Interview 7 par un éducateur référent de G. 12-10-04

Je voudrais qu’on regarde G. du côté des émotions, ce qu’il exprime, comment il l’exprime et ce qu’on en comprend.

Je regarde juste la bouche et les yeux..
Par exemple, pourriez-vous évoquer une situation dans laquelle il exprime de l’émotion ? Dans quel contexte exprime-t-il une émotion, et vous qu’est ce que vous faites ?

Une situation ? Oui, à la fin du repas. Il se met à taper, il montre son désaccord. Une situation de repas, pour lui, c’est fort. Pour moi aussi, c’est un moment très fort, c’est mon expérience des cas sociaux. Il est sensible à l’ambiance. Lui est un agitateur, c’est ce que je ressens, il fait du bruit, « calme-toi », c’est de l’angoisse, tu la sens en toi.

Disons qu’il fait du bruit, on est tous crevé, c’est dur. Aujourd’hui, je ne supporte rien. A midi, C. pleurait, A. tapait j’avais G. en tête, c’est dur à supporter .

Il est en face de Paul, on est centré sur G. C’est sciemment, c’est pour nous emmerder. Je lui tiens la main, j’ai un bon contact. Hier, une remplaçante m’a dit les enfants peuvent te toucher, c’est non verbal, je ne cache pas mes affinités.

Dites moi, comment savez-vous qu’il a faim , en fonction des émotions ?

Il est perturbateur à table, s’il n’aime pas, il peut faire tomber son assiette avec un visage impassible.

Sa colère,sa joie, on peut les décoder ?

Sa colère, oui, on peut, quand il veut sa musique, il tape, pas sur quelqu’un. le reste, c’est impossible de décoder.
Est-ce que vous pourriez le dessiner ? La joie ? De quelle façon fait-il cela ?

Je dessinerais les yeux. Un part vers le haut, l’autre sur le coté. Les deux yeux sont indépendants, je n’aime pas, je lui passe la main devant les yeux. La bouche sourit.

Les rires, c’est quand il part dans le rire, comme ça, il part. Ce n’est pas un moment en particulier, on ne peut l’arrêter, cela nous met mal à l’aise, le rire,
Qu’est-ce qui le fait rire ? y a t il quelque chose d’inhabituel, quelque chose qui le fait rire ?

Non, Je le prends, je le mets dans sa chambre : tu perturbes tout le monde.

Mais quand il est content, c’est l’extase, un peu comme Samuel, c’est très, très fort le plaisir. On ne sait pas pourquoi.

Si vous le compariez à un autre enfant ? est- ce qu’il y a plus ou moins d’expression ?

Il a beaucoup plus d’intensité non contrôlée. G. quand il est parti, on ne peut rien faire, on ne peut l’arrêter, sauf en lui mettant la main sur le visage. Ce n’est pas contrôlable, j’ai peur de l’épilepsie. Le plaisir peut devenir de l’épilepsie. Si on peut éviter…

Est-ce que vous pourriez dessiner la détresse ?

Oui, oui, il n’aime pas le soleil, alors il pleure, Il a les yeux clairs, il est bien à l’intérieur. Il n’aime pas le groupe. Les parents l’ont dit aussi. Je n’ai pas l’impression qu’il pleure quand ses parents le laissent. Il s’est très bien habitué à l’internat.

Pour la tristesse et la douleur, il y a des choses qu’on ne peut pas décoder, L’autre jour, il avait beaucoup de fièvre, il ne manifeste rien, alors qu’un autre enfant pleure et ne mange pas. G. ne manifeste rien, on ne devine rien.

Et l’intérêt ?

Il a de l’intérêt pour la musique, depuis qu’il est en internat, il est plus patient. Il est capable de traverser, de nous tenir la main, il est capable de demander.

Et le dégoût ?

Il ne connaît pas. Ah si, il est capable de garder un visage impassible et de laisser tomber son assiette pleine, sans la regarder. S’il pouvait parler, il dirait non.

Et la surprise ?

Il me semble que quand j’arrive le matin, des choses se passent dans ses yeux. Non, je suis souvent absent pour mes activités syndicales. Il est sensible à trois personnes, ses référents.

Si vous dessiniez son visage?

Les yeux, les paupières de côté, c’est comme nous, en comparant, il penserait oui, oui, il travaille aujourd’hui. Mais il ne se déplace pas. Non, quelquefois, le soir, il peut rester à côté de moi.

Et la colère ?

Ah oui, beaucoup de gestes, A midi, il y a une remplaçante que je n’aime pas, elle a crié, arrête, tu me fais mal, il la pinçait. Je ne sais pas ce qui s’est passé, il était très agité.

Avez-vous quelquefois l’impression d’avoir des mécanismes de compréhension non conscients ? Qu’est-ce qu’il vous fait vivre comme attache au niveau physique et psychique ?

Oui, au niveau de l’angoisse, je sens qu’il ne va pas je le palpe, quelque chose ne va pas, vasavoir quoi.On ne peut pas le raconter, c’est inénarrable, j’ai peur qu’il ait une crise d’épilepsie quand il rit.