ANNEXE 2 Compte-rendu d’entretiens mères et professionnels :

Interview 6 par une mèreG. et mère 14-05-2004

Je voudrais qu’on regarde G. du côté des émotions, ce qu’il exprime , comment il l’exprime et ce qu’on en comprend.

Quand on a un enfant qui n’a pas de langage, on se rend compte que l’apparition d’une expression vient à la place du langage. Même si vous ne savez pas la langue, c’est un minimum de communicabilité entre deux personnes.

Par exemple, vous pourriez évoquer une situation dans laquelle il exprime de l’émotion ? Dans quel contexte exprime-t-il une émotion, et vous, qu’est ce que vous faites  ?

On a mis très longtemps à faire des gestes pour se faire comprendre C’est très récent, maintenant il arrive à faire voir s’il a encore faim. Son grand centre d’intérêt, c’est la musique, il est capable de montrer et de choisir l’image pour avoir sa musique. C’est récent, il y a deux ans, il avait autour de deux ans, quand il pensait, il croyait que l’adulte pensait pareil.

Quand il pensait qu’il avait envie d’écouter, c’était flagrant de croire que l’adulte avait envie.

Il était désespéré, catastrophique, tristesse, énervement. Ce n’est pas possible que ma pensée n’arrive pas à l’adulte.

A contrario, si on présentait ce dont il avait envie, il était en phase avec la pensée de l’adulte.

L’adulte fait ce qu’il a envie au moment où il pense. L’adulte agit avec ma pensée, il est mon dédoublement. Il fait ce que je veux quand je veux quelque chose. Quand la connexion était trop difficile, il pouvait céder, maintenant, il insiste.

C’était terrible, on ne comprenait pas. On lui parlait : je ne sais pas ce que tu veux, on ne comprend pas. Les grands parents l’entourent, les grands parents maternels, la grand-mère paternelle qui est veuve. Tout le monde lui a parlé, avec des moments d’énervement, tout le monde lui a dit, tu m’as fait voir, ça y est, j’ai compris.

Quand il pense à quelque chose, il tape sur sa tête. Je tape sur ma tête, je pense quelque chose, c’est encore très fermé. Il faut prendre du temps, il est capable d’entendre qu’on n’a pas compris. Ses grands moments de désespoir étaient dus à l’absence de compréhension.

En plus, il n’a pas de centre d’intérêt sauf la musique. C’est une drogue monomaniaque, il n’y a que cela, manger et écouter de la musique.

Par exemple, vous pourriez évoquer une situation dans laquelle il exprime de l’émotion ? Dans quel contexte exprime-t-il une émotion, et vous, qu’est ce que vous faites  ?

On a mis très longtemps à faire des gestes pour se faire comprendre C’est très récent, maintenant il arrive à faire voir s’il a encore faim. Son grand centre d’intérêt, c’est la musique, il est capable de montrer et de choisir l’image pour avoir sa musique. C’est récent, il y a deux ans, il avait autour de deux ans, quand il pensait, il croyait que l’adulte pensait pareil.

Quand il pensait qu’il avait envie d’écouter, c’était flagrant de croire que l’adulte avait envie.

Il était désespéré, catastrophique, tristesse, énervement. Ce n’est pas possible que ma pensée n’arrive pas à l’adulte.

A contrario, si on présentait ce dont il avait envie, il était en phase avec la pensée de l’adulte.

L’adulte fait ce qu’il a envie au moment où il pense. L’adulte agit avec ma pensée, il est mon dédoublement. Il fait ce que je veux quand je veux quelque chose. Quand la connexion était trop difficile, il pouvait céder, maintenant, il insiste.

C’était terrible, on ne comprenait pas. On lui parlait : je ne sais pas ce que tu veux, on ne comprend pas. Les grands parents l’entourent, les grands parents maternels, la grand-mère paternelle qui est veuve. Tout le monde lui a parlé, avec des moments d’énervement, tout le monde lui a dit, tu m’as fait voir, ça y est, j’ai compris.

Quand il pense à quelque chose, il tape sur sa tête. Je tape sur ma tête, je pense quelque chose, c’est encore très fermé. Il faut prendre du temps, il est capable d’entendre qu’on n’a pas compris. Ses grands moments de désespoir étaient dus à l’absence de compréhension.

En plus, il n’a pas de centre d’intérêt sauf la musique. C’est une drogue monomaniaque, il n’y a que cela, manger et écouter de la musique.

Dites-moi, comment savez-vous qu’ il a faim, en fonction des émotions ?

