10. 3. 2. Interdépendance entre la qualité de la réception et la nature de l’émission 

Recevoir et émettre sont liés par les caractères de contagion. Si la joie et l’intérêt sont bien perçus, ils induisent chez l’enfant une réponse plus soutenue, même si une certaine forme de projection en constituent le déclencheur. Notre recherche fait apparaître une sélection par tous les interlocuteurs des émotions positives, joie et intérêt et une socialisation au niveau des sentiments positifs dans la sélection des signaux. Par contre, la moindre fréquence concernant le décodage des signaux d’expressions d’inconfort et de détresse de l’enfant peut aussi entraîner une diminution d’émission de ces signaux. Si la réception faiblit, l’émission diminue en miroir, tant il est vrai que ces deux pôles se stimulent mutuellement. Des troubles relationnels peuvent alors apparaître, avec la dérégulation des réponses ou leur appauvrissement. Ces difficultés s’appuient sur la faiblesse de rétroaction relevée par Rosenfeld en 1990 à propos des dysfonctionnements interactifs.

En examinant le type d’interaction des différents domaines de la compréhension, nous relevons un couple identification-réaction chez les parents. Chez les professionnels, nous relevons un couple ressenti-réaction. Ils apparaissent comme les tendances favorisant l’empathie. On peut donc dire qu’il y a des différenciations possibles mais qu’elles sont beaucoup plus vécues qu’explicatives car le lien de causalité est absent.

Le contexte des repas est plus sélectionné dans les informations que celui des retrouvailles et de la musique. Les retrouvailles contextualisent la notion de présence-absence, relative à la relation d’objet dont la constitution peut paraître aléatoire si la dynamique est peu sollicitée.

La contextualisation relevée sélectivement autour des émotions se fait à travers l’importance des repas. Les autres situations qui font varier l’information, notamment les retrouvailles, dans le registre de la relation d’objet ou la musique qui pourrait susciter l’intérêt de l’enfant, comme cela est communément admis, en tant que sensibilité chez ces enfants, ne sont pas notées. Les situations, dans lesquelles la sensibilité interpersonnelle est sollicitée, comme au cours des retrouvailles sont mises à distance. La musique n’est pas souvent sélectionnée dans les réponses autour des émotions positives. Par contre, la détresse est souvent associée à la musique, témoignant peut-être d’une trop forte manifestation émotionnelle qui peut inquiéter.