées de communication émotionnelle, en fonction de leur environnement. Seule diffère la réactivité des personnes qui entourent l’enfant sur deux détails, la bouche et les yeux avec une émotionnalité particulièrement chargée dans l’échange dyadique.

Selon la « théorie des effecteurs » de Bloch et le modèle empathique de l’échoïsation de Cosnier, le nombre de visages dessinés et la spécificité des détails fait appel au ressenti de celui qui effectue le dessin tout autant qu’à sa perception cognitive : on attribue à l’autre ce que l’on ressent soi-même. Aussi nous pouvons supposer que le ressenti maternel est différent de celui des soignants et que le décodage dépend du ressenti et de la place du partenaire. L’identification des mères se rapproche de celle qu’elles auraient avec un enfant typique. L’identification des professionnels au visage montre un effet perturbateur de celui-ci.