Guillaume aime beaucoup manger, il aime et mange avec plaisir, quand il a faim, il va à la cuisine et peut crier, de façon à faire partir les autres.
Sa colère, sa joie, vous pouvez les décoder ?

Généralement, oui, la joie c’est la musique, certaines musiques, c’est le souvenir, des souvenirs.
On a essayé de freiner l’addiction, On n’est jamais arrivé à le sevrer. Il est accro. Puis, on a fait l’inverse. La grand-mère a dit : Il n’y a rien d’autre à faire, sans ma télé, je serais malheureuse. On va essayer de lui proposer des choses différentes, pas qu’Anne Sylvestre.

Il s’est passé des choses très importantes, avec la musique.

A la halte-garderie de la Duchère, il a découvert une éducatrice qui jouait de la guitare . Il n’était plus malvoyant, il était l’oreille sur l’ouie de la guitare, il ressentait la vibration de son corps, l’oreille sur la guitare, la main sur celle de la guitariste.

S’il réécoute ces comptines, il pleure ou il rit lorsque ce sont des comptines avec des jeux de main qui l’avaient fait rire.

Comment pensez vous qu’il comprend vos émotions quand vous les exprimez ?

Il a un 6ème sens, je n’en démordrai pas, quand il était regard contre regard, j’ai eu des moments de détresse dans lequel il a plongé avec son regard, c’était le seul, son regard réclamait une réponse. Il a un 6ème sens, il sent, une hypersensibilité. Avec ce 6ème sens, il sait s’il peut insister. Sinon, c’est lui tout seul, moi tout seul, ma solitude, les gens ne m’intéressent pas,. je ne les identifie pas.

Est-ce qu’on pourrait dessiner son visage, par exemple l’intérêt

Dans le cas de G., c’est qu’il vous regarde, jusqu’à une période récente, il ne vous regardait pas. Quelqu’un l’intéresse, il le regarde dans les yeux. Quand il a voulu vous regarder, cela ressemble à de la télépathie, il pensait fort, il regardait fort, avec mes yeux, je pense quelque chose dans la tête de l’autre. Avant, il y a eu une période où on ne croisait jamais son regard. Pour l’intérêt, on ne voit que son regard. Je fais passer l’intérêt avec mon regard. Ce qu’on lui dit ne l’intéresse pas, il n’y a que le regard.

Elle dessine : les yeux sont centrés dans le regard de l’autre. Intensité très forte.

L’intérêt, c’est le visage et les sources musicales. Il a été rééduqué à « Bébé vision » avant il était amblyope. On n’a pas pu aller plus loin, car il n’avait ni la parole, ni le geste.

Il a eu un hématome péridural à la naissance. Une partie du cerveau a été endommagé, l’œil droit ne va nulle part. Je regarde, je capte, un son, une image, un visage. Si on met en parole ce que je pense, c’est le 7eme ciel.

.La joie dessin

Il rigole franchement, je sais pas trop, voilà, les yeux très ouverts, on voit que son visage est content, avec son frère, il n’y a aucun lien. Sauf de rares fois.

Victor est en train de faire le deuil de la parole de son frère.

C’est dur pour une mère. Depuis une période récente, il a dit « je crois qu’il ne parlera pas.

C’était pour lui une façon d’accepter un autre contact, que la parole.

Son frère est précoce intellectuellement, c’est un penseur, plus qu’un acteur. Il était tellement accroché à l’idée que son frère allait parler qu’il a lâché toute forme d’innovation, d’autant que guillaume l’a envoyé balader. Il ne veut pas de contact physique,.pas de choses partagées.

Non, comme son frère, Il n’a pas de faciès particulier, il a les yeux brillants, c’est tout; ce n’est pas comme quand il est intéressé, là, il rit très longtemps,hi, hi, hi..

C’est quand on lui annonce des choses qu’il a envie de faire, la musique et les repas.

Il a un coté bon vivant, il adore les guillis sur le ventre, pas si c’est son frère V., cela l’agace.
G. aime la bonne chère, le plaisir, les caresses, la musique.

La détresse ? dessin

Là c’est terrible, tout son visage devient petit, tout petit, elle dessine, des pleurs, des larmes, Cela peut être parce qu’on n’a pas mis le disque.

Tout part du centre du visage, le nez est renfrogné, des larmes, les yeux tristes.

Tout se rassemble, on a l’impression d’une douleur physique.

Son visage se rassemble en petit.

Qu’est-ce que vous comprenez ?
Maintenant, il y a quelque chose de nouveau, c’est l’indifférence de l’autre.

1ère étape :

Les autres, je m’en fous, ce sont des potiches

2ème étape

Si je le regarde très fort, il va faire ce que je pense. Mais comme cela ne se passait pas, crise terrible.

3ème étape

Maintenant, je veux faire comprendre quelque chose à quelqu’un qui refuse, alors, j’insiste, j’insiste. S’il ne comprend pas, je pleure.

Au niveau des sentiments, c’est cela, elle gémit, elle l’imite. C’est comme un petit chien qui s’est coincé la patte.
Et vous, qu’est-ce que vous faites ?

On est humain. Si sa demande ne tombe pas au bon moment, on le sent. Si on le rabroue, ça ne passe pas, Il a aussi un faciès de souvenirs Quand il entend certaines musiques, il éprouve certaines choses, quoi, on ne sait pas, on peut faire des hypothèses. S’il avait la parole, on essaierait l’hypnose, ce serait la possibilité de remonter dans l’enfance, l’endroit où on va bien. Ici, dans l’établissement, sur le plancher des vaches, on aurait du mal à comprendre, ce serait ésotérique. Là, je me dis, il a le souvenir de s’être développé normalement. Mais avec lui, il n’y aurait pas de retour de parole, cela pourrait être dangereux. On ne saurait pas ce qu’on brasse.

Oui, mais avec la psychisme d’un enfant qui a des difficultés il a des flash back des moments où il allait bien, ou alors des moments de prise très profonde de son handicap.

Deux ou trois notes de comptine, il fond. Je me rends compte de comment j e suis,

Des phases qui font grandir, lui, il efface. Leur vie n’est pas contrebalancée. Dans sa première enfance, est-ce qu’il y a des sons, de la musique, des boites à musique.

Des fois, on se dit qu’il y a des associations terribles, avec une souffrance terrible. Je pense qu’il a eu un développement normal jusqu’à deux ans. On a observé un changement sur les photos, son rictus apparaît, les balancements. ; je suis sûre qu’il a des associations quand j’étais petit, j’étais normal.

Il y a des échos, des sons qui lui reviennent d’avant Quelque chose d’inconscient qui lui rappelle qu’il était bien.

On n’a jamais trouvé, c’est des souvenirs de quand il était bien, des regrets profonds. Il a des moments que rien ne justifie.

Ce serait alimentaire, peut-être mais il n’est pas sensible aux odeurs. Avec les médicaments qu’il prend, c’est infect, il a une résistance aux mauvaises odeurs. Par contre, si cela ne lui plait pas, il repousse.

La surprise :

Aucune capacité, je pense qu’il a été longtemps dans sa bulle et s’est fait une carapace. Il est blindé. Il ne sursaute pas, il a un oeil derrière, il a une antenne, quelqu’un va venir m’emmerder.
Maintenant, il devient câlin, c’est la troisième phase des sentiments.

La colère :

Là, il peut le montrer très fort, c’est extérieur, sur sa figure. Il tape sur lui, avant, il se mordait jusqu’au sang, pourquoi, je ne sais pas, je ne suis pas compris, Il n’agresse personne, pas sa mère. Il se dit « tu es con, tu ne t’es pas fait comprendre ».

Avez vous quelquefois l’impression d’avoir des mécanismes de compréhension non conscients ?

Tout le temps avec guillaume, mais ce n’est pas moi qui les ai, c’est lui qui trouve ce procédé, je suis sûre qu’il utilise ses yeux comme un laser, il nous transperce et comprend nos propres états d’âme. Qu’est-ce qu’il vous fait vivre comme attache au niveau physique et psychique ? Quand il avait 4-5 ans, j’allais le chercher à la garderie, il n’avait aucune attention, il ne me voyait pas c’était dramatique. Il n’avait pas le mot maman, aucun attachement. C’était mon premier. Il n’avait aucun intérêt. Ah, c’est toi, tu es là ? Ce n’est plus le cas, il nous regarde partir, arriver. C’est arrivé en 1997, la première année, il est parti en colo, en camp avec l’hôpital de jour. Cela a été très dur. Au retour, qui a coïncidé avec la naissance de Victor, là, « tu es ma mère, je te violente »

Avant j’avais l’impression d’être un pot de fleur. Cette année-là, cela a été la découverte du lien avec maman , très fort, très violent. Une naissance symbolique

On l’a mis sous calmant il ne dormait plus il se mordait au sang, Il ne sortait plus de la maison il est parti en juillet , le petit frère était né en Mai. Il était raide comme après une crise d’épilepsie. Il ne changeait plus de place. On a dégusté et puis cela s’est calmé.